Après une année 2015 qui aura vu la formation suédoise devenir toujours plus imposante, rayonnant en dehors de la seule sphère metal, et effectuant sa première date parisienne en tête d’affiche, l’année 2016 est marquée par une tournée française dont de nombreuses dates se jouent à guichets fermés. C’était le cas de l’étape rouennaise pour laquelle de nombreux parisiens, enjoués par le concert de Ghost à la Cigale en décembre dernier, ont fait le déplacement. Retour sur une soirée qui, en dépit d’une très bonne performance de la part de Ghost, a néanmoins connu son lot de désagréments.
Dead Soul
Tout comme pour l’étape parisienne de Ghost en décembre dernier, ce sont leurs compatriotes de Dead Soul qui ouvrent cette date et toutes celles de la tournée française. Le trio monte sur scène seulement éclairé par une lumière minimaliste et démarre son set en déclenchant des sonorités électro-pop via des samples enregistrés sur leurs claviers.
Les deux guitaristes voient leurs instruments totalement noyés sous un déluge de reverb. Si c’est l’effet escompté par le combo, autant dire que dans le public ce n’est pas l’extase. La voix peu marquante d’Anders Landelius associée aux influences mal définies du trio suédois n’aide pas à rentrer dans l’univers de Dead Soul. Alors qu’une partie du public est clairement issue de la communauté metal, le rock de Dead Soul semble trop propre et commun pour réellement séduire, si bien que la demi-heure allouée au groupe semble durer bien longtemps.
De plus, aucune communication n’est faite avec le public, à l’exception des rares instants où le chanteur semble réclamer à l’audience de venir les retrouver au stand de merchandising pour se procurer leurs albums.
Dommage que Ghost n’ait pas profité de sa notoriété grandissante pour promouvoir un groupe à l’image moins plate tout au long de cette tournée.
Ghost
Après vingt bonnes minutes de pause, durant lesquelles des bandes-son diffusent une musique à résonnance ecclésiastique plongeant immédiatement le 106 dans l’univers de Ghost, les lumières s’éteignent enfin et les notes de « Spirit » retentissent. Le son, beaucoup plus pêchu que sur album, entraîne immédiatement les fans dans une danse folle. Les pogos se déclenchent rapidement et l’on a l’impression saugrenue d’assister à un concert de Metallica dans les premiers rangs, ce qui semble légèrement exagéré.
Mais l’enthousiasme du public ne redescendra pas de sitôt et dès « From the Pinnacle to the Pit », ce sont des slammers en nombre qui déferlent sur les premiers rangs. Malheureusement, le service de sécurité du 106, certainement peu habitué à ce genre d’attitude, fait preuve de maladresse qui le conduit même à être dangereux envers les slammers et le public des premiers rangs, en repoussant violemment les fans qui leur arrivent dessus (on est loin des Challengers du Hellfest...).
Si dans la fosse c’est le chaos, sur scène il en est tout autrement. Le show de Papa Emeritus III et ses goules anonymes est maîtrisé dans les moindres détails. Le backdrop, magnifique, tout comme le jeu de lumière permettent une immersion totale dans la messe que prodiguent les Suédois. C’est bien entendu Meliora qui sera mis à l’honneur ce soir avec pas moins de sept extraits, dont « Cirice » qui récolte un beau succès à l’applaudimètre. Mais le public semble bien connaître la discographie de Ghost, puisque les paroles de « Year Zero » ou « Per Aspera ad Inferi » seront également scandées par la foule.
« He Is » fait figure de pause bien méritée et permet de profiter de la communication de Papa Emeritus qui s’adresse au public rouennais avec son accent à couper au couteau. Comme sur les autres concerts de la tournée, deux nonnes choisies parmi le public viendront sur scène pendant « Body and Blood ». A ce sujet, certaines personnes particulièrement éméchées auront tendance à gâcher l’ambiance, en s’adressant aux deux jeunes femmes de façon vulgaire, violente et déplacée.
La seconde partie du concert voit le leader se débarrasser de sa tenue papale pour enfiler celui de dandy gothique.
Le chanteur s’adresse longuement au public en introduction de la reprise de Rocky Erickson, « If you have Ghost », qui permet d’assumer les influences pop des Suédois. Ce titre, joué en acoustique, permettra également de présenter l’ensemble des goules anonymes par leur pseudonyme. Ce passage permet au public de se rendre compte que le show touche à sa fin et c’est avec un « Monstrance Clock » à la résonnance ouvertement féministe (une ode à l’orgasme féminin selon le leader) que se termine un set fort sympathique, malheureusement terni par une partie du public peu respectueuse et un service de sécurité incompétent.
Sachant que Ghost clôturera le Hellfest sur la Mainstage 2 en juin prochain, avec un show spécialement conçu pour l’événement, cette tournée française constitue l'occasion d'apprécier le spectacle dans une configuration plus réduite. Rendez-vous tout de même le 19 juin prochain.
Setlist Ghost
Spirit
From the Pinnacle to the Pit
Stand By Him
Con Clavi Con Dio
Per Aspera ad Inferi
Body and Blood
Devil Church
Cirice
Year Zero
Spöksonat (sur bande)
He Is
Absolution
Mummy Dust
If you Have Ghost (Roky Erickson cover)
Ghuleh/Zombie Queen
Ritual
Monstrance Clock
Photographies : © Child in time
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