Henning Rümenapp, guitariste de Guano Apes

Après leur séparation en 2005  et quatre années d’absence, les membres de Guano Apes se sont retrouvés en 2009 afin de reformer le groupe et ont fait un retour plus que remarqué avec Bel Air, le premier album de cette renaissance. Au mois de novembre de cette année les allemands ont soutenu Scorpions sur une partie de leur tournée française. A cette occasion, le 24 novembre dernier, j’ai pu rencontrer Henning Rümenapp, guitariste du groupe pour une interview dans le cadre d’un chaleureux hôtel parisien.

Nastia: Qu’est ce que cela fait que de soutenir Scorpions sur leur toute dernière tournée?

Henning Rümenapp: C’est un sentiment très agréable, Scorpions est une légende vivante et nous avons eu énormément de plaisir à jouer avec eux, je pense que c’est vraiment pas commun... Jouer en première partie d’un grand groupe peu être très simple, ça peut aussi devenir très difficile. Mais dans notre cas ça a été simple, ils ont fait tout le nécessaire pour que tout se passe bien, ils nous ont beaucoup soutenu et leur équipe technique était à notre disposition. Le public  lui aussi a pas mal contribué au bon déroulement des choses, les gens ont eu une attitude très amicale envers nous et les gars de Scorpions eux-même on été vraiment sympathiques avec nous.

N.: Vous êtes-vous sentis à l’aise avec le public de Scorpions?

H.R.: Oh oui! Il ont été très bien avec nous, ils étaient réceptifs et semblaient porter de l'intérêt à notre musique. Non, franchement, leur public était super!

N.: Combien de temps avez-vous passé en tout ensemble avec Scorpions?

H.R.: Bien, je pense que nous avons commencé le 14 et aujourd’hui on doit être le 24, donc une dizaine de jours avec quelque chose comme cinq dates ensemble. Hier il y a eu quelque chose comme 17 000 ou 18 000 personnes dans la salle (Henning Rümenapp parle ici du concert qu’il ont fait la veille à Bercy) et pour les autres concerts entre 7 000 et 10 000 personnes donc c’est une bonne entrée pour nous pour pouvoir revenir en France. C’est génial d’avoir pu en une aussi courte période montrer notre musique à autant de gens. Je pense que ça a été aussi un bon coup de publicité pour nous.

N.: Et alors, comment avez-vous trouvé le concert d’hier soir, à Bercy?

H.R.: C’était incroyable! La plus grande salle que nous ayons fait! Le public était réactif et vraiment réceptif, on a beaucoup aimé.

N.: Donc si je comprends bien, vous avez apprécié le public français...

H.R.: Oui, vraiment. C’est un public chaleureux et accueillant.

Guano Apes à  Bercy en Première partie de Scorpions

”¨N.: Et alors, vous considérez-vous plutôt comme un groupe de scène ou de studio?

H.R.: Je pense que ça va vraiment par périodes. On est tantôt un groupe de studio, tantôt de scène. Actuellement on est en tournée, donc plutôt un groupe de scène (rires). Mais on apprécie aussi beaucoup le travail en studio, à ces moments là on dispose de plus de temps pour tout préparer. On a d’ailleurs pris beaucoup de temps pour Bel Air, notre dernier album. On a  d’abord passé beaucoup de temps en pré-production avec Joshua (Jon Shoe-Man), notre producteur, on a pris le temps de discuter de chaque morceau, exposer nos idées, travailler sur les détails. Puis nous sommes allés en studio et avons posé tout cela sur la bande.

N.: Le groupe s’est séparé en 2005 et vous vous êtes reformés en 2009. Qu’est ce qui vous a poussé à vous réunir après un aussi long moment?

