Ville Sorvali, chanteur et bassiste de Moonsorrow

Un an est passé depuis notre dernière interview avec les membres de Moonsorrow. Ville Sorvali et Mitja Harvilahti nous avait fait miroiter la possibilité qu'un nouvel album voit le jour début 2016, et c'est chose faite! Leur nouvel album Jumalten Aika, ou l'Âge des Dieux en français, sort le 1er avril prochain. Le groupe entame maintenant une tournée européenne avec huit dates en France dans des salles de concerts et deux dates sur des festivals cet été. Une au Hellfest et l'autre au Ragnard Rock Fest. Voici ce que Ville Sorvali, chanteur et bassite du groupe, nous dévoile sur leur album et sur cette tournée européenne.

Eloïse : Votre nouvel album, Jumalten Aika sort le 1er avril. L’an passé, on s’était vu au Cernunnos Festival à Paris et je vous avais demandé à Mitja et toi pourquoi avoir choisi de faire un pack avec 14 vinyls reprenant vos anciens albums, plutôt que d’en créer un nouveau et vous m’aviez dit que vous aviez commencé à composer deux ans auparavant mais que vous n’étiez pas satisfait du résultat et que vous aviez tout jeté à la poubelle.

Ville Sorvali : Oui, c’est vrai… C’est ce que nous avons fait…

Eloïse : Vous m’aviez également dit qu’un nouvel album était prévu pour début 2016. Êtes-vous satisfait de ce que vous avez fait ou est-ce que vous aviez à respecter une deadline ?

Ville Sorvali : On a toujours tendance à repousser la deadline si on sent qu’on ne sera pas prêts à temps. Notre production passe toujours en premier. On doit être totalement satisfaits de nos productions ou alors on ne les enregistre pas. Je suis content qu’on ait réussi à tout faire à temps, sans avoir à repousser la deadline une nouvelle fois. Il y a deux ans, on a dû dire à notre label qu’on avait tout balancé et qu’il n’y aurait pas de nouvel album tout de suite. Ca n’aurait pas été très gentil de notre part de leur raconter la même histoire une fois encore !

Eloïse : Votre nouvel album sonne bien plus folk que les précédents. Pourquoi ce choix ?

Ville Sorvali : Je crois qu’on voulait un peu remonter le temps. On voulait explorer les éléments qu’on avait à nos débuts, les choses qui nous ont inspirées même avant que le groupe ne soit créé. Je ne sais pas vraiment ce que ça donne musicalement parlant, mais en effet notre son est bien plus folk que sur les albums précédents et c’est tout à fait intentionnel. C’est un peu comme un retour aux racines.

Vous pouvez vous faire votre propre opinion avec la découverte de ce premier morceau de l'album:

Eloïse : Qu’est-ce vous préférez dans la création d’un album : composer, enregistrer, ou être sur scène ?

Ville Sorvali : Je pense que je préfère être en tournée parce que le plus dur du boulot est fait. Composer est la partie la plus difficile parce que cela pompe tellement d’énergie ! Bien sûr on adore ça mais les idées s’entrechoquent dans nos têtes tout le temps, elles ne te laissent pas tranquille tant que l’album n’est pas enregistré. Beaucoup d’aspects de nos vies privées en souffrent : principalement la famille et le travail. Composer la musique est un travail intense. Alors que quand on est en tournée la musique est faite, les gens ont déjà entendu l’album, on sait ce qu’ils en pensent. On a juste à monter sur scène et jouer les morceaux.

Eloïse : En parlant de tournée, vous allez commencer votre tournée européenne et vous avez choisi de jouer huit dates dans de petites salles de concert en France et 2 dates dans de gros festivals. Pourquoi avoir choisi de jouer autant de dates en France ?

Ville Sorvali : Je pourrais dire que c’est parce qu’on adore la France, ce qui est vrai, mais en vérité ce sont les gens compétents que nous avons employés qui choisissent pour nous. Notre tourneur et notre manager ont décidé qu’on allait faire ces dates. C’est difficile de trouver le temps et les endroits où jouer et on ne peut vraiment pas tout gérer nous-mêmes. On a besoin de professionnels pour le faire à notre place. Donc à chaque fois que quelqu’un vient nous dire : "Eh vous devriez jouer ici ou là." on répond simplement : "Parlez-en à notre tourneur si vous voulez vraiment que ça arrive !"

