Tagore Grey (guitare), Mitchel Emms (chant) et Dhani Mansworth (batterie) de The Treatment


« Je pense qu'on a atteint un niveau qu'il aurait été impossible d'atteindre avec les anciens membres »

Après This Might Hurt et Running With The Dogs, les Anglais de The Treatment se préparent à sortir leur troisième album, Generation Me. Dhani Mansworth, Tagore Grey, et Mitchel Emms étaient de passage à Paris pour nous parler de leur récent changement de line-up et de ce dernier  album à paraître chez leur nouveau label, Frontiers.

Bonjour, et merci à tous les trois de nous accorder cette interview. Votre troisième album s'apprête à sortir. Comment vous le sentez ?

Dhani : On est très content c'est vraiment un grand pas en avant pour nous, par rapport à nos deux précédents albums.

Quel est votre ressenti personnel sur ce nouvel album, Generation Me ?

Tagore : Comme l’a dit Dhani c'est un grand pas en avant pour le groupe. En plus, nous avons deux nouveaux membres dans le groupe pour cet album. C'était un peu effrayant… Du moins, c'était un peu étrange pour nous d'avoir un tout nouveau line-up. En tout cas, je pense qu'on a atteint un niveau qu'il aurait été impossible d'atteindre avec les anciens membres parce que leurs capacités et leur personnalité ne correspondaient pas au groupe et à son évolution. Avec notre nouveau chanteur, Mitchel, le groupe développe de nouvelles possibilités. Il nous amène là où, musicalement, on ne pensait pas aller.

Mitchel tu es le nouveau chanteur, tu peux te présenter ?

Mitchel : Je m'appelle Mitchel Emms et je chante pour The Treatment !
Tagore : Oui, enfin tu es le chanteur principal quand même ... (Rires)
Mitchel : Oui ! Et je fais même des chœurs parfois. J'ai rejoint le groupe l'année dernière. J'ai été contacté par Dhani via Facebook. Il avait vu une vidéo de moi en train de chanter à The Voice UK, sur YouTube. Matt, l'ancien chanteur allait quitter le groupe donc ils étaient à la recherche d'un nouveau chanteur.
Dhani : On était sous contrat avec Matt donc on devait terminer les concerts qu’on avait à faire avec lui. Son départ était prévu, donc nous cherchions déjà un nouveau chanteur. C'est là qu'on a trouvé Mitch.
Tagore : Ca s'est très bien déroulé. Je me souviens de Dhan, qui nous a fait : « Les gars, il faut que vous voyiez cette vidéo sur Youtube ! ». Donc au final, une semaine après le départ de Matt nous avions déjà Mitch. On savait que c'était un très bon choix.

Tu connaissais le groupe avant ?

Mitchel : Oui avant de recevoir le message de Dhani j'avais déjà vu des vidéos du groupe quelques années auparavant.
Tagore : Attention, c'est un dernier test. (Rires)
Mitchel : Sinon j’avais déjà vu certains de leurs clips, comme leur tout premier, « The Doctor ». Je les avais en tête depuis déjà quelques années... Du coup lorsque Dhani m'a contacté en disant qu'il était le batteur de The Treatment, j'étais surpris mais je n'ai pas hésité. D'abord j'ai dû les rencontrer, puis on a répété et petit à petit c’était comme si j'avais chanté ces morceaux depuis des années.

Tu as déjà eu des groupes avant cela ?

Mitchel : Oui j'ai été dans pas mal de groupes avant. J'ai commencé la musique quand j'avais 9 ans et c'est rapidement devenu toute ma vie. En ce sens-là on a tous un peu le même passé avec The Treatment, je veux dire ils ont le groupe depuis qu'ils sont tout jeunes aussi. On a déjà de l'expérience en tant que musiciens et on se donne à fond là-dedans.

C'est toujours une étape compliquée pour un groupe de changer de chanteur. Comment ont réagi les fans lorsque vous avez posté vos nouveaux morceaux ?

