Lacuna Coil sortira très bientôt son nouvel album intitulé Dark Adrenaline. Le disque sera disponible via le label Century Media Records. La date de sortie du CD est annoncée pour le 24 janvier 2012.
Cette interview a été réalisée en face to face dans un hôtel parisien le mercredi 30 novembre 2011, en toute décontraction !
Lionel / Born 666 : Comment était la pression avant la réalisation de Dark Adrenaline ?
Cristina Scabbia : Ce n’était pas vraiment une pression artistique parce que l’on n’en a pas de notre label. Ils nous laissent libre de faire ce que l’on veut et ils font tout ce qu’ils peuvent afin que l’on puisse être créatifs afin de créer un nouvel album. Mais évidement, il y a certaines règles à respecter afin de réaliser un album. C’était moins une pression qu’une excitation parce qu’on est tellement créatifs qu’on a envie de le faire.
Quel est ton sentiment maintenant à 2 mois de la sortie de l’album ?
Je ne peux plus attendre (rire). Je n’en peux plus, car l’album est terminé depuis quelques mois (depuis octobre) mais c’est la décision du Label de le sortir en janvier afin de préparer un plan marketing, la meilleure promotion possible, et c’est pour cela qu’ils ont décidé de le sortir plus tard, mais moi je n'en peux plus d'attendre… nous ne pouvons plus attendre de l’avoir entre nos mains, de l’écouter et surtout de le jouer…
J’ai eu la chance de pouvoir écouter l’album et je le trouve plus lourd (heavy) que les précédents ?
C’est clair que cet album est un tournant dans notre carrière. Bien sûr on ne pourra jamais comparer Lacuna Coil avec des groupes de Thrash Metal, ou du Hardcore, ce n’est pas ce genre de lourdeur. Je parle plutôt de musique en général, les guitares sont plus Heavy que jamais et pas seulement, c’est le sens de l’obscurité et ce côté sombre qui ressort de l’album vous donne ce sentiment de puissance mais pas seulement par la rapidité ou par une technique musicale excessive…
Certaines chansons ont des titres sombres en effet…
Oui parce que ce sont les racines de cet album, les sentiments qui ressortaient à la création de Dark Adrenaline venaient de sentiments très sombres car on avait traversé des moments très dark dans notre vie. Pas des moments dramatiques, mais des moments qui vous faisaient plus réfléchir sur vous-même, vous plonger dans une recherche intérieure, dans une humeur bien sombre, pas nécessairement une humeur négative… C’est un passage obligé de la vie, on sait qu’il y a des hauts et des bas. Il faut lutter et essayer de passer au travers.
Pensez-vous que d’avoir enregistré l’album entre Milan et Los Angeles a changé votre façon de concevoir votre musique ?
Non, pas vraiment car on a fait toute la musique à Milan dans ce magnifique studio… où l’on ressent les vibrations des lieux, c’est vraiment très fort. Un sentiment « vintage » vibre au sein de ce studio, mais les titres étaient prêts…
Comme à Abbey Road…
Oui, bien sûr, ils ont du matériel des années 60’, 70’ ; de magnifiques amplis, de vieux pianos, d’anciens instruments parce que le gars à qui appartient le studio est lui-même un musicien, il faisait parti du PFM, vous connaissez ?
Non…
Cela veut dire Premiata Forneria Marconi (c’était un groupe de rock progressif italien fondé en 1972), et il y jouait du violon et il a collecté de nombreux instruments tout au long de sa carrière et quand vous pénétrez dans ce studio avec cette salle de bal il y a une magnifique atmosphère. Mais je ne sais pas comment cela à pu influer sur les titres car ils étaient prêts.
Nous sommes allés à L.A. pour enregistrer les voix et travailler sur les arrangements et c’était très bon pour nous car la température y est très bonne et le temps y est merveilleux pour un chanteur, ni trop sec, ni trop humide. C’est donc des conditions parfaites pour y enregistrer nos parties vocales…
Qu’est ce que vous aimez le plus et détester le plus aux Etats-Unis ?
Le plus c’est mon petit ami (James Root de Slipknot) (rire)…
J’imagine…
Cristina : Non pour être honnête, je me sens très proche de la culture américaine. Je ne sais pas pourquoi car chacun d’entre nous se sent connecté avec différents pays dans le monde pour des raisons différentes. J’aime leur côté sympathique et amical quand ils vous rencontrent et cela est vraiment différent avec la plupart des pays européens. Comme exemple si vous demandez dans les pays européens des indications car vous êtes perdus dans une ville, les gens ont peur de vous et se mettent sur la défensive…
Ah bon…?
