Ivar Bjørnson & Einar Selvik – Skuggsjá

« Le Feu et la Glace, le Passé et le Présent… »


Je devine nombre de fans de Wardruna et d’Enslaved trépigner d’impatience à l’annonce de cet album.

Deux références incontestées de la musique viking, qu’elle soit metal ou folklorique, qui joignent leurs forces à travers deux de leurs membres proéminents, ne peuvent que susciter une grande curiosité.

Il est évident qu’Enslaved aime parfois jouer dans un registre très mystique et éthéré, au moins depuis Mardraum, ce qui veut dire depuis longtemps… Quant à Wardruna, n’en parlons même pas, tant leur musique entraîne loin et dans une autre dimension temporelle.

Skuggsjá débute donc dans cet ailleurs et cet autrefois.
Le voyage s’annonce bien, mais pour le moment, aucun remous, aucune bosse sur la route.

Il faut attendre le troisième titre, au doux nom de "Makta og Vanaera (I All Tid)", pour ressentir la puissance de la guitare d’Ivar. En restant dans une ambiance très nordique, avec des chœurs masculins rehaussés de testostérone, le morceau accélère en frôlant un black metal que n’aurait pas renié un Quorthon en plein trip viking.

En arriver à cette évolution musicale a demandé une collaboration inédite.
 


En effet, la rencontre, pas si improbable ne serait-ce qu’à travers leur nationalité commune, entre les deux musiciens, s’est faite à l’occasion d’un concert donné pour les 200 ans de la Constitution norvégienne au festival d’Eidsivablot à Eidsvol, le 13 septembre 2014. Enslaved et Wardruna y ont joué ensemble.
L’idée a alors germé de présenter Skuggsjá à un public plus large, à travers un véritable album.
En tant qu’œuvre à l’origine commémorative, elle évoque l’histoire de la Norvège, tant à travers les instruments utilisés, qu’à travers la thématique. Il fait cependant également le lien avec le monde moderne, à travers les sonorités metal sous-jacentes.

Si je devais faire un raccourci violent, je dirais que les influences se partagent entre un tiers pour le côté Enslaved et deux tiers pour l’aspect Wardruna. En effet, l’album est tout de même plus propice à la contemplation d’un fjord qu’au pogo frénétique !
L’ensemble est plutôt réussi, c’est le moins que l’on puisse dire ! L’utilisation d’instruments anciens, comme par exemple le « birch-bark lure », une sorte de cor des Alpes en écorce de bouleau utilisé dans les pays scandinaves, sur l’excellent et long « Bøn Om Ending, Bøn Om Byrjing” ajoute une dimension épique.

Si vous recherchez du gros Viking metal qui tâche, passez votre chemin. Par contre, ceux qui sont capables d’apprécier avant tout une ambiance, risquent de se régaler.

Au final, devant ce projet musical, ces derniers vont se retrouver un peu dans la peau d’un labrador à qui on jette une balle : il est difficile de résister et de ne pas courir après l’objet de son désir en sautant joyeusement.

Pas de doute, Einar et Ivar ont fait ici du bon boulot et savent sans aucun doute parfaitement bien lancer une balle musicale, dont la trajectoire va du passé au présent.
Il ne reste plus qu'à la rattraper !

Skuggsjá, sortie le 11 mars 2016 chez Season of Mist (digipack, deluxe digipack, double LP)

Playlist:

1. Intro: Ull Kjem  (2:17)
2. Skuggsjá  (6:37)
3. Makta Og Vanæra, For All Tid  (10:28)
4. Tore Hund  (3:46)
5. Rop Fra Røynda - Mælt Fra Minne  (5:43)
6. Skuggeslåtten (instrumental) (6:45)
7. Kvervandi  (6:26)
8. Vitkispá (5:21)
9. Bøn Om Ending, Bøn Om Byrjing ( 10:32)
10. Outro: Ull Gjekk  (2:12)
Bonus tracks deluxe Digipack 11. Skaldens Song Til Tore Hund 12. Quantum Pasts (Rop Frå Røynda - Bardspec Ed) 

 

Thomas Orlanth

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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