Dhani : Les retours que nous avons eus ont été très positifs. Je pense que beaucoup étaient d'abord sceptiques... Il faut dire qu’on était avec Matt depuis un bon moment. Mais les gens qui nous suivent depuis le premier album vont certainement se rendre compte de notre progression. Il ne faut pas rester figé sur ce qui a été fait.
Tagore : Oui. Nous avons fait un concert vers Noël, à Londres. On appréhendait un peu, mais le show a été sold out très rapidement. Ça nous a aussi montré qu'on avait pas mal de gens qui nous soutenaient. Et honnêtement, le concert a été génial.
Michel : Je pense que si certaines personnes étaient sceptiques, c'est notamment parce que j'ai participé à un show télé, The Voice UK. Il y avait beaucoup de personnes qui n'appréciaient pas ça.  Pour eux, ce n'était pas quelque chose à faire. Mais franchement, rien que le fait d'écouter notre album pourra faire changer ces gens d'avis. The Treatment n'est pas le premier groupe à avoir un chanteur qui sort d'un show télé... Le chanteur de H.E.A.T, Erik Grönwall, a fait Swedish Idol par exemple. Et il y en a d'autres. Les gens ne doivent pas s'arrêter à ça, il faut écouter ce qui se fait après, avec le groupe.

Tu n'appréhendais pas trop d’intégrer le groupe après un autre chanteur ?

Mitchel : Non, je me disais simplement qu'il allait y avoir une attente du côté des fans. Ça ne m'inquiétait pas, je chante juste à ma manière, je n'essaie pas de copier ce qui a été fait.

Vous avez également un nouveau guitariste, c'est le petit frère de Tagore. Vous pouvez nous le présenter aussi ?

Tagore : Oui, il me ressemble beaucoup en tout cas... mais il est quand même plus petit (Rires). Avec ces départs, je crois que Dhani m'a demandé ce que faisait mon petit frère. On s'est toujours dit qu'il était trop jeune, mais il était toujours dans lles parages. On en a discuté avec lui, on a essayé de jouer ensemble et ça a tout de suite fonctionné. En même temps, il n'était pas complètement nouveau dans le groupe, j'ai vécu avec lui, je le connais parfaitement bien. Et c'était même plutôt sympa d'avoir un visage familier dans le groupe, que tout le monde connaissait déjà. Donc depuis lors, tout fonctionne. Il n'a pas de problème d'ego, il n'est pas faux, il est juste quelqu'un de bien.

Comment s'est passé la composition des morceaux pour cet album, avec le changement de line-up?

Dhani : La moitié de l'album était déjà écrit avant que Mitch ne se joigne à nous. On peut dire qu'on a fait un vrai mélange entre quelque chose qu'on connaissait déjà et quelque chose de nouveau. Notre ancien chanteur était un vrai chanteur de rock, mais il n'avait pas d'autres facettes. Tandis que Mitch lui ne se limite pas à un seul genre. C'était vraiment bien pour nous, on a pu explorer des choses un peu différentes. Après, je ne dirais pas que c'était plus compliqué, on a gardé les mêmes procédés, on partageait nos idées et on jammait sur les morceaux…
Mitchel : En lisant les paroles de morceaux qui existaient déjà à mon arrivée, j'ai tout de suite compris où ils voulaient en venir. Je veux dire, ce sont des morceaux qui s'inspirent du vécu du groupe, mais aussi de sa nouvelle maturité. Étant moi-même un musicien, j'ai aussi vécu certaines choses et j'ai compris d'où la musique et les paroles venaient. Pour le coup, ça a été assez simple de m'approprier les morceaux qui existaient déjà avant mon arrivée.

Vous pouvez nous parler de l'enregistrement de cet album ?

Tagore: C'est le premier album qu'on a enregistré live. Pour les précédents albums, on n'enregistrait pas toutes les parties d’un seul coup, ni même tous ensemble. Alors que là, on se retrouvait vraiment tous ensemble en studio au même moment. C'est comme ça qu'on a pu capter cette énergie qu'on connaît bien et qui est si présente sur les albums des 70's et 80's.
Mitchel: La chose la plus importante sur un album de rock c'est de capturer l'énergie du groupe. Avec les évolutions technologiques beaucoup de groupes enregistrent leur musique puis la coupent dans tous les sens et c'est toujours trop produit, ça ne ressemble plus vraiment à quelque chose de vrai. Tandis que sur cet album, on entend vraiment quelque chose. Avec la batterie par exemple, on a l'impression que Dhani est dans la pièce. Et je pense que c'est grâce à ça que tous les albums qu’on aime, tous nos classiques, possèdent cette même énergie, ce son. A mon avis, on a fait un bon travail, on perçoit bien cette énergie on en est très content.

Vous pouvez nous expliquer le choix du titre, Generation Me ?

