Jack Starr, ex-Virgin Steele, est bien décidé à ne pas se laisser enterrer comme ça. Le bougre veut revenir sur le devant de la scène et pour cela, c'est avec son combo Jack Starr's Burning Starr qu'il va s'en charger, ce guitariste nous revenant avec Land of the Dead sur le label Limb Music. Pari réussi ou anonymat mérité ?
Ne vous attendez pas à une révolution, vous en serez bien loin. Malgré le nom de ce groupe/projet (rayez la mention inutile), on ne pourra pas qualifier l'américain de messie ou de renouveau du genre. Non, et définitivement non, ce nouvel opus s'inscrit directement dans la lignée des précédents, et ne prendra aucune prise de risque par rapport au genre. On reste dans un heavy metal relativement traditionnel, qui n'est pas différent d'un tel ou tel autre groupe, et dont le classicisme pourra évoquer une période révolue où le genre était encore leader et apparaissait comme les fleurs au printemps. En clair, si vous avez besoin d'un peu d'originalité ou d'une musique qui va se démarquer du reste par une prise de risque calculée ou des instruments avant-gardistes, ce n'est pas la peine de vous attarder sur ce cas ici présent. Passez ainsi votre chemin, sauf si vous êtes en mesure d'apprécier une musique aux influences certes présentes, mais qui s'écoute sans aucune prise de tête, agréable et vivante.
Dans ce cas, Land of the Dead sera pour vous une très agréable surprise. Ce disque, comme sa pochette l'indique (ou pas, c'est selon les interprétations), sera très prisé par les amateurs d'un heavy metal burné aux accents power qui respecte strictement la tradition. C'est à dire que la formule sera la même que dans moult formations peuplant les landes de ces terres ancestrales où des chasseurs de prime traquent à la recherche de talents et de brûlots sauvages intéressants, qu'ils peuvent se mettre lors d'une soirée rodéo avec les potes, pour faire genre et découvrir quelque chose de bon. Cette recette, c'est une énergie constante et maîtrisée, porté par une voix typée dans le style, s'inscrivant dans la lignée d'autres combo, avec de temps en temps une bonne accélération pour réveiller et secouer, un peu de rythme martial (exemple très flagrant sur la plutôt réussie « Sands of Time » et son refrain ravageur) à la Manowar pour montrer qu'on sait jouer dans tous les domaines, bref, Jack Starr's Burning Starr aime s'essayer à tout mais pas à n'importe quoi, il faut rester un minimum correct et sans bavures pour appâter l'amateur. Malgré les quelques touches de diversité, l'ensemble reste cependant très homogène, mais pas monotone du tout. On ne s'ennuie pas tant les riffs sont efficaces et bien trouvés, même s'ils ne sont pas perclus d'une folle originalité. La cadence est suffisamment bien soutenue et les musiciens tous assez compétents techniquement pour parvenir à recréer une musique qui nous laisse découvrir de nouveaux plaisirs à chaque écoute. Et fort heureusement, malgré la marque de son passé, le sieur Jack Starr est loin de se livrer au jeu favori d'une tonne d'autres, c'est à dire le pompage. Les évocations sont bien là, de temps en temps, mais sans plus. Ici, il s'agit de garder un public fidèle, mais sans lui donner l'impression d'avoir déjà tout entendu des centaines de fois. Pari réussi pour le guitariste.
Pour un ex-Virgin Steele, il faut savoir s'entourer de zikos adéquats et loin du niveau manchot. Instrumentalement, c'est bien joué. Notre ami a le nez creux et s'est également octroyé les services d'un vocaliste au talent plutôt prononcé. D'envolées lyriques (pas dans le terme chanteuse lyrique non plus, on se comprend) à descentes dans les graves écorchés, Todd Hall ne fait pas dans la dentelle mais sait nous montrer qu'il a du talent à revendre. Son charisme et sa maîtrise aident la mayonnaise à prendre très rapidement, la faisant monter et donnant un goût bien plus savoureux à tout le reste. Par contre, au niveau du timbre, celui-ci est plutôt commun dans le genre, bien que dans le haut du panier. Ainsi, on ne verra pas en le frontman une personnalité exceptionnelle ni un quelconque effet de démarcation, mais le vocaliste est suffisamment bon pour ne pas tomber dans la catégorie « chanteurs interchangeables », souvent remplie.
Homogènes les morceaux, non-ennuyeux, mais pourquoi ? Déjà, première bonne nouvelle, les refrains sont dans presque tous les titres (ou même tous) fouillés, approfondis mais toujours pourvus d'une jolie simplicité et d'un naturel agréable qui touche tout de suite et donne envie de lever le poing/taper du pied/rester stoïque en appréciant la musique. Et même dans l'exercice de la ballade, on dirait que le quatuor est digne d'intérêt, car même « Daughter of Darkness » est réussie. Et l'une des forces de la formation, c'est bien sûr de ne compter en ses rangs aucun morceau faible, preuve d'une capacité à composer des hymnes. Oui, mais voilà, cette capacité est capable de se retourner contre eux dans le sens où, à contrario, on ne comptera véritablement aucun morceau qui se démarquera particulièrement par rapport aux autres, sans que le tout forme un ensemble structuré où tout est soudé et indivisible. Pou autant, ce n'est pas pour cela que l'on retrouve un manque de cohérence, loin de là, et l'on aimera beaucoup l'effort accompli par Jack Starr et ses compères de nous proposer une musique riche et misant sur l'honnêteté et l'efficacité. Jack Starr's Burning Starr, c'est une machine huilée et rodée pour fonctionner à merveille, et ne pas laisser le moindre grain de sable stopper le mécanisme. Et par grain de sable, entendez aussi essai de sortir des sentiers battus, car les américains sont tellement bien campés dans leur registre qu'ils n'en démordront donc pas du début à la fin. Est-ce un mal, est-ce un bien ? Un peu des deux. Dans un sens on peut se dire que rien ne rend unique ce groupe parmi tant d'autres, mais d'une certaine façon, il est bon de les voir réussir à offrir un effort plus que louable dans un registre savamment étudié et connu.
Ainsi, Land of the Dead est une bonne surprise en cette année 2011, s'imposant comme un opus de heavy metal de très bonne facture. S'il ne change rien au style (il n'en a certainement pas la prétention), il nous permet malgré tout de passer un moment plutôt sympathique aux côtés du quatuor américain. Et c'est déjà une bonne chose de voir un tel objectif rempli. Espérons que le prochain soit encore meilleur.
Note finale : 7,5/10