Grand Magus au Divan du Monde (09.01.2012)


Magie nordique au Divan du Monde

En ce lundi 9 janvier, les suédois de Grand Magus Sont revenus donner un bon coup de marteau au public français, dans le cadre de leur tournée pour l’album Hammer Of The North, sorti chez Roadrunner en 2010. Pas moins de quatre groupes sont présents pour ouvrir les hostilités. Il s’agit de Bullet, Steelwing, Skull Fist et Vanderbuyst, tous des groupes relativement jeunes qui ont choisi de se tourner vers un style old school. Report d’une bonne grosse brochette heavy metal.


Vanderbuyst

C’est le power-trio hollandais qui a ouvert cette soirée tournée vers le old-school. L’entrée en matière s’est faite comme avant Saxon en mai 2011 : Tonitruante. Sans prévenir, les trois jeunes musiciens déboulent sur un "Black & Blue" du feu de Dieu, enchaîné avec un "KGB" joué à toute vitesse. Pas de temps mort avec Vanderbuyst, les trois en veulent et le montrent bien.

En effet, les metalleux assistent à un gros déballage d’énergie, avec un Jochem Jonkman qui se montre bien plus convaincant au chant sur scène qu’en studio. Avec son timbre rocailleux, il déclame ses lignes de chant sans jamais défaillir. Du côté droit de la scène, son acolyte guitariste Willem Verbuyst joue comme un possédé. Avec une chorégraphie des plus hors normes, qui ferait presque oublier que le bonhomme possède un squelette, il arrive à reproduire ses solos à la perfection. Le mélodique "Into The Fire" n’en est que sublimé. Le batteur Barry Van Esbroek, en forme aussi, ne fait pas d’écart et sa frappe rapide et précise ne dépareille pas face à tant de fougue.

Un groupe qui a réussi son pari en convaincant public présent, grâce à un son bien à la hauteur de leur performance. Malheureusement, le fait de jouer de bonne heure ne les a pas permis de glaner un grand nombre d’amateurs. Il ne reste plus qu’à attendre leur prochaine tournée !

Vanderbuyst

Setlist :

Black & Blue
KGB
December
Tiger
Into the Fire
Stealing Your Thunder
Don't Believe A Word (reprise de Thin Lizzy)
From Pillar To Post

Skull Fist

Ensuite viennent les canadiens de Skull Fist, eux aussi tournés vers le passé, mais dans une optique plus heavy metal des années 80 que leurs prédecesseurs. Un groupe que l’on pourrait facilement rapprocher des suédois d’Enforcer. Leurs influences sont semblables.

A cinq sur scène et aidés par un son correct, les jeunes hardos arrivent à enchaîner chansons accrocheuses aux mélodies bien pensées, qui viennent se scotcher à l’esprit sans prévenir. Allié à du fun sur scène, avec un chanteur qui porte le guitariste soliste sur ses épaules en fin de set, ce combo a tout pour être redoutable.

Malheureusement pour eux, les titres donnent une impression de déjà-entendu. C’est l’écueil principal à éviter quand on essaie de renouer avec un style qui a déjà donné de nombreux tubes, et cela reste pardonnable pour un groupe qui n’a qu’un seul album a son actif, et donc une bonne marge de progression.

Cette marge, le chanteur Jackie Slaughter pourrait aussi en user. S’il n’a pas à rougir de sa performance vocale, sa manie d’aller chercher constamment les aigus rend son timbre enfantin difficilement supportable. Un registre plus varié serait souhaitable.

Malgré ses défauts, Skull Fist reste appréciable sur scène, et ce contact avec le public français a bien fonctionné, compte tenu des sourires affichés sur les visages des spectateurs présents.

Skull Fist

Setlist :

Attack Attack (reprise de Tokyo Blade)
Like a Fox
Ride the Beast
Get Fisted!
Ride On
Commit to Rock
Sign of the Warrior
Heavier Than Metal
Head öf the Pack
No False Metal

Steelwing

Old school toujours, c’est au tour de Steelwing de revenir sur les planches parisiennes. Après avoir tâté la scène de l’Elysée Montmartre en ouverture de Blind Guardian en 2010, puis en ouverture d’Accept en 2011, ils sont prêts à défendre leur tout nouvel album : Zone Of Alienation.
Le style musical du groupe n’a pas changé. On retrouve cette même manie de tenter de faire comme Iron Maiden, de manière toujours aussi grossière, à grand renforts de basse galopante et de mélodies à reprendre en chœur. Une formule qui marche parfois, sur « "Solar Wind Riders" par exemple, mais qui tourne vite en rond.

De la même manière, si on omet le chanteur Riley Erickson habillé comme un strip-teaser, les tenues en spandex sont toujours de mise, et Roby Rockbag cherche toujours à être le sosie d’Adrian Smith. Ces allures de cover band mal assumé ne font pas l’unanimité au Divan du Monde, et le groupe ne bénéficie pas du meilleur accueil. Cela ne les empêche pas d’offrir une performance musicale honorable et d’afficher une belle banane sur scène.

On pourrait également imputer cette froideur aux problèmes techniques du frontman, qui ne pourra rien sortir de son micro, à part des screams digne d’une "air raid siren" (que ceux qui ne comprennent pas ressortent leur exemplaire de The Number of The Beast). Si cela entrainera des crises d’énervement compréhensibles de sa part, il sait rester proche de son public, et ira même le saluer pendant l’instrumentale "They Came From The Skies".

Une performance qui manquait de saveur, la faute à un groupe qui ne sait pas se distinguer de ses influences. Steelwing reste donc égal à lui-même, à défaut d’être l’égal d’Iron Maiden.