Oui la personne se dit "qu’est ce qu’il a celui-là il veut me vendre quelque chose ou me voler autre chose"…
A part les anglais qui sont souvent prêts à nous aider…
J’aime cette approche, cette attitude, et le bon sentiment qui s’en dégage. Et je suis intéressé par la culture US, le territoire, c'est un pays étrange, rempli de controverses mais je m’y sens bien comme à la maison.
Après votre fameuse reprise de Depeche Mode, on retrouve sur le nouvel album une reprise de REM, qu’est ce qui se passe ?
(Rire), on aime faire des reprises, et particulièrement quand on en fait une en live les gens sont connectés entre eux, chantent ensemble et plus particulièrement quand la chanson est populaire. Le titre « Losing my Religion », nous voulions le faire déjà il y a un an et demi. On a décidé de le faire maintenant parce qu'on a commencé à travailler et répéter ce morceau en janvier. On aime bien le résultat parce que ça change complètement, tant au niveau vocal que musical. Mais on est tous contents de ce résultat et je crois que c'est génial de pouvoir jouer les titres de quelqu'un d'autre, à ta manière et de les rendre plus personnels comme ça.
Je trouve que le timbre de ta voix est plus théâtrale sur cet album, as-tu pris des cours de chant particuliers ?
Non ! Je n’en ai jamais pris. J’ai toujours essayé d’apprendre par moi-même. Parfois quand tu fais attention lors d’un enregistrement en studio tu peux apprendre de nombreuses choses par toi-même en chantant, comment tu dois respirer d’une certaine façon, la façon dont tu donneras plus de souffle en chantant de telle manière, la façon dont tu dois placer ta voix…
Sur Dark Adrenaline, ta voix est beaucoup plus grave et se rapproche parfois de celle d’Andrea (Ferro) comme sur « End Of Time »…
Oui c’est très bas et cela dépend de la façon dont on va enregistrer le titre. Par exemple pour « The End of Time » le volume de ma voix que j’entends dans mon casque était réglé très fort. Je ne devais que chuchoter et je ne pouvais donc pas chanter fort ; mais je crois que ça sonne bien, ça sonne différemment.
Peux-tu nous parler de la couverture de l’album car je suis allé sur Wikipedia pour vérifier la formule chimique de l’adrénaline…
(Rire) c’est bien sûr en relation avec le titre de l’album, la vibration que l’on a eu à faire l’album bien que ce ne soit pas un concept album parce que chaque chanson est déconnectée de chaque chanson de l’album. Il y avait cette vibration de l’obscurité et de l’énergie qui en ressortait. Donc on a cherché deux mots qui pouvaient résumer tout ça et le mot qui nous est venu à apposer à « Dark » par rapport au côté sombre était le mot « Adrenaline » pour le côté énergique de l’album qui vous donne un coup de fouet. Alors on a pensé à ce liquide qui pouvait vous faire changer, et ce qu’on a fait avec cet album c’est d’inclure dans le DVD des minis films expliquant tout le procédé qui se cache derrière cela. Et il y a aussi une version alternative que Marco, le bassiste, a faite. Il a peint, fait un dessin très graphique, pour la super version limitée car c’est vraiment excellent. Il sait très bien dessiner et ce sera encore plus sombre et bizarre.
Il y aura une "chasse à l’œuf" aussi dans une des versions limitées…
Oui on va en éditer un certain nombre, il n’y en aura que très peu chez le distributeur et ce sera génial pour nos fans de faire une telle recherche pour dire qu’ils tombent sur la version limitée dans une boutique.
Comment juges-tu l’évolution de la musique dans les groupes de Metal avec une voix féminine depuis vos débuts et comment vous joignez-vous à cette scène ?
