La promotion autour de cette date aura été assez faible et cela s’avère vrai quand on voit à quel point le Gibus Live résonnera assez creux. Et pourtant le premier passage dans notre contrée de Kingdom Of Giants est une véritable bonne nouvelle tant les Américains sont des futurs très grands du metalcore. Pour l’occasion, ce sont quatre groupes qui vont ouvrir avec les français de My Ink Lead Fools et Out Of My Eyes suivis des anglais de High Hopes et de Continents.
My Ink Leads Fools
Il est 18h quand le quintet de My Ink Leads Fools investit la scène du Gibus Live devant une assemblée clairsemée. Cela n’entache l’envie de tout détruire des parisiens mené au chant par un Mathias en furie – et il le restera toute la soirée dans la fosse. Musicalement, le groupe nous sert un metalcore qui tend vers le hardcore mélodique par moment avec des mélodies bien senties et bien envoyées malgré un son beaucoup trop fort – et qui sera la monnaie courante de la soirée.
Même si le public est assez peu réceptif, on sent que le quintet est content d’être là et que de plus c’est très carré scéniquement. Pas de fioritures, ni d’attitudes surjouées mais un combo qui sait où il va, et ça fait plaisir. Après vingt-cinq minutes, My Ink Leads Fools peut se retirer avec le sentiment du devoir accompli.
Out Of My Eyes
C’est ensuite autour d’un autre combo parisien de monter sur scène, Out Of My Eyes. Encore une fois, on reste dans un metalcore somme toute classique emmené par le coffre de Corentin au chant qui maîtrise bien ses vocaux. Pour la partie musicale, c’est par contre une toute autre histoire. L’ensemble est assez brouillon, il est très difficile de déceler les parties de chacun dans le mix et tout simplement cela manque de mélodies accrocheuses à l’oreille. Les chansons se suivent et ont tendance à fortement se ressembler. L’apparition d’Alex Vincent-Rey (chant, Our Theory) sur "Fear // Weakness" nous démontre à quel point ce dernier est en train de devenir un des meilleurs hurleurs du circuit, il en impose énormément sur scène.
Mention spéciale à la cover de "Break The Rules", à l’origine chantée par Charli XCX, qui fera jumper dans le fond de la fosse du Gibus Live.
High Hopes
Après deux combo français, c’est maintenant le tour des anglais de High Hopes de venir défendre leur musique devant le public parisien. Le quartet de Reading vient de dévoiler son nouvel opus Sight & Sound et va donc nous offrir de nombreux titres de cet album. On change notamment de registre avec un groupe qui navigue plus dans les eaux du hardcore mélodique que du metalcore. Le public se fait déjà plus entendre et n’hésite pas à nous offrir du two-step devant la scène.
Emmené par la fratrie Pryor (Nathan à la guitare et Daryl à la batterie), High Hopes fait partie de cette nouvelle vague de hardcore mélodique qui allie à la fois mélodie à la guitare et lourdeur de la base rythmique. Ainsi à de nombreuses reprises, la guitare lead se retrouve comme esseulé pour nous offrir un contraste du plus bel effet.
Continents
C’est ensuite Continents qui prend place sur la scène du Gibus Live. Enfin la scène pour les quatre musiciens et la fosse pour Phil Cross (chant) qui y installe son repose-pied et son pied de micro pour une performance au plus près du public. Et c’est effectivement une performance que va nous offrir le hurleur du combo anglais. Très clairement, il se place très haut dans la liste des frontman les plus impressionnant et charismatique qui existe ! Présence scénique, jeu avec le public et bien sûr chant maîtrise, tout y passe avec une aisance déconcertante.
Continents est un poids lourd du genre et nous sert sa recette, un subtil – quoi que subtil n’est peut-être pas le mot plus approprié pour la boucherie proposée – mélange entre hardcore et metalcore.
Que ce soit les titres d’Idle Hands ou du petit dernier Reprisal, c’est sous une pluie de riffs que Continents délivre son set face au public parisien. L’ambiance club leur sied à la perfection et c’est sur leur titre le plus connu "Pegasus, Pegasus" que le quartet va se retirer après une prestation de haute volée.
Kingdom Of Giants
Après quatre groupes, c’est maintenant l’heure du dessert avec les Américains de Kingdom Of Giants ! Malheureusement cela commence mal puisqu’une coupure de courant interrompt le groupe dans sa balance donc cela retarde le début du concert. Qu’importe, le public se rapproche de la scène et les quelques fans sont au premier rang prêt à hurler avec Dana Willax, le chanteur de la formation californienne.
Avec deux albums à son actif, le quintet va pourtant mettre beaucoup plus en avant son dernier effort Ground Culture avec notamment le titre éponyme, "Lion’s Mouth", "Endure" ou "Sky Burial". C’est un déluge de riffs qui se déverse dans nos oreilles et c’est un véritable bonheur. Les américains sont aussi carrés que ce à quoi on peut s’attendre, le son est trop fort et la voix de Dana Willax mise en retrait dans le mix mais cela n’empêche pas Kingdom Of Giants de délivrer une partition d’une extrême qualité.
A la guitare lead, Max Bremer nous gâte les cages à miel et ne ménage pas son plaisir, headbanguant à tout va ! Le set du combo est à nouveau interrompu pendant prêt de cinq minutes à cause d’une nouvelle coupure de courant. Après le retard pris par les premières parties puis les deux coupures de courant, c’est du temps de jeu amputé à Kingdom Of Giants et c’est bien dommage. Ainsi quand Dana Willax annonce que "Motif" – nouveau titre du prochain album à paraître avant l’été – sera le dernier morceau de la soirée, c’est avec un goût un peu amer que nous accueillons la nouvelle.
Qu’à cela ne tienne, le titre est déjà bien connu par les quelques fans et c’est donc un plaisir d’entendre la nouvelle direction prise par le combo sur scène ! Malgré un set ultra court, ce fut un plaisir de voir Kingdom Of Giants pour la toute première fois à Paris.