Leur dernier passage en France remontait au mois de juin 2014. C’était en terre clissonnaise, et ils foulaient le sol du Hellfest. En ce début d’année, les Irlandais de Therapy? prévoyaient une tournée de cinq dates françaises, afin de défendre leur dernier album, Disquiet. Un passage par Paris semblait inévitable, et c’est tant mieux, pour le plus grand plaisir des fans, de tous âges, ayant répondu présents. C’était au Backstage by the Mill, petite salle cachée à l’arrière d’un pub bien connu, dans le quartier très animé de Pigalle.
Therapy?, c’est une longévité de plus de 26 ans, une poignée d’albums, et un statut des plus respectables, qui n’est plus à prouver. C’est une soirée à la fois intime et pleine d’énergie, que les Irlandais s’apprêtent à offrir à ceux qui auront eu l’excellente idée de faire le déplacement.
Flesh Roxon
C’est avec un groupe peu connu dans l’hexagone, Flesh Roxon, que la soirée débute, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle s’annonce électrique. Mélangeant deux styles singuliers et détonnant, à savoir psychobilly et "horror punk", la formation a de quoi surprendre. Ces vaillants tatoués, passionnés de films d’horreur, série B et de sonorités qui claquent, semblent avoir de l’énergie à revendre. Qu’à cela ne tienne, ces Finlandais en ont dans le ventre,
Avec actuellement deux albums au compteur, cette formation livre au public des compositions accrocheuses. Les corps se remuent, satisfaits de la musique à la personnalité somme toute intéressante des Finlandais. Une satisfaction qui se traduit également par les cris du public et ses réactions face aux déclarations du leader, Nicky Rothen.
Durant un peu plus d'une demi heure, Flesh Roxon s'est payé un double luxe: celui de faire patienter dans la bonne humeur les fans de Therapy? mais également, à n'en pas douter, celui de glaner de nouveaux fans. Première partie quelque peu surprenante, mais qui finalement annonce la couleur de la soirée: celle de l'humour et de la rigolade.
Souhaitons que ces joyeux lurons n'en soient qu'au début de leur carrière.
Setlist:
Suck My Chainsow
Running Away
Lonely Rider
Out Of Control
God Sent Me To
Born To Lose
What Is Love (Haddaway cover)
Flesh To The Bone
Therapy?
Flesh Roxon ayant quitté les planches, les Irlandais ne tardent pas à débuter les hostilités. Et ils n’y vont pas par quatre chemins. En effet, ce n’est autre que le premier titre de leur dernier (et quatorzième, excusez du peu) album studio, Still Hurts, qui nous pète à la figure. Lâchez tout, oubliez tout, ça va déménager. Efficace, plein d’énergie, ce premier morceau apparaît comme une excellente entrée en matière.
En guise de second morceau, une première reprise, et pas des moindres : le trio balance "Isolation", reprise de Joy Division, présente sur l’album Troublegum, particulièrement réussie et jouissive. Rock'n Roll baby...
Sans grande surprise en revanche, le morceau qui suit sera une dédicace à cette très grande perte musicale qui aura clôturé bien tristement cette année 2015 : notre regretté Lemmy Kilmister, dont la disparition récente a fortement ébranlé une grande partie de notre communauté, et dont l’hommage est fait avec le fort bien choisi "Die Laughing", issu du même cultissime album des Irlandais.
Therapy? enchaîne et mélange judicieusement morceaux du récent Disquiet et du fameux Troublegum, dont le succès a été mondial dès sa sortie (1994), en n’oubliant pas d’agrémenter cette riche setlist de quelques titres de ses plus anciennes galettes.
Pour ne rien gâcher à tout cela, Andy Cairns communique aisément avec l’assemblée, particulièrement réceptive. Le public découvre, derrière le leader charismatique, un homme naturel et plein d’humour. Les rires fusent lorsque Cairns s’excuse de parler en Anglais car son Français "is de merde". Holy shit.
