On se retrouve au Ninkasi Kao pour une folle soirée tout droit venue des années 60/70. Stoner et blues rock avec quelques pointes de psychédélique sont au rendez-vous. C'est en effet Blues Pills, White Miles et Sunder qui menaient la danse ce soir là.
Sunder
Allez, on commence dix minutes en avance - ce qui nous fera rater les deux premiers morceaux - avec Sunder. Jeune quatuor, fortement influencé par le rock des années 60, tout droit venu de notre belle ville de Lyon. La musique proposée par le groupe est énergique tout en restant sacrément douce pour nos oreilles. Riffs accrocheurs, Firebird, Fuzz, Rickenbacker et Mellotron, sont présents pour nous faire entrer dans l'univers coloré du bon vieux rock psyché.
Sunder, c'est la renaissance du groupe The Socks. Les Lyonnais sont venus soutenir leur album, Cursed Wolf, sorti en 2015, à coups de solides rythmiques et solos bien léchés. La voix envoûtante de Julien Méret nous fera flotter devant la scène pendant près d'une demi heure.
Un seul câble jack vous manque et tout est dépeuplé ? Non, carrément pas. Pendant que Vincent Melay (basse) règle un petit problème sur sa belle Rick blanche, Julien fait patienter le public avec un petit arpège d'intro d'une des dernières chansons à venir. Tout est rentré dans l'ordre et Sunder pourra terminer son super set sur les chapeaux de roues. Avec notamment, le riff de « Don't Leave It Behind » qui nous laissera sous le charme !
White Miles
Le duo se caractérise lui même comme du «dirty pole dance stoner blues rock», mais la dirty pole dance n'était pas présente ce soir au Kao, dommage n'est-ce pas ? Quoi qu'il en soit, dirty, stoner, blues et rock sont quatre termes qui définissent fort bien le show de White Miles. Medina (guitare et chant) enflamme totalement la salle dès les premières notes sorties de sa Telecaster. Une lourde et puissante batterie l'accompagne dans des airs stoner rock maîtrisés au poil. Pas de basse, la guitare s'en charge parfaitement et c'est assez étonnant.
Il est rare de voir une première partie mettre le public dans un tel état, ça bouge, ca pogote, c'est vivant. En même temps, vu l'énergie laissée sur scène par les deux acolytes, quoi de plus normal ? Medina court de partout, s'allonge par terre, saute, headbang au rythme de ses riffs au groove hallucinant. La voix est un peu – trop – forte par rapport au reste, mais on s'y fait, la prestation n'est pas gâchée. « Crazy Horse » qui dure en longueur au milieu du set, solos et roulades au sol mettent le public hors de lui.
Pas de doutes, ce soir, White Miles a conquis des centaines de personnes. Plutôt bon présage pour leur album qui sortira le 1er Avril de cette année. Le duo quittera la scène sous l'ovation la plus totale d'un Ninkasi charmé par ce show si énergique.
Blues Pills
Ils se font attendre très longtemps, près d'une vingtaine de minutes, et pourtant l'ambiance est toujours présente. Blues Pills arrive sur scène au rythme du tambourin de la belle Elin Larsson et de la rythmique pur blues de Dorian Sorriaux et sa guitare. Elin est très énergique, elle bouge et danse en occupant la scène à elle toute seule. Contrairement à ses camarades qui, eux, sont statiques au possible. Dorian et Zach Anderson (basse) se contentent de faire un petit pas en avant de temps en temps, pas très envoûtant tout ça. Heureusement leur musique et leur chanteuse se chargent de ceci pour eux.
Avec Blues Pills, on fait dans le vintage moderne. Un son de guitare saturé, une basse à la limite de la distorsion, puis une batterie légère et feutrée qui n'en est pas moins puissante. André Kvarnström, à la batterie justement, se contente vraiment du strict nécessaire. Une grosse caisse, deux ou trois fûts, quelques cymbales et le tour est joué, pour une prestation des plus prenantes.
Un concert qui débute sous les airs de « Black Smoke », « Bliss » et « Astraplane », trois titres plutôt énergiques à l'ambiance blues-rock enivrante. Mais quoi de mieux que « No Hope Left For Me » afin de laisser le charme suédois opérer ? Elin Larsson nous entraîne tous, avec sa voix modulée, sur un très bon « Gipsy », une reprise de Chubby Checker & Fat Boys.
Blues Pills livre un show très chaleureux grâce à leur chanteuse, malheureusement la froideur du son de guitare n'est parfois pas très agréable. Les solos, aussi excellents et vintage soient-ils, sont très criards. Mais ceci n'enlève rien au talent du jeune guitariste français puisque ce son est très clairement voulu, et représentatif de l'image de la musique qu'a en tête le quatuor. Ca reste quand même très intéressant d'assister à une telle représentation. C'est voir un concert aujourd'hui, en 2016, alors qu'il aurait très bien pu avoir eu lieu dans les années 60. Des larsènes par-ci par-là, une voix venue d'ailleurs, ce son vintage etc.
On passera par le désormais culte « High Class Woman », sur lequel Elin se lâche complètement vocalement. Et que c'est beau ! Sûrement la pièce maîtresse de ce concert. Surtout quand s'en suit un superbe « Ain't No Change » et un si doux « Little Sun » pour clore cet excellent live avant rappel. « Yet To Find » en acoustique et « Devil Man » avec son intro de chant a cappella, font office de rappel justement, histoire de bien terminer la soirée.
Blues Pills c'est synonyme d'harmonie musicale. Tous les instruments sont dosés à la perfection, ils vont bien ensemble. La lourde basse presque saturée compense les aigus de la guitare pendant que l'aspect feutré de la batterie adoucit les envolées lyriques d'Elin Larsson. Un mélange des cultures qui passe par la Suède, la France et les Etats-Unis mais les racines musicales sont les mêmes pour tous, pour un mélange musical des plus agréable.
Merci à Mediatone qui a permis à plusieurs centaines de personnes de voyager quelques heures ce soir là.
Photographies :
Lukas GUIDET, Laure Rouseville et Manuel SALAZAR
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