Qu’est-on en droit d’attendre d’un groupe comme Caliban en 2016 ? Si l’on se base sur l’insipide Ghost Empire sorti il y a deux ans, pas grand-chose assurément. Depuis I Am Nemesis sorti en 2012, la créativité des Allemands n’a eu de cesse de flétrir, laissant place à un metalcore peu inspiré qui a fait perdre au groupe une partie de sa popularité. La promotion de cette nouvelle sortie avait pourtant de quoi rallumer l’espoir avec la promesse alléchante de morceaux plus sombres et heavy.
Et il faut avouer que même avec sa part d’exagération propre à chaque promo d’album, Caliban a osé et pris des risques payants en opérant une mue devenue indispensable. Première surprise : la disparition du chant clair de Denis Schmidt, la plupart du temps plat et agaçant. Andy Dörner a amélioré sa palette vocale et peut désormais délivrer un chant clair plus convaincant sur les refrains de titres comme « Paralyzed » ou « Who I Am ». En plus de cela, le frontman reste un monstre en scream avec sa signature si particulière conférant à elle seule une bonne partie de son intérêt au groupe.
Du reste, les Allemands délaissent les ambiances qui font leur signature depuis quelques années pour se concentrer sur les riffs des guitares de Marc et Denis, optant pour un accordage souvent très grave. On ne touche pas le djent pour autant, mais plutôt un deathcore proche de Suicide Silence avec des plans plutôt efficaces bien qu’ils finissent par se ressembler. Globalement, les instruments classiques reprennent le dessus sur les nappes électro et la reverb qu’on pouvait entendre à outrance dans les dernières sorties, bien que cette dernière soit toujours présente avec parcimonie sur des titres comme « No Dream Without A Sacrifice », l’une des bonnes surprises cachées en milieu d’album.
Autre surprise, le chant féminin qui fait son apparition par deux fois sur « Mein Schwarzes Herz » et « The Ocean’s Heart ». Pour la seconde, c’est une franche réussite grâce à la polyvalence d’Alissa White-Gulz en invitée et à quelques bonnes idées de Marc Görtz à la composition. Les fans plus oldschool de Caliban devraient quant à eux vraisemblablement honnir « BrOKen », aux sonorités presque pop-rock. Pourtant le titre est plutôt bon et apporte une respiration appréciable dans le son au final assez uniforme de Gravity.
Une petite déception donc, que ces riffs dont il est difficile de ressortir quelque chose de marquant. Un certain nombre de titres ne bénéficiant pas d’expérimentations sont vraiment passe-partout, à l’image de la conclusion « Hurricane » ou « Left For Dead ». Impossible également d’omettre cet invraisemblable plagiat d’Architects sur « Crystal Skies », qui permet presque à lui tout seul de revisiter l’ensemble de la carrière du combo de Brighton. Plus habituel chez Caliban, les paroles simplistes voire totalement débiles qui ponctuent la plupart des titres à coup de « You make me sick » et autres banalités.
Au final, Caliban revient cette fois avec un album varié et parfois surprenant. Le quintette parvient à nous séduire par la nouveauté mais il lui manque encore un nouveau souffle dans ses compositions plus classiques être constant sur tout un album. Une inspiration qui, si elle revient, pourra aider le groupe à reconquérir son public et à exister dans la scène metalcore autrement que par son statut d’ « ancien ». En attendant, autant prendre Gravity pour ce qu’il est : un coup d’essai préparant le terrain pour le véritable retour d’un groupe que l’on pensait fini.