Dhani : Déjà, c'est un morceau qui fait partie de notre album, et il résume vraiment bien le concept de l'album. Tout le monde, aujourd’hui, est dominé par les réseaux sociaux, de type Facebook et Twitter... On voulait revenir à quelque chose d'autre, comme dans les années 70 ou 80, lorsque les gens n'avaient pas tout ça et devaient sortir pour se parler. Ce temps où les gens allaient voir des concerts plutôt que de les regarder sur YouTube.
Mitchel : Cette idée est d'ailleurs présente sur la pochette de l'album, un homme - enfant coincé dans sa chambre aux allures de cave, et totalement relié à son ordinateur. Mais je pense qu'on a bien réussi à retranscrire cela sur l'album, aussi bien que dedans.

Aujourd'hui les groupes sont obligés d'être très présent sur les réseaux sociaux pour rester en contact avec leurs fans. Quelle est votre vision de ce phénomène ?

Dhani : Les réseaux sociaux sont vraiment utiles pour les groupes, ça permet de se faire connaître. Mais à côté de ça, j'aimerais bien revenir à quelque chose de plus simple, qui fonctionnerait juste par bouche à oreille, comme avant. Après, il faut vivre avec son époque, quelque part on ne pourrait pas ne pas utiliser les réseaux sociaux, mais si on le voulait…
Mitchel : Il y a des avantages qu'on ne peut pas nier, ça permet aussi de découvrir des groupes dont on n'aurait certainement jamais entendu parler sans ça.  Mais d'un autre côté, maintenant, tout le monde utilise les réseaux sociaux, ça devient très compliqué de se faire un nom. C'est complètement saturé. Du coup, ça ne change pas réellement la difficulté qu'il y a à se faire connaître. Les groupes doivent toujours être bons et travailler dur pour se faire un nom.
Dhani : Oui ça reste dur, ça ne facilite pas tout. C'est peut-être même plus dur que ça ne l'était dans les années 80.

Pour en revenir à la pochette, vous avez toujours des visuels très différents, comment ça se passe à ce niveau-là ?

Dhani : Pour les deux premiers albums, on n'a pas vraiment eu notre mot à dire car le label s'occupait de tout, on avait qu'à donner une idée et ils faisaient exactement le contraire... C'est la première fois qu'on doit être créatifs et faire les choses par nous-même de ce côté-là. On a fait part de nos idées à Frontiers et ils ont choisi le bon artiste pour le faire. Le premier jet pour la pochette était quasiment similaire au rendu final qu'on peut voir maintenant. Il y a un côté BD, un peu punk, thrash, qu'on aime beaucoup. Au final je trouve que ça capte bien l'attention quand on la voit.
Mitchel : On voulait aussi quelque chose de différent, plus proche de ce qui pouvait se faire avant, plus coloré, vif, excitant. Je trouve ça vraiment cool.

Selon vous sur ce nouvel album, quel morceau représenterait au mieux l'évolution du groupe ?

Tagore : "Let It Begin" je pense. On se dirige plutôt dans cette direction. C'est un morceau purement rock'n'roll, avec un bon état d'esprit et je trouve qu'il résume bien l'esprit du groupe. On n’essaye pas de faire des morceaux avec un sens profond.
Mitchel : Je pense que "Let It Begin" redéfinit l'orientation musicale du groupe jusqu'à présent. Ou même un morceau comme "Generation Me", qui sonne comme The Treatment mais qui apporte également une essence nouvelle. C'est peut-être plus commercial et accessible, mais ça n'empêche pas d’avoir aussi un côté un peu plus heavy.

Vous avez fait beaucoup de tournées en tant que groupe de première partie et notamment pour des légendes du rock... Quelles différences vous notez avec le fait de faire une tournée à vous ? Qu'est ce qui est le plus difficile ?

Dhani : Selon moi les tournées que nous avons faites comme première partie sont plus difficiles. Naturellement, il faut convaincre le public, il faut qu'il se passe un truc. Surtout quand on joue avant des groupes comme Mötley Crüe ou W.A.S.P. Quand on est en tête d'affiche, on est un peu plus détendus, c'est comme si on connaissait déjà le public devant lequel on va jouer. Ce qui n'est pas le cas lorsqu'on fait une première partie, qu’on ne connait pas le public et qu’il est susceptible de ne pas nous apprécier…
Mitchel: C'est un peu comme si un concert en tête d'affiche était une fête tandis qu'une première partie ressemblerait plus à une bagarre... On est dans deux états d'esprit vraiment différents.