Eloïse : Connaissez-vous les salles où vous allez jouer ?

Ville Sorvali : Oui, on a déjà joué dans certains endroits et on va découvrir les autres. On s’est bien amusé sur les tournées précédentes, et particulièrement en France. On adore jouer en France, le public est vraiment à fond dedans, passionné !

Eloïse : Vous allez aussi jouer au Hellfest et au Ragnard Rock Festival cet été.

Ville Sorvali : Oui. On a déjà joué au Hellfest. Notre tourneur nous y a booké une date. Et on est impatient d’y être. C’est un super festival. C’est aussi assez énorme. On peut carrément s’y perdre!

Eloïse : Et qu’en est-il de la deuxième édition du Ragnard Rock Festival?

Ville Sorvali : Ils nous avaient déjà contactés pour la première édition. Mais notre planning ne nous permettait pas de venir y jouer. Je devais travailler ailleurs pour gagner ma vie, donc on n’a pas pu y aller l’an dernier mais je suis content qu’on puisse venir cette année.

Eloïse : Qu’est-ce qui vous plait dans ce festival ?

Ville Sorvali : Je n’en ai aucune idée ! Je ne sais absolument rien de ce festival.

Eloïse : C’est une sorte de festival viking. Il y a beaucoup de groupes de métal Folk et Pagan, mais aussi un marché viking et des troupes de reconstitution historique qui font des animations.

Ville Sorvali : Du coup, il y aura bien plus de choses à faire que de seulement regarder les groupes jouer. C’est génial ! J’adore ce genre de festival. On a joué dans ce type de festoch en Finlande aux côtés de Korpiklaani. Il y avait pas mal de groupes mais l’attraction principale était plus le marché médiéval.

Eloïse : Savez-vous aux côtés de qui vous allez jouer ? Et êtes-vous heureux de partager la scène avec les groupes annoncés ?

Ville Sorvali : Pour être tout à fait honnête, je n’ai même pas regardé… Mais je suis toujours heureux de partager la scène avec d’autres groupes. Mais je devrais peut-être vérifier qui joue. Mais bon, je m’intéresse à tout ça seulement deux ou trois jours avant le festival en général.

Eloïse : L’an dernier je vous avais demandé de me donner un seul mot pour définir votre groupe. Est-ce que tu te rappelles ce que tu avais dit ?

Ville Sorvali : Plusieurs personnes m’ont posé cette question. Et je réponds toujours un truc différent mais le plus souvent je donne le mot "SATAN !". Je t’ai dit ça la dernière fois ?

Eloïse : Oui en effet !

Ville Sorvali : En fait, ça vient d’un documentaire sur le métal [A Headbanger’s Journey]. A un moment tu vois le mec demander à un des membres de Gorgoroth s’il peut définir le Black Metal. Et là ça prend des plombes. Il fait tourner le vin dans son verre dans un silence de mort et d’un coup il dit : "SATAN !". Ma réponse est un peu un hommage au groupe. [rire]

Mais plus sérieusement, Moonsorrow n’a strictement rien à voir avec Satan. Mais c’est une bonne réponse. Satan représente bien plus de choses à nos yeux en tant que personnes que le Dieu chrétien.

Eloïse : Cela fait écho avec le titre de votre nouvel album, Jumalten Aika, qui signifie L’Âge des Dieux. Est-ce que vous croyez aux dieux de l’ancien temps ?

Ville Sorvali : Je ne pense pas que quiconque ayant accès aux méthodes scientifiques actuelles puisse croire réellement en Dieu ou en des dieux. Mais les dieux sont de bonnes métaphores pour expliquer ce qui se passait aux temps des anciens peuples. Ils n’avaient pas de méthodes scientifiques pour expliquer certains phénomènes naturels. Ils vivaient dans et avec la nature au quotidien et voulaient la comprendre. Tout dépendait de ce que les gens comprenaient ou non de ce qui les entourait. Les dieux sont les métaphores des choses inexplicables de la nature et j’adore ces histoires.

