Anthrax – For All Kings

Joliment entamée à l'automne dernier par Slayer, la "salve du Big Four" se poursuit avec For All Kings, nouvelle galette d'Anthrax. Après un Worship Music relativement moyen, le combo américain au line up à peine remanié -"juste" un nouveau guitariste- semble bien décidé à renouer avec son passé. De cette envie découle un album sympathique, fun, un brin punky, plutôt maîtrisé et surtout convaincant. Certains attendaient autre chose, franchement?

Avec Repentless et Dystopia, Slayer et Megadeth ont, de façon extrêmement correcte, amorcé une période que l'on n'espérait plus: celle de la sortie d'un album de chaque membre du fameux "Big Four" du thrash metal dans la même année. Ou plutôt dans les douze mois, Repentless étant disponible depuis septembre 2015. En attendant Metallica, c'est donc au tour des New Yorkais d'Anthrax de débarquer avec un album extrêmement attendu et, pourquoi pas, synonyme de renaissance: For All Kings.

Car oui, on ne va pas se mentir, si Anthrax est depuis des lustres une valeur sûre du thrash, il faut bien admettre que les dernières années n'ont pas été des plus roses: Retour de Joey Belladona (quoi qu'on parle ici d'une bonne nouvelle), un Worship Music trop sage pour marquer les esprits, le départ de Rob Caggiano pour Volbeat et surtout le statut de première partie de luxe lors des concerts. Face à toutes ces tares, il est tout à fait légitime pour les fans d'espérer un album synonyme de renaissance et de retour aux sources.

anthrax

Il y a des signes qui ne trompent pas. Dès la pochette de For All Kings entre les mains, un petit rictus de satisfaction et de confiance se dessine sur le visage de l'auditeur. Cinq statuts des cinq zikos faisant face à une armée de zombies, des couleurs fluos, le fameux pentagramme inversé... ça sent les jeans déchirés, les chemises hawaïennes, les nuques longues... Bref, ça pue le kitch et les années 80 et c'est ça qui est bon. Surprise lorsque l'on s'intéresse à la liste des chansons proposées et surtout à leur relative longueur allant de 7 minutes 32 à 3 minutes 55. Ce qui est assez peu courant pour un groupe du genre.

Place à la musique. Le fameux rictus ne décolle pas lorsque l'intro de "You Gotta Believe" se fait entendre. Roulements de tambours et musique médiévale précèdent un thrash metal ultra percutant qui renvoie directement à un "Mad House" ou un "I Am The Law". Voilà qui fait plaisir! D'entrée, on apprécié le chant de Belladona à qui les années ont réussit. Rien de surprenant mais une première approche rassurante, donc.

Moins speed et plus atmosphérique, "Monster At The End" propose une musique en mid-temp qui peut rappeler Persistance of Time et où l'on apprécie le jeu de guitare du nouveau venu: Jonathan  Donais. Le bonhomme possède un certain niveau notamment sur le solo de" For All King"s et surtou sur t la longue "Blood Eagle Wings" proposant des passages heavy/prog/groovy surprenants mais agréables. Surement la piste la plus étonnante de la galette.

Parmi les onze titres présents, peu se détachent du lot, mais l'on peut souligner le refrain très rock, dont le timbre ne plaira pas à tout le monde, de "Suzerain" ou le côté sombre et psyché de "All of Them Thieves" et un Charlie Benante complètement fou. Mention spéciale également pour la très speed et thrash "Evil Twin", inspirée par les tristes événements de Charlie Hebdo du 7 janvier 2015. L'écoute s'achève sur la très barrée et, là encore, véritable ode au thrash d'entant, "Zero Tolerance". À noter également: la présence, sans grand intérêt, de versions live de "Fight'em 'til You Can't"," A.I.R", "Caught in a Mosh" et "Madhouse".

anthrax, for all kings

Il ne faut pas non plus oublier qu'Anthrax c'est aussi une rythmique de légende assurée par le trio Scott Ian, Frank Bello et Charlie Benante. Ici, les trois briscards assurent de bout en bout grâce à un jeu carré, la basse de Bello grasse qui claque, les fûts ainsi que la grosse caisse véloce de Benante et les riffs ultra catchy de Ian. Il donc temps d'aborder le sujet qui peut fâcher: la prod. Si le son s'avère plus que correct, quelque de chose de plus lourd et plus massif aurait été appréciable.  

Avec For All Kings, Anthrax ne prend que très peu de risque et affiche des ambitions claires: faire plaisir à ses fans. Bourré de clins d'œil et de référence aux albums précédents, toujours efficace, souvent drôle, parfois technique et jamais surprenant, For All Kings est une oeuvre convaincante qui, on l'espère, fera également sont petit effet sur scène. Que demander de plus?

Photos : © 2016 Nidhal Marzouk  / Yog Photography
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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