Après l'excellentissime Magic Mountain, Black Stone Cherry revient avec un cinquième album intitulé, non sans une pointe de chauvinisme, Kentucky. Le groupe nous offre cette fois-ci un opus aux allures de nouveau départ. Car oui, Kentucky marque à coup sûr un tournant dans la carrière de Black Stone Cherry. Au bout de 15 ans après leurs débuts, ces derniers parviennent encore à nous offrir un album aussi différent que cohérent. Le rock énergique et festif de Black Stone Cherry n'avait jamais déçu jusqu’ici, en sera-t-il de même avec Kentucky ?
La bâtisse au sein de laquelle le combo a commencé en couverture et leur ville natale en titre d’album : cette galette signe un retour aux sources, plein de sincérité, affirmant encore un peu plus l'identité du groupe. Agressif, certainement plus spontané et personnel, Kentucky est l'album le plus puissant composé par le quatuor à ce jour.
Black Stone Cherry a quitté Roadrunner Record pour aller du côté de Mascot Label Group. On ressent le besoin d'un nouveau départ et de prises de liberté. Un besoin d'agir par soi-même et d'aller plus loin sur le plan musical.
L'album s'ouvre sur un constat plutôt pessimiste et amer sur l'époque à laquelle nous vivons. Effrayant, triste, le groupe expulse sa colère sur « The Way Of The Future ». D'emblée les riffs sont lourds et agressifs. « In Our Dreams » confirme l'ambiance sombre de ce nouvel opus, notamment avec le clip qui l'accompagne, doté d'une vraie histoire et d'une esthétique étonnamment travaillée.
Black Stone Cherry exploite donc une nouvelle facette sans être moins pêchu que d'habitude, bien au contraire. En effet, les morceaux restent efficaces et énervés malgré leur aspect grave, comme peuvent le démontrer « Darkest Secret », ou encore « Born To Die » et son solo enflammé.
Kentucky possède néanmoins son lot de compositions rentre-dedans, légères et pleines de bonne humeur. Black Stone Cherry ne délaisse donc pas son côté rock'n'roll et festif, « Shaking my Cage » balance un riff saturé plutôt massif, illustrant plutôt bien la prise de liberté du groupe. La basse groove et Jon Lawhon nous offre un joli plan mélodique sur le couplet. Dans la même veine, « Cheaper To Drink Alone » et « Soul Machine » donnent une furieuse envie de bouger son popotin.
De leur côté, les chœurs féminins et les trompettes apportent du corps et un méchant groove à « Soul Machine ». Un aspect plus lourd est aussi développé sur « Hangman » et « Feelin Fuzzy ». Kentucky permet donc au groupe d’exploiter différentes facettes, par le biais de compositions riches et qualitatives.
Parmi les surprises de l'album, le morceau « War » diffère complètement de ce qu'on avait l'habitude d'entendre de la part de Black Stone Cherry. Il s'agit d'une reprise surprenante d'Edwin Starr, qui permet d’apporter une couleur soul à la palette du groupe. Indéniablement, ce nouvel accent leur sied à ravir. Des cuivres et des chœurs à gogo, mais qui n’effacent en aucun cas la patte du groupe. Les rugissements de Chris Robertson restent reconnaissables entre mille et l’énergie du quatuor se mélange parfaitement aux intentions initiales du morceau. Même en ayant été initialement écrit en 1969 contre la guerre du Vietnam, ce titre raisonne de façon très actuelle. Un morceau protestataire, hargneux, qui dans l'idée, rejoint « The Way Of The Future ».
D'autres morceaux apportent une touche plus personnelle à l'album. L'esprit mélancolique de « Long Ride » ne peut que toucher l’auditeur en plein cœur. « The Rambler », qui a été écrit en collaboration avec Jasin Todd (ex-Shinedown) et qui fait très certainement écho à la vie du groupe, est lui aussi chargé d’émotion. Ce titre est indéniablement fait sur mesure pour Black Stone Cherry, d'autant plus que la voix de Chris Robertson sublime le tout et offre une très belle conclusion à ce nouveau disque.
Difficile de ne pas être séduit par cet opus. Black Stone Cherry est parvenu à composer un album qui fait sens au sein de sa discographie. Kentucky parvient à se démarquer tout en restant cohérent avec l'esprit du groupe. À écouter en boucle, sans modération et du matin au soir. Il ne fait aucun doute que Kentucky sonnera divinement bien en live et s'adaptera sans aucun souci aux sets débordants d'énergie des quatre Kentuckiens.