Eloïse : Quelle est ton histoire préférée ?

Ville Sorvali : Je ne peux pas en choisir une en particulier. En général, j’apprécie différentes mythologies. En fait, j’aime particulièrement les différentes versions que les peuples ont inventées pour expliquer la création du monde et des hommes. Elles sont toujours un peu similaires peu importe de quel endroit du monde elles sont issues.

LGR : Je digresse un peu, mais si tu comprends un peu le français tu devrais jeter un œil à un dessin animé intitulé "Les Terres Imaginées". (La voix off est faite par Juliette. Si vous ne connaissez pas cette chanteuse et que vous ne vous intéressez pas qu’au métal, jetez-y une oreille)

Ville Sorvali : Mon français est horrible, mais ça m’intéresse. Tu pourras m’envoyer un lien où le regarder ou voir un extrait?

Eloïse : Oui bien sûr. Par contre, je vais revenir à ma question précédente. Maintenant que tu ne peux plus répondre "SATAN !" est-ce que tu peux me donner un seul et unique mot pour définir Moonsorrow ?

Ville Sorvali : Cette fois-ci je dirais bien "métal". Ce n’est pas très original mais je pense pouvoir parler pour les autres aussi en disant métal, parce que oui, Moonsorrow est métal !

Eloïse : Je ne m’intéresse pas seulement au groupe, je m’intéresse aussi à toi en tant que personne. Je vais donc te poser deux questions un peu plus personnelles. Que lis-tu et qu’écoutes-tu en ce moment ?

Ville Sorvali : Eh bien, pour être honnête, je dois dire que ne lis probablement bien moins que les gens ne le pensent. Je ne lis pas tant que ça. Je lis beaucoup de choses sur Internet. J’aime chercher des informations et des connaissances. Internet est un super outil pour ça. Par exemple, quand j’ai fait des recherches pour l’album, j’ai trouvé beaucoup de choses intéressantes sur de vieilles croyances finlandaises qu’on ne trouve pas dans les bibliothèques parce que personne n’a pris la peine de les écrire dans des livres ou les livres ne se trouvaient pas dans la bibliothèque près de chez moi. Je lis beaucoup de choses sur la toile, mais ce n’est pas forcément bon pour les yeux à causes de la lumière bleue de l’écran. Je devrais lire plus de livres !

Après c’est peut-être une chose étrange à dire, mais je pense que si les Vikings avaient eu Internet à leur époque, ils l’auraient utilisé parce qu’ils étaient d’une grande curiosité. Je pense que c’est la plus grande révolution depuis l’invention du feu. (J’aime bien dire ça mais la citation n’est pas de moi. Un ami m’a dit ça une fois et je trouve ça très juste).

Eloïse : et pour la musique ?

Ville Sorvali : Eh bien, en ce moment, c’est plutôt ennuyeux… J’écoute ma propre musique parce qu’on doit répéter pour la tournée. Du coup, j’écoute principalement les chansons de notre nouvel album pour apprendre comment les jouer. Mais je crois que mis à part Moonsorrow, le dernier groupe que j’ai écouté est un groupe de Folk Suédois appelé Gjallarhorn. Ça vient tout droit de la mythologie scandinave. C’est le nom d’une corne mythique. Pour moi, ce groupe est très inspirant. La musique n’est pas totalement traditionnelle. Il y a aussi des éléments modernes mais leur musique est très ancrée dans la musique folk des côtes finlandaises et suédoises.

Eloïse : Et tu ne te lasses jamais d’écouter ta propre musique ?

Ville Sorvali : Je pense qu’on aurait totalement foiré si c’était le cas ? Notre but est de faire de la musique que nous-mêmes apprécions en tant que personne. C’est vraiment très important. Donc non, je ne me lasse jamais de ma propre musique.

Eloïse : Merci d’avoir répondu à ces questions.

Ville Sorvali : Merci à toi, en espérant te voir ainsi que tout le public français pendant notre tournée.

 

Eloïse Morisse



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