H.R.:  En fait c’est notre bassiste. Il m’a appelé en me disant «écoute, j’ai envie de reformer le groupe» je lui ai répondu «OK» et  il est parvenu à son but. il nous a réunis et on a tout d’abord commencé à discuter tous ensemble. C’était très émouvant puisque nous n’avions pas vraiment eu l’occasion de nous parler durant toute cette période intermédiaire puisqu’à ce moment là chacun de nous pouvait enfin s’occuper un peu de sa vie privée, ce qui était très agréable. Il a été très difficile de se séparer, mais cette période intermédiaire a été aussi très bénéfique dans le sens où chacun a pu faire ses propres expériences, rencontrer des musiciens, se consacrer à d’autres projets, et de là sont aussi venues de nouvelles influences qui apparaissent dans le dernier album.

N.: Pendant la période d’arrêt la plupart d’entre vous ont donc eu d’autres projets musicaux. Qu’en advient-il maintenant que Guano Apes est reformé, continuez-vous à travailler dessus tout de même?

H.R.: Les autres projets sont un peu gelés actuellement puisque nous n’avons plus le temps de rien faire, mais je pense qu’il est bon de les avoir comme une option. On a des chansons qu’on ne peut pas mettre dans Guano Apes parce que ça ne colle pas au style, et du coup on a une issue face à ce problème: en se disant «Bon, d’accord, je garde ça pour un autre projet» et t’arrives à te sortir l’idée de la tête (parce que,  tu sais, quand tu a une idée, instinctivement t’a toujours tendance à t’y accrocher un peu en voulant l’exploiter à tout prix même si le reste du groupe te dit «c’est pourri, on ne peut rien faire avec ça!» et donc en ayant un projet annexe tu peux laisser ton idée de côté en te disant «ok, je m’en occuperai plus tard»). Et je pense donc que c’est bien que chacun de nous ait cette possibilité. Mais en ce moment on est content de ce qu’on fait avec Guano Apes, et cela nous occupe beaucoup. Je pense que c’était difficile mais que c’était aussi le bon moment pour travailler sur les autres projets. Ça te pousse à tout recommencer du début, et ça t’oblige à faire tout toi même et du coup ça nous a aussi fait mieux apprécier le fait de retravailler ensemble.

Guano Apes à  Bercy en Première partie de Scorpions

N.: Parlons un peu plus en détail de l’album, si tu veux bien. Pourquoi avez-vous décidé de l’intituler "Bel Air" ?

H.R.: Bonne Question! On se querelle toujours pour ces choses là, et on se retrouve toujours avec une liste de différents titres. Pendant les séances photos, nous avions cette liste de titres avec nous, et ce que nous faisons habituellement c’est de les passer tous en revue en se disant: «tiens ça c’est un bon mot, une bonne phrase...  tiens ça pourrait faire un bon titre ça...» et nous sommes restés sur «Bel Air», qui nous vient des films «Oh What a Night». C’est un titre sympa, frais et qui décrit bien l’air frais qu’il y a dans le groupe en ce moment, il est léger aussi, pas comme les lourdes phrases que l’on avait sur les autres disques. Du coup on a trouvé que c’était un titre approprié pour l’album.

N.: D’ou vient ce côté catchy sur votre nouvel album, est-ce quelque chose d’intentionnel ou ça vous est venu naturellement?

H.R.: Je pense que le coté catchy vient des mélodies qui ressortent plus et sont plus «brillantes». Nous n’avons pas essayé de noyer l’album dans un mur de son ou dans trop d’énergie. Dans les années 90 et le début des années 2000 quand nous produisions nos albums, le temps était plus à l’énergie et aux murs de son... enregistrer 90 guitares ce genre de choses. Et avec l’apparition des groupes comme Artic Monkeys ou The White Stripes cela à un peu changé, on est allé vers quelque chose de plus Lo-Fi, de plus sale...  Et les gens sont plus habitués à ça maintenant, il est plus commun aujourd’hui de sortir des disques plus transparents et pas nécessairement dans la guerre de qui sera le plus gros, fort et large...et aussi de se concentrer plus sur les mélodies et les morceaux. C’est ce que l’on à fait avec Bel Air, nous avons toujours la même énergie, nous la canalisons différemment c’est tout. Elle est là quand on en a besoin mais elle n’est pas  quelque chose qui est tout le temps là en train de te stresser!