Les échanges sont donc pleins de spontanéité, et inévitablement, drôles, très drôles. Les sourires se dessinent sur les visages, en particulier lorsqu’un spectateur tente, en vain, de communiquer avec Cairns. Ce dernier répond alors par ce divin "Mec, je comprends putain de rien à ce que tu dis!". On vous l’avait bien dit qu’il ne parlait pas Français…
Michael McKeegan, bassiste du trio, affiche un sourire généreux. Pas question de bouder notre plaisir, quand un groupe semble, en plus d’être en grande forme, aussi heureux d’être là et de partager ce moment avec le public! Quant au batteur Neil Cooper, c’est sourire aux lèvres qu’il accueille, avec un plaisir sincère, les applaudissements du public à l’occasion de son anniversaire.
Place à la seconde dédicace de la soirée, cette fois à une autre légende nous ayant quittés brutalement, David Bowie. Dire que la faucheuse a eu la main lourde en ce début d’année envers nos idoles serait un euphémisme. "Let’s Rock’n’Roll!" hurle Andy Cairns très régulièrement.
C'est peut-être ça, continuer à vivre, finalement.
Les vieux titres ne sont décidément pas boudés, puisque le trio entame "Potato Junkie" tiré de l'EP Pleasure Death, que le trio mêlera à quelques passages de "Rebel Rebel" de David Bowie, ainsi qu'au refrain de "I Wanna Be Your Dog" des Stoogies, largement repris par le public.
Enfin, s'il y a bien un refrain accrocheur, c'est celui de ce "Potato Junkie", avec le délicat "James Joyce is fucking my sister" sur lequel l'ambiance n'est que plus jouissive et bon enfant. Cela, Caims l'a bien compris et lance des vannes à foison telles que "Vous aimez Johnny Hallyday?" avant de se voir rétorquer les "Bouuuuuh!!" d'une audience euphorique.
Les tubes "Screamager", "Knives" et "Nowhere", tous trois issus de l’excellent et définitivement acclamé Troublegum, ont, sans surprise, transcendé et achevé de remuer joyeusement le public, déjà plein d’énergie, à l’image de ce trio à la forme toujours incendiaire, même après 26 ans d'une carrière bien remplie.
Face à un public malheureusement trop peu fourni, les Irlandais ne se sont pour autant en rien laissés abattre, et ont livré une prestation dynamique, survoltée, terriblement efficace, mais aussi bourrée de naturel. Et l’assemblée présente le leur a bien rendu. Ajoutons à cela une setlist aux petits oignons, et c'est une soirée comme on les aime, dont on ressort satisfait, sourire aux lèvres, ni plus ni moins.
Therapy? fait partie de ces groupes dont la plus grande réussite reste de perdurer, d’être toujours plus créatifs, autant qu’outsiders. Et lorsque l'on est fan, le plaisir de voir un groupe jouer sa musique à un public, même mince, venu le voir, apparaît évident, et intact.
Voilà bien une preuve que notoriété et ancienneté peuvent côtoyer simplicité, professionnalisme humble, et bonne humeur. En Irlande, il y a la Guinness, la nature sauvage, les pubs… Et puis il y a Therapy?. Amen.
Setlist :
Still Hurts
Isolation (Joy Division cover)
Die Laughing
Idiot Cousin
Turn
Torment Sorrow Misery Strife
Stories
Words Fail Me
Trigger Inside
Fall Behind
Rust
Misery
Helpless Still Lost
Deathstimate
Insecurity
Teethgrinder
Screamager
Diane (Hüsker Dü cover)
Meat Abstract
Knives
Potato Junkie - with first half of "I Wanna Be Your Dog" (Stooges) and opening riff from "Rebel Rebel" (David Bowie)
Nowhere
Merci à Veryshow et au Backstage by the Mill.
Photos : Laurent Besson / © 2016 http://caribou-photo.fr
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