Quand on a commencé il n’y en avait pas beaucoup, surtout avec le côté la Belle et la bête, le côté gothique et les voix lyriques. Je suis heureuse qu’il y ait de plus en plus de femmes dans le Metal car la musique est pour tout le monde, peu importe à quel sexe tu appartiens. Tout ce qui compte c’est la manière dont tu fais ton boulot. Etre capable de chanter, de jouer,… je suis donc contente que cette scène s’ouvre même si je peux être en désaccord avec ceux qui pensent qu’il suffit d’avoir une chanteuse pour avoir du succès automatiquement. Tu dois avoir du talent pour que cela marche d’autant plus que tu en es le centre d’attraction. Tu dois donc être le plus professionnel possible et amener quelque chose de bon et non seulement ta beauté et ta féminité.
Quand on écoute « I don’t believe » tu dis « I love… »
"I want to say it now, that I don’t believe in tomorrow..." En dépit du titre qui peut sonner extrêmement négatif, ce n’est pas une chanson qui parle de la Fin ou de la fin du monde, ou que tu ne vois plus de lendemain, ou de jours après. Non, il parle du fait que lorsque tu as des problèmes, quand tu rencontres des drames dans ta vie, et que tu dois dire quelque chose à quelqu’un tu dois tout de suite en parler au moment où le problème arrive. Tu ne dois pas le remettre au lendemain. Le titre parle donc qu’il faut affronter les problèmes en face.
Sur « My Spirit », Andrea chante en italien, que dis-t-il ?
C’est une traduction de l’un des couplets. Mais on a décidé de le faire en italien car, non pas que ce soit dramatique mais parce que le titre est profond et qu’on l'a dédicacé à Peter Steele (Type O Negative) parce qu’il nous manque et que c’était un mec fantastique, qu’il a été énorme pour le groupe. On a eu la chance de le connaître, de tourner avec lui, et c'était un grand ami. Marco, notre bassiste, était tellement choqué par la nouvelle, qu'il a pondu ce titre en une nuit. Le lendemain on était censé enregistrer des vocaux et il nous a proposé ce titre, et on s'est dit : « waow, il faut qu'on le fasse ». On a donc gardé ce titre bien triste mais on en a fait un message d’espoir. On peut parler de la Mort avec un message d’espoir. Parce qu’on le veuille ou non, la Mort est quelque chose d’inévitable dans la Vie. On ne sait pas quand elle viendra, on ne connait pas la limite de notre vie. Tous ceux qui sont partis, dans nos familles, nos amis, Peter, Paul (Gray, bassiste de Slipknot)…. On a donc décidé de parler de la Mort avec un ton d’espoir parce que à la fin c’est un passage, on ne sait pas ce qu’il y a après. On sait seulement que la vie est un cercle et si on regarde d’une façon scientifique, votre corps rendra quelque chose à la nature. C’est donc un passage qu’il faut accepter. Et chérir la mémoire, …
C’est pour cela que tu chantes « Loosing my Religion »…
Ça dépend, c’est ouvert à plusieurs interprétations. Je ne sais pas pourquoi ils ont écrit les paroles, et la signification cachée derrière. Pour moi cela veut dire que tu dois donner plus d’importance à toi, l’être humain, plutôt qu’aux gens qui te disent à quoi penser. Avant la fin de toute façon on ne sait rien…on espère mais on ne sait pas.
Avec le titre « Our Truth » vous avez participé à la BO du Film Underworld II : Evolution, avez-vous aimé cette expérience ?
Oui on était complètement connecté à la bande son qui nous inspirait beaucoup. Si tu penses à un film sans BO, ce ne serait pas pareil. La musique vous donne plus de force au film et cela nous donne envie d’en faire encore, ce serait d’ailleurs génial de faire toute la BO d’un film. Cela doit être très intéressant. Et comme notre musique est très cinématique ce serait fabuleux.
Lionel : Es-tu toujours impliqué dans ton ONG ?
Cristina : Le nouvel album s’appelle « dans l’eau ». C’est un projet créé en Afrique du Sud, la région du Kénya, et je continue et m’implique dedans, Marco aussi, il y joue aussi de la guitare, je ne chante pas sur tous les morceaux parce que le projet comprend de nombreuses personnes, de nombreux artistes à tous les niveaux. S’impliquer, et ce depuis mes 28 ans, afin de donner de l’eau à 50 familles afin qu’elles puissent boire de l’eau potable sans avoir à marcher une journée entière pour en ramener d’autant plus que cela peut-être de la mauvaise eau. Je suis donc fière de cela. Ce qui m’énerve ce sont les gens qui me disent mais pourquoi tu t’occupes des gens d’Afrique du Sud et pas ceux de ta propre ville. Peu importe, il faut faire quelque chose que ce soit pour des africains, des asiatiques, d’Allemagne de France, d’Italie ou ailleurs le problème est que tu es critiqué pour ce que tu fais.