N.: Pour le mixage de cet album vous avez travaillé avec quatre différents ingénieurs (Randy Staub, Tom Lord-Alge, Terry Date and Arne Neurand). Pourquoi les avez-cous choisi et qu’est ce qui les différencie dans leur travail?

H.R.: Quand on travaille sur un album pendant longtemps, c’est bien de le donner à la fin! De le donner à de gens qui connaissent leur travail et qui le feront bien mais qui aussi auront une autre vision des morceaux. Ils ne peuvent pas le changer totalement bien sur mais leur travail c’est de polir le charbon pour en faire un diamant. Donc nous essayions de trouver les bonnes personnes à qui donner les morceaux et nous attendions qu’il apportent leur style de mixage au morceau et ça a plutôt bien marché. Terry Date s’est occupé de «The Fanman» qui est un morceau un peu orienté dance/club. Randy Staub à mixé «Oh What A Night» et nous avons travaillé avec ce jeune et brillant ingénieur de notre studio à Hanovre qui à mixé une grosse partie de l’album et Tom Lord-Alge à fait le reste. Nous sommes contents du résultat, c’est un ensemble mais chaque morceau à aussi son espace sonore à lui.

Guano Apes à  Bercy en Première partie de Scorpions

N.: Vous avez co-produit cet album avec Joshua comment avez-vous départagé le travail entre lui et le groupe?

H.R.: Nous passons beaucoup de temps en pré-production, du coup nous avions bien avancé niveau composition quand Joshua (Jon Shoe-Man) est arrivé. Nous avons changé quelques arrangements avec lui et il nous a été d’une grande aide pour vraiment avoir une vision globale des morceaux, savoir quels morceaux utiliser sur l’album, comment les produire; en particulier sur des morceaux comme «Fire in your eyes» dont nous avons inclus deux versions sur l’édition «Gold», une démo et une autre où Joshua nous a conseillé d’aller vers un coté plus mélodique et plus ballade et c’est au final ce que nous avons gardé sur l’album. Nous avons voulu montrer à nos fans un même morceau interprété de deux manières différentes.
L’album n’a pas toujours été une partie de plaisir pour Jon, parce que nous avons tous des égos énormes en rapport avec notre musique mais lui aussi à un égo pas mal, mais nous avons trouvé un bon compromis entre nous et il nous a vraiment aidé à trouver ce coté rock avec des éléments électroniques.

N.: Quels sont vos plans pour pour les mois à venir?

H.R.: Eh bien maintenant on va rentrer chez nous après tout ça (rires). Le concert d’hier soir était notre dernier pour cette année, il nous reste encore quelques journées de promo et après cela on va pouvoir relâcher un peu la pression et se reposer car on a eu beaucoup de dates avec le nouvel album et on commence une nouvelle tournée vers la fin du mois de janvier, début février, et heureusement nous allons avoir encore une date en France. Et puis très vite va arriver de nouveau le temps de tous les festivals européens... Après cela j’espère trouver du temps pour travailler sur de nouvelles choses, mais pour cela nous avons toute l’année devant nous.

N.: Eh bien, merci beaucoup pour cette interview, peut-être juste pour conclure tu voudrais dire quelques mots à nos lecteurs et auditeurs qui écoutent votre musique sur La Grosse Radio?

H.R.: Je veux juste dire qu’on a vraiment apprécié cette tournée: on a passé dix jours en France et on a vraiment envie de revenir ici. Ça ne nous est jamais arrivé auparavant, là on a survolé vraiment tout le pays, ça a été un bon moment. On a eu de la bonne nourriture, on a rencontré des personnes sympathiques, on a joué dans de belles salles avec un super public et tout cela fait qu’on a hâte de revenir.

Vous pouvez également voir les autres photos de ce concert en suivant le lien: http://www.flickr.com/photos/anastasiyamalakhova/sets/72157628223570129/with/6432330793/



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