Mélodique, groovy, puissant, les mots pour définir le style de Greenleaf sont variés, et réfèrent tous à des styles très différents. Pourtant, on a bien affaire à du stoner. Et pas n’importe quel type de stoner : du bon stoner.
Ce sixième album des Suédois de Greenleaf marque un tournant de plus dans leur carrière - carrière de 16 ans, il faut le dire. Après avoir changé de chanteur et de batteur pour leur album précédent, ils changent maintenant de label et signent avec Napalm Records.
L’album commence sans fioritures ! Un rapide roulement de tambour à la Motörhead, et la machine de guerre est lancée. On sent, au fil des morceaux, qu’un thème global est respecté. Les morceaux sont cohérents entre eux, on reste toujours dans le même univers avec tantôt un détour psyché, tantôt un passage par quelque chose de plus doux, de plus léger, mais tout en restant dans un esprit stoner assez grave. Il faut admettre que c’est plutôt plaisant.
S’il y a bien une chose que l’on remarque dès la première écoute, c’est que le guitariste est en forme. Sans en faire trop, l’excellent Tommi Hoppala (aussi membre de Dozer) tente de nous montrer ce qu’il vaut, et ça marche. Ses riffs orageux, tout droit sortis des tréfonds de certains albums de Black Sabbath, ses lignes mélodiques, souvent groovy et parfois psyché... tout ça fera le plus grand effet sur tout amateur un tant soit peu désireux d’entendre du bon et vrai stoner. Sans pour autant faire une démonstration technique, ce gars-là en impose.
Niveau rythmique, il n’y a rien à redire. Le batteur Sebastian « Kongo » Olsson (dont on comprend facilement d’où le surnom provient) a un style de jeu bucheronesque comme on les aime, et le bassiste fait des merveilles par dessus le martèlement effréné de son collègue percussioniste. Le jeu saturé et claquant de Johan Rockner colle parfaitement bien au reste du mix. Les amoureux des fréquences basses pourront néanmoins lui reprocher d’être parfois légèrement sous-mixé.
En revanche, la prestation vocale laisse légèrement perplexe. Arvid Jonsson possède une voix plutôt atypique pour le style musical déployé, et ça se ressent, parfois même un peu trop. Alors que les instrumentistes apportent une ambiance profonde et obscure, la voix un peu trop haute et légère du chanteur tend à créer une gêne. Qui plus est, le mix de certains morceaux n’est pas pour l’aider. Dans "Howl", on se dit que quelque chose de plus profond et de plus marqué serait peut-être plus adéquat.
Est-ce un problème de mix ou de personne ? Difficile à dire, car la problématique était la même pour leur précédent album Trails & Passes.
Fait rare qu’il faut quand même souligner : tous les titres sont bons, sinon excellents. Cet album s’écoute d’un bout à l’autre sans trop de problème et l’on a pas besoin de se forcer pour rentrer dans le sujet. Les lignes mélodiques restent en tête, certaines anomalies comme "Carry out the Ribbons" fonctionnent très très bien, et ajoutent une dimension cosmique à l'ensemble. "Golden Throne" est entrainant, "Funeral Pyre" est excellent, et le titre d'ouverture de l’album, "A Million Fireflies", est un chef d’œuvre. Et en guise de conclusion, "Pylgrim" fait très fort. Cet ultime morceau établit une synthèse relativement précise du travail achevé avec cet album.
Greenleaf s'est récemment produit au Divan du Monde, principalement pour jouer des morceaux de Trails & Passes, mais aussi pour présenter certains titres de Rise above the Meadow. Une prestation bien à l'image de ce nouvel opus, que nous vous racontons ici.
Pour finir, en écoutant cet album, on prend une véritable claque. Rise Above The Meadow pourrait bien devenir un must pour les fans du groupe.
Baptiste Edmond