… Il faut faire quelque chose, tu as raison…
Oui, et ce sont de bons moments, on n’a pas de stress. Ce n’est pas un travail difficile. On doit faire quelque chose d’important et avoir du bon temps.
Penses tu que le monde du Metal est macho ou que les journalistes soient des machos quand on lit des titres de la presse sur toi come « La Nana la plus sexy du Metal » ?
Je pense que toutes les femmes seraient flattées et serait heureuses d’être considérée ainsi. Personne n’aimerait qu’on lui dise qu’elle est une merde affreuse. Oh merci !! Je trouve cela rigolo car le terme « Hotest chicks in Metal… » est sorti il y a quelques années et vient d’un magazine américain « Revolver » : j’en ai fait la couverture et ça a fait le tour du monde pour arriver en Italie. Et tu peux voir, je suis une pas…
… Non (rire)…
Dans une robe de soirée. Parfois les gens ont une certaine perception de moi. Bien sûr j’aime être bien habillée, J’aime être sexy et me sentir aimée pour ma féminité. Et j’aime bien le montrer sur les photos que je suis une femme … je m’en fiche mais parfois c’est drôle.
(Rire général)
Lionel : Sur la chanson « On Fire » je trouve que tu chantes au début comme Debbie Harris…
Cristina : C’est intéressant car chaque journaliste penses des choses différentes, parfois que c’est très 80’s mais j’adore ça, je trouve cela génial que les gens pense des choses différentes. Cela prouve que l’album délivre de nombreuses et différentes vibrations que chaque personne pense quelque chose de différent… Vraiment… (Rire)…
Que penses-tu de la démission de Berlusconi ? (rires)
Tu sais on était en tournée quand c’est arrivé et je n’ai jamais vraiment été concerné par la politique. Je ne l’ai jamais détesté, je n’ai jamais été contre lui... Je pense que c’est important pour lui de se concentrer que sur une chose. Il s’occupait de trop de choses, son empire multimédia, les Tv, son équipe de foot, … pourquoi s’occuper en plus d’un pays ? Pour moi c’est être très égocentrique. Tu as besoin de puissance. Et dans la plupart des cas, que tu sois bon ou pas après 17 ans c’est le moment de se tirer ! Vas vivre ta vie. T'as des millions ? Vas dans ta piscine avec ta famille ou avec n’importe qui d’autre, tes nanas ou qui tu veux et laisse des gens plus jeunes arriver en politique. Qu’il se soit occuper de jeunes filles cela ne me regarde pas du moment qu’il fait bien son boulot… c’est sa vie privé.
En 2005 vous aviez joué au Fury Fest, l’ancêtre du Hellfest, est que l’on aura l’opportunité de vous voir sur scène en France ?
J’espère, on en parlait justement il y a une heure. Parce que l’année prochaine, on va commencer par partir en tournée en Amérique, le Gigantour avec Megadeth, Motörhead, et cela va durer un mois et demi. Ensuite on ira en Amérique du Sud, pour faire de shows, des shows à la radio, des sets acoustiques, donc bien sûr on doit le planifier à l’avance. Donc on a prévu de revenir pour les Festival d’été, mais on ne sait pas encore lesquels, on ne le saura véritablement qu’en Avril même si on doit le booker maintenant. La vraie confirmation arrive en avril. Mais j’espère vraiment, j’adore la France et les français, et ce serait encore mieux si on avait l’occasion de faire une tournée chez vous.
Lionel : Dernière question, quand tu es sur scène et lorsque tu ne chantes pas tu mets toujours ton micro dans le dos, pourquoi ?
Cristina : C’est pour le feedback (rire), …
Lionel : Tu fais la même chose que Mikael Stanne de Dark Tranquillity que j’ai vu il y a 2 semaines…
Cristina : C’est une question de fréquence... et tu essayes de le placer le plus loin des retours car cela fait un son aigu un son horrible dans les écouteurs, mais je joue aussi beaucoup avec le micro.
Merci beaucoup pour cette interview Cristina, ce fut un plaisir…
Merci à toi.
Merci à Katarzyna pour son aide sur la traduction pour certains passages de l'entretien...