Venom – Fallen Angels
Chez Spinefarm Records
Ahhh Venom. Venom est une légende du Heavy Metal dont il se distingue dès le départ. Ce Heavy sombre, sanglant et satanique, ils l'appellent le Black Metal. De par son succès à ses origines, avec la sortie de Welcome to Hell et Black Metal, Venom fait un buzz et séduit les jeunes de par sa contestation, il redescend d'un cran encore la marginalisation du Metal. Rejeté par les marginaux, aujourd'hui seuls les clacissistes respectent encore Venom. Les autres lui reprochent de n'avoir jamais fait du Black Metal, mais du Heavy Metal voire du Punk. Ironiquement, ce sont les mêmes qui s'arrachent la tête encore aujourd'hui sur des hymnes comme « Black Metal » ou « Countess Bathory ». Bref...
Black Metal, Heavy Metal, Punk... il est certain que Venom est un crossover de tous ces genres. C'est peut être finalement la clé de son succès, puisque des hordes de passionnés et de curieux se déplacent encore pour les voir jouer. Une clé du succès qui a permis à Venom de perdurer depuis 30 ans et de sortir un 13ème album intitulé Fallen Angels.
Sorti le 29 novembre 2011 chez Spinefarm Records, l'album a peu fait parler de lui. Il est totalement passé à la trappe chez les metalleux de ma (jeune) génération, toujours pour les mêmes raisons...
Long de 15 titres plutôt équilibrés en longueur, dont deux bonus tracks, l'on pouvait s'attendre à une pépite monstrueuse, un travail d'acharné pour arriver à un résultat surprenant. Et bien c'est tout le contraire. Peu original, peu dense, et plus du tout contestataire. Venom serait-il totalement dépassé ?
Après de nombreuses écoutes de cet album très long, on s'aperçoit que l'énergie de Venom est toujours là. La quasi totalité de l'album est en effet constituée d'un enchaînement de titres Speed-Thrash aux accents Punk, exécutés très rapidement et sans détour. Ca commence avec un Thrash bien gras comme sur le titre introductif « Hammerhead », très accrocheur, et qui donne envie de rentrer davantage dans l'album. Comment résister à l'affirmation « Black Metal is in your Soul » ? La voix de Cronos est tantôt rauque et grave, tantôt libérée. C'est le cas ici.
Ce qui saute aux yeux en premier, c'est la production de l'album, car on garde l'esprit d'antan, avec une saturation assez prononcée, certes beaucoup moins que sur un Resurrection, mais l'on arrive encore à se projeter en arrière avec ce nouvel opus. On appréciera donc d'abord le son Venom. Rappelons que c'est une production « maison », Cronos préférant faire les choses tout seul.
Passé le premier titre, on tombe soudainement dans un Speed Thrash où la touche punk se ressent plus ou moins. Ceci tient à la rapidité des titres mais aussi à la batterie, très répétitive, voire affligeante de la jeune recrue, Danté (puisque l'ancien batteur, frère de Cronos, s'est fait gentiment sortir il y a quelques années). Mais là, au niveau batterie je dirai « peut mieux faire ».
En revanche la guitare et la basse sont bien mises en avant. Bien qu'elles fonctionnenet assez bien ensemble, ce qui donne de la cohérence aux morceaux, comme sur « Pedal to the Metal », il y a si peu à dire sur les riffs de cet album...
Les riffs de cet album sont comme un croque-monsieur. Vite-fait et pratiques, on ne peut vraiment pas dire que vous trouverez de l'originalité à ce niveau-là ! Prenons pour exemple le riff au trémolo diabolique sur « Lap of the Gods », entendu et ré-entendu un million de fois... Les refrains aussi se font écho de titre en titre. Supprimer la moitié des titres et retravailler les autres n'était-il pas une meilleure idée ?
Heureusement, les titres aux structures simples sont ponctuées de solos de guitare assez sympas, très rythmiques, mais toujours sur fond de sauce répétitive qui deviennt assez indigeste à la longue. (Exemple : « Beggarman »)
Que reste-t-il de Venom sur cet album ?
Tout d'abord la touche old-school (autant dans la prod) que j'apprécie bien sur certains titres comme « Damnation of Souls ». C'est peut être parce qu'un peu de shred ne fait jamais de mal. Ralentir le rythme d'un cran est aussi chose agréable, du coup le titre prend une dimension un peu plus sombre, plus Venom. « Hail Satanas » est également assez old-school, et j'aime les enchaînements de batterie avec les accélérations chantées par Cronos.
Celui-ci n'hésite pas même à narrer certains passages ce qui est très agréable. C'est le cas sur « Valley of the Kings », un des morceaux très rock'n'roll sur l'album. Ce titre sonne un peu comme les derniers Metallica, avec une touche de lourdeur en plus.
Je pense également que les titres de ce nouvel opus, finalement piochés au hasard, puisqu'ils se ressemblent tous, peuvent décrocher des têtes en concert. La rythmique choisie par Venom est de celles qui marchent en concert. Hurler en choeur « Punk's not dead ! » ? Une recette.
Enfin, ce que j'aime sur cet album c'est finalement la construction de l'album, assez bien pensée, avec ce titre à la guitare acoustique, « Last we Forget », qui donne un moment d'acalmie. Pareil pour « Blackened Blues », un moment de Doom bien posé qui part totalement en vrille, en cacophonie vers la fin. Très seventies ! J'aime aussi la noirceur de certains titres qui rappellent les débuts de Venom, comme sur « Hail Satanas », et bien sûr le titre éponyme, « Fallen Angels » que Venom a eu la décence de travailler un peu plus. Murmures, chants d'anges, cloches d'églises, la production met en valeur ces samples avant de nous en mettre plein la vue avec un riff d'avantage travaillé et qui...ma foi... OUI !!! Un monument comme on aimerait en voir plus sur l'album. Idem pour le très sexy titre « Annunaki Legacy ».
Ah si ! J'oubliais ! La pochette est jolie !
Dommage que cet album ne soit toutefois pas aussi sombre qu'un Resurrection. Dommage que Venom se cantonne aujourd'hui à appliquer les recettes les plus simples, sous prétexte de vouloir se démarquer de groupes comme Metallica, qui font les choses à la sauce moderne (je ne parle pas de l'album Lulu bien entendu ! ). Plutôt que de chercher à se démarquer, Venom gagnerait d'avantage à travailler un peu plus ses morceaux. Pour faire taire ses détraqueurs.
Katarz