My Sleeping Karma (+ Mammoth Mammoth + Greenleaf) au Divan du Monde (20.02.2016)

"... My Sleeping Karma conclut une prestation jouissive de bout en bout, et assied sa position de fer de lance du stoner psyché instrumental..."
 


Ce soir a lieu le premier Up In Smoke parisien de 2016, organisé par Garmonbozia. Une fois n’est pas coutume, l’affiche est assez hétérogène, avec Mammoth Mammoth et Greenleaf en ouverture des très attendus My Sleeping Karma. Le concert est, agréable surprise, complet depuis plusieurs jours, et la soirée s’annonce sous les meilleurs auspices, tant la salle est comble.

 

Mammoth Mammoth


Réel OVNI de la soirée, on a toujours du mal à comprendre le choix de Mammoth Mammoth dans le cadre de cette soirée, mais ce n’est pas cette incohérence qui les a empêchés de produire une belle prestation et d’embarquer le public du Divan du Monde dans leur univers. Pour rappel, Mammoth Mammoth, c’est de la sueur et de la pilosité australienne, qu’on irait volontiers rejoindre dans un pub crasseux, pour une soirée de rock’n’roll au possible, avec de l’éthanol plein la vessie et un sol collant sous les semelles.

Les membres du groupes font l’effort d’une introduction sur bande aux sonorités hindoues, pour coller au thème de la soirée, mais la spiritualité de la soirée s’arrête là : le frontman Mikey Tucker débarque sur la scène avec bouteilles de Heineken et surtout Jack Daniels dans les mains, pour envoyer la purée de décibels.

Le son est malheureusement assez sale en début de set, et ne s’améliorera qu’après environ quatre titres. La recette du groupe, par ailleurs, est immuable : envoyer des riffs classiques et simples au possible, mais efficaces, avec une attitude imparable pour relever le tout. Ainsi, à la guitare, on ne comptera pas les accords basiques en palm mute, débités de façon saccadée pendant les couplets, ni les powerchords massifs qui font office de refrain. La basse suit les lignes de guitare à la note près, et la batterie dynamise l’ensemble, grâce à un batteur inimitable à la frappe sauvage et à l’attitude on ne peut plus rock’n’roll.

Les titres sont plutôt typés hard rock, à l’image de "Looking Down The Barrel", mais le style glisse occasionnellement vers des sonorités légèrement stoner, avec des riffs entêtants et presque hypnotiques comme celui de "Electric Sunshine", ou encore "Sick (Of Being Sick)". La prestation transpire l’authenticité, et même sans avoir connaissance de son passé, on n’aurait pas envie de croiser le fer avec le frontman. Celui-ci est toutefois bien partageur, et fait tourner à maintes reprises sa bouteille de Jack dans les premiers rangs, qui apprécient le geste, et laissent en remerciement le vocaliste siffler la moitié du breuvage. Deux descentes dans le pit sont aussi à mettre à l’actif de Tucker, qui passe notamment l’intégralité du dernier titre parmi les fans, à pogoter en éructant inlassablement les paroles de l'intemporel "Kick Ou The Jams" du MC5.

Jolie prestation de Mammoth Mammoth donc, même s’ils n’étaient pas spécialement à leur place sur l’affiche : on les imagine mieux ouvrir pour Airbourne, et enflammer encore plus la scène dans ces conditions.
 

Setlist :
1. Hell’s Likely
2. Lookin' Down the Barrel
3. Electric Sunshine
4. Fuel Injected
5. Sick (Of Being Sick)
6. Shortfuse Lifestyle
7. Go
8. Sittin’ Pretty
9. Life's a Bitch
10. Kick Out the Jams (MC5 cover)

 

 
Greenleaf


Retour dans le monde du stoner avec les Suédois de Greenleaf. Ambiance lourde, chevelue et alambiquée au programme, avec de gros riffs et du groove.

Comme leurs prédécesseurs, les membres de Greenleaf nous proposent dix titres,certains étant issus de leur nouvel album, dont la sortie est programmée une semaine après cette date parisienne. C’est notamment le cas de “A Million Fireflies” et “Tyrants Tongue”, qui mettent tous deux en avant des sons de guitare très travaillés, et un refrain très efficace pour le second. Le chanteur y développe un timbre pas désagréable, de même que sur “Stray Bullit Woman”, où le chant se fait plus nasillard et adapté à la composition. Malheureusement, en dehors de ces deux exceptions, la voix d’Arvid Jonsson s’avère assez insipide et peu adaptée aux ambiances musicales du combo, en plus d’etre sous-mixée. Si on ajoute à cela une fâcheuse tendance à passer à côté de certaines notes pour les chanter faux, le bilan passé de réservé à mitigé.

Et que c’est dommage ! Car mis à part cette faiblesse vocale, Greenleaf a tout d’un Clutch nordique en puissance ! Le groove apporté par la basse du jeune Johan Rockner est phénoménal, et redonne toute sa profondeur à un genre pourtant usé jusqu’à l’os ces dernières années. Il jouit par ailleurs d’une sonorisation exemplaire, son instrument étant très mis en avant sans rogner pour autant - comme c’est trop souvent le cas - sur les espaces sonores de ses comparses.

Et que dire de la guitare, si ce n’est que Tommi Holappa est un véritable furieux ? Sous ses allures de fan d’heroic fantasy se cache un guitariste fantastique, aux influences et armes aussi variées et remarquables que peut l’être son feeling. Plans bluesy au possible, son propre et très travaillé, le résultat est bluffant - seules quelques passages à la wha sont un peu moins distincts. Le chevelu semble d’ailleurs prendre son pied à chaque seconde qui passe, habité par la musique et par le message qu’il fait passer à travers son ampli.

