Plus de dix années sur le circuit, et un nom bien connu dans la sphère metalcore. Pourtant, Adept reste presque cloisonné à ce rôle d'outsider, détronné par bons nombres de ses compaires dans le coeur des fans.
Avec les années, le groupe a su rester propre à son identité musicale, un metalcore bien ficellé aux influences post-hardcore. Cet album ne déroge pas à la règle, et un titre comme "Dark Clouds" en est un exemple probant. La chanson se veut rentre dedans, où le scream est présent dans les couplets, un classique. S'ensuit une partie chant sur un refrain, où on décèle une certaine limite. Le chant clair en serait presque un peu agaçant, et cette partie apparait presque un peu faiblarde à côté du reste.
Le chant clair. Voilà un des éléments qui fait pencher la balance entre une groupe possèdant une renommée bien plus forte et le reste. Robert Ljung se démarque beaucoup plus par sa dextérité sur les parties criées que chantées. Et comme si le groupe l'avait compris, l'album contient des titres beaucoup plus puissants et axés sur le scream.
Dans "Rewind The Tape", une des meilleures chansons de Sleepless, on retrouve un savant mélange entre du hardcore dans son instru, dans la rapidité et dans le scream de Robert Ljung et du metalcore notament dans les refrains et dans le son aigüe et entrainant des riffs de guitare.
On ressent également des inspirations beaucoup plus mélodiques, chères aux Suédois. "The Choirs Of Absolution" démarre par une longue intro mélodique, coupée par le cri de Robert Ljung. Le rythme puise dans ce post-hardcore/metalcore mélodique que le groupe présente depuis plusieurs années. Le morceau est d'ailleurs clairement axé dans cette veine puisque le scream est vraiment dominant sur ce titre, où la voix claire connait son moment de gloire au moment de clôturer la chanson.
Néanmoins, si cet album s'écoute agréablement, on ne peut s'empêcher de relever les nombreuses coupures qui existent sur chaque morceau. Plusieurs parties sont bien distinctes et on peut regretter ce trop plein de changements, car rien ne s'en dégage, on ne retient pas vraiment ce que l'on écoute. Sur "Black Veins", titre étonnamment long pour le genre, coexiste une introduction sur fond de voix parlée, un couplet -classique- où le chanteur y est maître et un refrain au chant clair. Le jeu de guitare, très mélodique, subit un break en plein milieu, où le tempo est ralenti avant de reprendre. Une autre coupure se fait avec un chant clair mis en avant, et où le rythme initial perd de son essence. Trop de breakdowns tuent le breakdown.
En somme, Adept essaye de se rattraper suite au décevant Silence The World. Et le groupe le fait, en proposant un album propre mais sans réel impact. Sleepless se présente comme une sorte de fourre-tout où toutes les bonnes influences ont été reprises dans chaque morceau, voguant sur un son metalcore saupoudré de hardcore. En clair, les membres d'Adept ont fait ce qu'ils savent faire de mieux, ni plus ni moins.