Vous êtes souvent comparés aux grands groupes de l'histoire du rock... mais est-ce qu'il y a des nouveaux groupes que vous aimez et avec lesquels vous aimeriez tourner ?

Mitchel : Coldplay ! (Rires)
Dhani : C'est vraiment cool pour nous d'être sur un label comme Frontiers parce qu'il y a un tas de bons groupes qui sortent sur ce label. H.E.A.T, Eclipse ou Inglorious, par exemple. Il y a plusieurs groupes avec lesquels il serait bien de jouer. Mais ouais, il y a plein de nouveaux groupes avec lesquels on aimerait jouer.
Mitchel : Mais on serait heureux de jouer avec n'importe quel groupe. C'est toujours cool de jouer devant de nouveaux publics. Même s'ils ne nous aiment pas (Rires).

Votre meilleur souvenir de tournée ?

Tagore : Tu en veux un sérieux, un drôle, ou un dégoûtant ? (Rires)
Dhani : Pour moi c'est certainement le fait d'avoir pu faire une tournée avec Kiss et Mötley Crüe. On a grandi avec ces groupes, c'est hallucinant pour nous d'avoir pu faire cette tournée durant 3 mois avec eux.
Mitchel : Eh bien moi, je n'ai pas pu faire ça malheureusement...

Et votre pire souvenir ?

Dhani : Franchement, je pense que c'était cette fois, à nos débuts, on faisait une tournée en Angleterre et on devait aller à Newcastle. Et là...
Tagore : Oh ouais ! C'était l'enfer !
Dhani : A la moitié du chemin, le van est tombé en panne. On a dû quitter la ville où on était et faire le chemin du retour pour Cambridge, refaire tout le trajet, aller chercher Tagore, et là, alors qu'on était à 40 minutes tout au plus de Newcastle... Le nouveau van est lui aussi tombé en panne.
Tagore : Et là on était vraiment au milieu de nulle part !
Dhani : Enfin voilà, c'était un vrai cauchemar. Tu vois quelque chose d'autre toi ?
Tagore : Oh il y en a toujours, je veux dire quand on est malade, nous ou le staff, dans le van, ça peut vite devenir dégueu. (Rires) mais ouais, le coup du van qui tombe en panne deux fois de suite ça fait vraiment partie des pires anecdotes.

Quels seraient les conseils que vous donneriez à un jeune groupe ?

Dhani : Il y a beaucoup de groupes, et c'est très dur de percer. Mais il faut continuer et ne pas oublier de continuer pour l'amour de la musique, il faut garder de la distance avec le reste même si ça peut être compliqué. Ce n’est pas un train de vie facile, mais il faut toujours continuer de croire en son groupe.
Tagore : Mon conseil serait juste : ne faites pas de tournée en hiver. Il fait froid. Genre, trop froid.
Mitchel : Ne pas prendre de Quaaludes.
Dhani : (Rires) Oui ça ne fonctionne pas, en vrai.
Mitchel : Sinon à part ça... être quelqu'un de bien et honnête envers les autres. C'est le meilleur conseil. Ne pas être un connard.

Quels sont vos prochains projets ? Vous avez déjà planifié une tournée européenne ?

Dhani : Non pas encore, mais on regarde actuellement ce qu’il est possible de faire... Pour l’instant on a une tournée anglaise en prévision.
Tagore : Oui on commence avec ça, puis on aura le festival Frontiers... Mais on va venir jouer ici, la France nous a toujours très bien accueilli.
Mitchel : Paris est vraiment en haut de notre liste concernant les prochaines dates à booker.

Merci beaucoup à tous les trois ! Vous avez un dernier mot pour les lecteurs de La Grosse Radio ?

Mitchel : Comme tout à l'heure : Ne soyez pas des connards. (Rires)
Tagore : Venez à nos concerts et écoutez du rock'n'roll.
Dhani : Et achetez notre album !
Mitchel : Et merci à tous ceux qui nous soutiennent, non ?
Tagore : Oui évidemment. Buvez de la bière et achetez notre album.
Dhani : Et soutenez les nouveaux groupes.
Tagore : Mais surtout, n'oubliez pas, quoi qu'il arrive : « Rock over London, rock on, Chicago » !! (rires)



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