Après un passage de réponses entre cordistes très bien amené, un instrumental oú le groupe profite de l’absence de chant pour déployer tout son potentiel,Tommi se saisit d’une bière. Après l’avoir allègrement vidée, il l’utilise pour produire des sons psychés qui rappellent inévitablement le “Echoes” du Floyd, et lancer un ultime morceau hypnotique qui résonne comme une parfaite introduction à l’univers de My Sleeping Karma.

Excellente découverte que ce groupe donc, qui mériterait malgré tout de disposer d'un chanteur plus adapté à leurs sonorités, voire, qui sait, gagnerait à suivre la voie de leurs collègues qui vont leur succéder sur scène, en prenant un virage instrumental.

Setlist :
1. Trails and Passes
2. The drum
3. A Million Fireflies
4. Ocean Deep
5. Our Mother Ash
6. Stray Bullit Woman
7. Tyrants Tongue
8. Electric Ryder
9. The Golden Throne

10. With Eyes Wide Open
 

My Sleeping Karma


L’attente est énorme pendant le changement de plateau : la foule est dense, et le Divan du Monde absolument comble pour les Allemands de My Sleeping Karma – pour le plus grand bonheur du groupe, comme nous le confiait le leader Matte quelques heures avant le concert. Sous l’ovation générale, les quatre copains entrent en scène sur fond d’un écran animé alignant les visuels psychédéliques plus en accord les uns que les autres avec le style musical à l’honneur. Après une accolade collective à la façon d’une équipe sportive, les hostilités sont lancées.

Avec un nouvel excellent album en poche depuis bientôt neuf mois déjà, les Teutons ont du neuf à nous mettre sous la dent. Du très bon Moksha, ce sont donc trois titres qui seront interprêtés, avec notamment "Prithvi" dès le début du set. De même, "Vayu" est de la partie, de même que "Akasha", qui est l’occasion de remarquer le jeu de cymbales très fin que l’on avait pointé du doigt à la sortie de l’album, et d’en profiter "en vrai".

Au niveau du jeu des musiciens, peu de choses à dire : les bonhommes maîtrisent leur art, et le live est leur force. L’émotion est présente à chaque titre, et la basse de Matte fait office de fondations profondes et pleines de nuance. Par moments, notamment sur "Ephedra", on sort brièvement du cocon musical tissé par My Sleeping Karma pour réaliser que la basse a pris le relai de la guitare pour porter la mélodie. A peine ce constat étonnant et admiratif fait, la situation revient à la normale et on replonge avec délice dans les méandres des morceaux progressifs du combo. A la batterie également, les nuances sont de mises, depuis les plus légers frottements de caisse claire, jusqu’aux frappes les plus directes et percutantes.

Visuellement, c’est simple mais parfaitement dosé : les visuels sur les écrans se succèdent, et montrent alternativement des motifs abstraits, ou encore un survol de notre planète, pour un rendu complètement dans l’univers du groupe. A fixer les images défiler, on se laisse vite emplir par la musique, et on en oublie presque le groupe qui joue sur scène, comme devant un bon The Wall par exemple.

Le premier souci technique ne tarde pas à pointer le bout de son nez, avec une panne de micro dès le début du set. Aucun souci me direz-vous, le groupe étant pûrement instrumental. Mais quand le bassiste Matte veut saluer la foule qui accueille le groupe, aucun son ne sort de la façade. Après plusieurs essais après les morceaux suivants, et un changement de micro, le problème n’est pas résolu, et le musicien le jette de rage. Mais pragmatisme allemand oblige, la solution arrive bientôt : les membres du groupes font signe au public de ne plus faire de bruit, et saluent alors le Divan du Monde d’un tonitruant "Micro de merde, bonsoir Paris ! ". Ainsi les sourires sont sur tous les visages, et bien heureusement, le micro finira par être opérationnel après quelques minutes pour que la communication soit plus efficace.

A part ce petit raté et un discret problème d’accordage de la guitare de Seppi – qui a bien fait grimacer le batteur Steffen -, le set se déroule sans accroc, bien au contraire. Seul les claviers pourraient être un poil plus forts, mais on cherche vraiment la petite bête. Entre les morceaux, des applaudissements nourris témoignent de l’approbation totale du public, et dessinent de larges sourires sur les visages des musiciens. Seppi, dont l’anniversaire tombe le lendemain du concert, est au centre des attentions en fin de soirée, quand les fans lui souhaitent spontanément et en avance son anniversaire en chanson.

Avec un rappel incluant le plus soutenu "Ahimsa", et l’inévitable "Hymn 72", My Sleeping Karma conclut une prestation jouissive de bout en bout, et assied sa position de fer de lance du stoner psyché instrumental, s’il en était besoin. Revenez quand vous voulez, messieurs, nous serons nombreux à signer les yeux fermés et à vous accueillir à bras ouverts !

Setlist :
1. InTENsion
2. Prithvi
3. Enigma 23
4. Ephedra
5. Glow 11
6. Akasha
7. Vayu
8. Tamas
9. Brahama
10. Psilocybe

Rappel :
11. Ahimsa
12. Hymn 72

Merci à Garmonbozia pour cette belle soirée !

Photos : Arnaud Dionisio / © 2015
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

 



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...