Ces derniers mois ont été chargés pour tout fan de metal progressif, avec du nouveau chez Dream Theater, un DVD live chez Pagan’s Mind et Devin Townsend, entre autres… Voilà que mi-décembre, Circus Maximus annonce une suite à son excellent Nine, avec Havoc, une pochette sombre et plutôt simple, et deux titres en avant première. Si l’opener "The Weight" a reçu un accueil plutôt favorable dans l’ensemble, malgré quelques réserves dans les commentaires de fans, le titre éponyme qui a suivi annoncait de gros changements dans la manière de faire, beaucoup de fans pensant à une blague. Et on peut réellement s’étonner de la prise de risque tant on y a perdu au change…
Résumons tout de même l’arrivée de ces deux titres avant d’aller plus loin. Circus Maximus nous avait laissé avec un Nine mélodieux, varié, complexe et chargé mais extraordinairement réussi. Lors de la première écoute de "The Weight", beaucoup de fans ont pu se poser beaucoup des questions : introduction directe, arrivée rapide du chant, un riff principal plutôt simple, une partie solo tout de même sympathique avec une montée en puissance pas dégueulasse avant un retour sur le refrain plus que correct… Mais avec un petit goût de ‘pas fini’, malgré les écoutes en boucle. Il manque cette accroche, ces envolées, cette complexité ici réduite à l’intermède central qui au fond sonne un peu creux quand on sait ce dont ils sont capables.
Quelques jours passent avant l’arrivée du titre "Havoc", et là on ne s’y retrouve plus du tout. Comme le chante Mickael Eriksen dans ce titre, "This time I’ll go too far, you wanna scream now !" Et c’est bien résumé. Un titre court, sombre, rapide, déstabilisant, car au final… simple. Très, trop, simple. Un couplet, un refrain, un pont, un couplet, un solo rapide, un refrain, et basta. Alors oui, le morceau en lui même n’est pas mauvais (grosse influence Mansonnienne inhabituelle tout de même), mais pas pour Circus Maximus. Pas pour un groupe qui nous a habitués à nous transporter en quelques secondes, utilisant la richesse mélodique des guitares ou du piano, les changements radicaux d’ambiances… Et ces remarques s’appliquent malheureusement pour beaucoup de titres de l’album.
C’est bien simple, l’album file sans vraiment nous étonner, rien d’exceptionnel à garder en tête dès la première écoute, chose impensable en revenant sur le reste de leur discographie. Des titres comme "Flames", power ballade très linéaire sans grand interêt, et "Remember", assez semblable qui ne décolle jamais vraiment non plus, nous désolent tellement le manque d’idée et de puissance se fait sentir. Même le titre "Pages", qui démarrait plutôt bien, se retrouve affublé d’un refrain totalement plat, éclipsant un pont plutôt réussi pour sa part. Mais le pire n’est pas encore atteint, car l’album s’achève sur une véritable blague, "Chivalry". Ses deux premières minutes interminables, ses claviers kitschs (dans le mauvais sens du terme), son refrain moyen et un final où le même thème est répété durant plus de trois minutes ! D’un bout à l’autre de ses huit minutes, absolument rien n’est à garder sur ce final ahurissant !
Heureusement, la patte Circus Maximus est tout de même présente par endroits, histoire de sauver les meubles. Des titres comme "Highest Bitter" ou "After the Fire" sortent du lot avec des ponts enfin intéressants et quelques riffs bien exécutés. La réussite de l’album se nomme "Loved Ones", une montée en puissance bien gérée jusqu’au refrain, poursuivant sur des couplets groovy agréables et un pont progressif comme ceux auxquels les Norvégiens nous ont habitués… Un des rares titres digne de sa place sur cette galette sans aucun doute, mais sans rejoindre le meilleur de ce que le groupe nous a déjà proposé.
Soulignons également les performances de Michael Eriksen au chant, toujours éblouissant malgré la faiblesse des compositions (qui entre parenthèses, se permet de surpasser Nils K. Rue lors du propre DVD live de Pagan’s Mind en tant qu’invité, quelle voix !). Petit mot sur les guitares de Mats Haugen : avec beaucoup moins de matière sur cet album, du fait de la simplification des morceaux, difficile d’être vraiment ébahi, hormis quelques solos toujours bien exécutés. Sur l’ensemble des titres, la guitare a perdu la place de choix qu’elle occupait, rôle plus ou moins récupéré par la basse, très en avant dans le mixage global.
Havoc aurait été un premier album presque convaincant pour Circus Maximus. Mais en passant derrière Isolate et Nine, cet album ne peut pas arriver à rassurer tant le manque d'éléments se fait sentir. La complexité, la richesse et même une certaine violence dans les compositions font cruellement défaut malgré quelques passages un peu plus convaincants. On attendra les prestations live du groupe en espérant un sursaut d’orgueil, et dans le pire des cas, en se consolant avec les anciens titres…