Steelwing

Setlist:

2097 AD (intro tape)
Solar Wind Riders
Headhunter
Full Speed Ahead
The Illusion
They Came from the Skies
Lunacy Rising
Roadkill

Bullet

C’est maintenant au tour des bikers suédois d’entrer en piste. Derrière une pancarte digne d’une fête foraine qui arbore un "Bullet" formé d’ampoules, ils sont prêts à envoyer la purée.
Comme leurs prédécesseurs, Bullet ne brille pas par sa créativité et se contente cette fois-ci de faire un Accept-like. Riffs Heavy Metal efficace, mid-tempos en acier trempé et up-tempos à tout berzingue, les experts en balistique ont bien révisé leur Restless And Wild. Ce n’est pas le chanteur Hell Hofer, en bon clone d’Udo Dirkschneider, qui dira le contraire.

Bullet chanteur

Malgré cela, le groupe y croit dur comme fer, et arrive à aligner compositions efficaces et accrocheuses. Les membres charismatiques arrivent à se mettre le public dans la poche sans problème. Aucune prise de tête, l’étiquette "biker" est clairement assumée, en témoignent les titres explicites de leurs chansons.

Le groupe bénéficie en plus d’une bonne paire de guitaristes, Hampus Klang et Erik Almström, qui arrivent à aller riffs efficaces et solos concis. Aidé par une section rythmique en béton, avec la basse d’Adam Hector, bien mise en avant, et la grosse frappe de Gustav Hjortsjö, Bullet peut faire feu à volonté.

Le public, cette fois bien présent, n’hésite pas à reprendre les chœurs et à acclamer les motards comme il se doit. Un groupe qui a probablement gagné des fans ce soir, avec leur musique anti-prise de tête.

Bullet guitare

Setlist:

Highway Pirates
Back On The Road
Turn It Up Loud
Stay Wild
Roadking
The Rebels Return
Dusk Til Dawn
Bang Your Head
Bite The Bullet

GRAND MAGUS

Après ces quatre groupes d’ouverture, il est temps pour le Divan du Monde d’accueillir enfin Grand Magus. Power-trio suédois qui se situe quelque part entre le heavy et le doom metal, ils étaient attendus de pied ferme pour leur retour tant attendu dans la capitale, après l’annulation de leur concert en première partie de Grave Digger en avril 2011.

Ce sont donc trois musiciens heureux de revenir sur à Paris, et cette fois en tête d’affiche. Aidés par un son remarquablement clair, les suédois peuvent livrer à loisir leurs compositions épiques et parsemées de riffs pachydermiques qui appellent immédiatement au headbang. Le groupe offre une prestation carrée, avec des musiciens calés au millimètre qui maîtrisent parfaitement la scène. Seul écart du concert : quelques pains sur le titre "Ulvaskall (Vargr)" en fin de set, avec un JB embrouillé avec sa pédale de guitare.

JB Grand Magus

Ce JB se trouve être un frontman hors pair. Doté d’un charisme naturel qui lui permet de captiver l’ensemble du public sans bouger le petit doigt, notre guitariste-chanteur s’amuse à parler au public dans un français plus que correct, et même à jouer au charmeur. Un talent de plus pour ce chanteur au timbre chaleureux et au jeu de guitare propre.

Les deux autres membres ne sont pas en reste. Le bassiste Fox, aussi en charge des chœurs, n’a pas le charisme de son voisin mais maîtrise bien son sujet. Power-trio oblige, son instrument n’est pas oublié dans le mix, et sa basse ronde peut hypnotiser le public en transe. Seb, le batteur, ne démord pas et martèle sans relâche ses rythmiques guerrières, avec une énergie débordante.

Mais Grand Magus, ce n’est pas seulement du metal bien exécuté. C’est un voyage vers les terres nordiques, une découverte des légendes et du folklore suédois. Les trois vikings arrivent sans peine à emmener les parisiens vers ses terres inconnues. Cet aspect donne une force supplémentaire aux morceaux, une dimension épique qui rend inoubliables les interprétations des classiques "Hammer Of The North" ou "Iron Will".

Côté public, c’est le bonheur complet. Si la musique de Grand Magus n’invite pas aux pogos et autres mosh barbares, personne ne s’ennuie. A grands renforts de reprises de chœurs et de cris guerriers, les fans montrent qu’ils savent manifester leur présence.

Fox Grand Magus

On regrettera malheureusement un set bien trop court pour nos trois suédois. A peine une heure, c’est un temps disproportionné par rapport à la grandeur de leur musique. Enlever un ou deux groupes d’ouverture aurait probablement permis à nos vikings d’offrir plus d’hymnes épiques.
Malgré cela, aucun album n’est oublié dans cette petite setlist. La part belle est faite aux deux derniers albums, Iron Will et Hammer Of The North, avec les excellents "Like The Oar Strikes The Water" ou "I, The Jury". Mais Wolf’s Return, ou "Le retour du loup" comme le dit JB, arrive à glisser deux titres dans le set, alors que Monument n’est représenté que par "Ulvaskall (Vargr)".

Après une tempête aussi courte que marquante, il est maintenant temps pour Grand Magus et leurs quatre escadrons de repartir vers la suite de la tournée européenne, et pourquoi pas en Drakkar ?

Setlist:

Intro
Kingslayer
Like The Oar Strikes The Water
Silver Into Steel
I, The Jury
Wolf's Return
Ravens Guide Our Way
The Shadow Knows
Hammer Of The North

Rappel :
Ulvaskall (Vargr)
Iron Will

Un grand merci à Hellbangeuse photography et au webzine Hard Force pour les photos du concert.
 



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