Première date de la tournée concoctée par Metal Obs’, ce concert associant Bukowski et Dagoba en pleine campagne touloise avait de quoi rameuter, malgré la concurrence de Celeste à quelques kilomètres de là. Une affiche d’autant plus intéressante que les deux groupes amis présentent pour la première fois leurs nouvelles sorties, Tales Of The Black Dawn et On The Rocks tous deux sortis l’an dernier chez Verycords. De quoi faire trembler les murs du mythique pub rock Chez Paulette.
A.c.o.D
La lourde tâche d’ouvrir la soirée revient aux marseillais d’A.c.o.D. Encore peu connu dans cette partie de la France, le groupe profite de l’invitation de Dagoba à ouvrir la tournée pour tenter d’imposer son death mélodique pendant les courtes trente minutes qui lui sont allouées.
Dans le style, on sent que l’on est très proche de la scène de Göteborg des années 90 avec des riffs que ne renierait pas In Flames période Clayman ou Colony. Rien à dire sur les titres, très solides du point de vue composition. En ce qui concerne le son en revanche, c’est plus compliqué avec des mélodies audibles seulement par intermittences, de quoi faire perdre pas mal de son piquant au set du combo.
Du côté des musiciens, tout le monde fait le boulot plus ou moins bien, mention spéciale à Chris qui envoie sans discontinuer des riffs très intéressants (quand ils sont audibles) et à Jé à la basse. Les titres défilent et on note parfois quelques rythmiques plus violentes, à la frontière d’un Heaven Shall Burn sur « Death Breath » notamment.
Le chant de Fred est la plus grande surprise de ce set. Plus black que death avec parfois un petit côté Steffen Kummerer d’Obscura, le frontman ne faiblit pas vocalement pendant toute la durée du concert. Fortement inspiré par Shawter de Dagoba dans ses invectives au public, il tente régulièrement de motiver les troupes, sans trop de succès début de soirée oblige. Quelques moshs timides émergeront cependant en fin de set.
Au final il manque un petit quelque chose pour que la prestation d’A.c.oD reste dans les mémoires. Les titres sont bons et bien construits mais aucun ne retient véritablement l’oreille et le set en vient à sa conclusion au bout d’une bonne demi-heure. Les marseillais, poulains de Dagoba auront en tout cas réussi à convaincre une tranche du public sans problème.
Bukowski
Premier gros morceau de la soirée, on ne présente plus le rock à tendance stoner de Bukowski, leur dernier album On The Rocks n’ayant fait que confirmer leur ascension fulgurante. Les parisiens ne débarquent pourtant pas en terrain conquis puisqu’ils n’ont jamais joué chez Paulette et que le public présent en début de set est plus dans l’observation que dans l’action.
Loin de se laisser démonter, le groupe joue comme à son habitude un set carré en démarrant avec le tube « Keep Your Head On », extrait d’Hazardous Creatures. Comme d’habitude également, Julien Dottel à la basse est déchainé dès le début de set et s’égosille dans son micro armé de son langage pour le moins fleuri.
Fred Duquesne est actuellement en tournée avec Mass Hysteria mais son remplaçant Clément (et ses dreads encore plus imposantes) assure ses parties sans aucun problème en headbangant comme un beau diable. On voit difficilement comment le groupe pourrait faire mieux en live, avec des musiciens tous au diapason à l’image de Timon qui martyrise sa batterie pendant les 45 minutes de set. Et que dire de la voix en or de Mathieu Dottel, chaude et rocailleuse qui nous caresse dans le sens du poil avant que son frère ne vienne intervenir de son scream acéré. Et encore, on n’a pas le droit aux titres les plus chargés en émotion comme « Birth » ou « The Midnight Son ».
Axant son set en majorité sur des titres directs, Buko s’autorise néanmoins la classique power ballade « Brothers Forever » mais surtout des incursions bien senties dans le stoner bluesy. « The Smoky Room » ou le break innatendu de « Mysanthropia » sont de belles réussites qui permettent au combo de varier son champ d’action et de montrer un visage tout aussi séduisant que lorsqu’il balance ses gros riffs.
Malgré la relative apathie du public, le groupe semble quand même content de l’accueil qu’il reçoit et n’oublie pas de rendre hommage à Paulette, patronne du pub sans qui il serait impossible d’assister à ce genre de concert au milieu de la campagne touloise. Le frontman rend également un hommage sobre et émouvant aux victimes des attentats de novembre en demandant à l’ensemble du public de s’asseoir pour mieux se relever aux premières notes de « Hazardous Creatures ».
On se rend compte que le set de Bukowski est passé à la vitesse de la lumière quand Mathieu nous annonce qu’il ne reste plus que trois chansons. Temps de jeu trop court et setlist frustrante puisque le superbe dernier album n’est représenté que par deux titres et que le génial The Midnight Sons passe à la trappe avec zéro titre joué. On n’aurait pas renié un petit « Hearing Voices » ou « The Scarecrow » mais ce sera vraisemblablement pour la prochaine fois.
« Car Crasher » et son wall of death finit par réveiller le public, un peu tardivement et Bukowski termine son set sur une reprise d’ « I’m Broken » de Pantera, dans une ambiance qu’il aurait mérité depuis le début. Sans fioriture, le groupe mène toujours ses concerts avec une énergie rock n’ roll authentique qui fait plaisir à voir. Dommage que le public ait peu suivi ce soir, empêchant le grain de folie habituel de leur show de faire son apparition. Peut-être qu’une date en tête d’affiche ne serait pas de trop.
Setlist :
Keep Your Head On
My Name Is Kozanowski
The Smoky Room
Brothers Forever
Vampire
Mysanthropia
Hazardous Creatures
Car Crasher
Dagoba
Tête d’affiche de la soirée, Dagoba monte sur scène à 22h30 pour 1h15 de furie comme savent si bien la créer les marseillais. Franky Costanza perché derrière sa batterie s’occupe d’haranguer la foule avant que le set ne démarre sur « Eclipsed » du dernier album Tales Of The Black Dawn.
Immédiatement, on constate que le son est excellent et que la motivation des musiciens est toujours au top, malgré les tournées incessantes. Werther et Shawter jouent continuellement avec le public qui se réveille enfin et lance un moshpit digne de ce nom. Seul Z paraît plus en retrait, presque emprunté, en assurant tout de même ses parties de guitare à la perfection.
Les marseillais aiment amener de la théâtralité dans leur show et cette nouvelle tournée ne fait pas exception. Les samples et autres jets de fumée font désormais partie intégrante du concert, au même titre que l’eau que se déversent en abondance les musiciens sur la tête. Dagoba est une machine parfaitement rodée pour les concerts mais arrive tout de même fort heureusement à garder une certaine spontanéité qu’ont perdu un certains nombres de groupes en tournée intensive. Cela fait plaisir à voir.
Depuis la sortie de Tales of the Black Dawn, le combo n’a que peu modifié sa setlist et c’est là le gros point noir du set. Pour les habitués, aucune surprise puisqu’on retrouve les classiques « The Great Wonder », « I, Reptile » ou encore « Black Smokers ». Les passages obligés que sont le wall of death de « It’s All About Time » et le circle pit de « The White Guy » sont toujours là et les titres du nouvel album comme d’éventuelles vieilleries ou surprises ont bien du mal à se glisser dans cette setlist. Le très bon « The Sunset Curse » parvient à tirer son épingle du jeu mais pour le reste, le groupe campe sur ses acquis ce qui est un peu dommage.
Mis à part ce détail, le concert passe plutôt bien. Indéniablement, Shawter est plus avenant que par le passé ce qui rend l’interaction avec le public plus naturelle. Citant Lars Ulrich ou partageant son Jack avec le premier rang, le frontman s’empare même d’un appareil photo en fin de set pour immortaliser lui-même le circle pit final. Franky Costanza de son côté est égal à lui-même. Les salles intimistes comme Chez Paulette sont une bonne occasion pour observer de près son jeu de batterie spectaculaire. On a tendance à s’y habituer mais le batteur est toujours aussi impressionnant, n’affichant aucune faiblesse tout au long du set même sur les titres éprouvant comme « Born Twice ».
Dagoba termine son concert sur un « I, Reptile » éprouvant pour les nuques des spectateurs. Après avoir brièvement quitté la scène, le groupe revient accompagné de Julien de Bukowski pour « The Things Within » où le bassiste des parisiens s’en sort avec les honneurs. Rien à dire sur la performance de Dagoba qui confirme encore et toujours son statut d’incontournable sur la scène metal française. Pour les fans en revanche, un renouvellement dans la setlist serait le bienvenu avec pourquoi pas le retour de morceaux de Face The Colossus.
Setlist :
Intro
Eclipsed
The Man You're Not
Black Smokers
When Winter...
Born Twice
Epilogue
The Sunset Curse
It's All About Time
The Great Wonder
I, Reptile
The Things Within
The White Guy (And The Black Ceremony)
Photos : Oeil du Viking Photographie
Merci à HIM Media et à Music For Ever Productions.