« Le blues représente la base d’à peu près tout ce que je joue ! »
A l’occasion de la sortie de Book of Shadows II vingt ans après le premier opus, La Grosse Radio a pu s’entretenir avec Zakk Wylde. Nous avons pu évoquer ensemble son amour pour le folk et Neil Young, mais également ses autres influences majeures que sont Black Sabbath ou Jimi Hendrix. Zakk a pu également nous dévoiler quelques informations sur la tournée à venir, qui passera notamment par Paris, Bordeaux et Grenoble en mai prochain. Entretien avec une légende de la guitare.
Bonjour Zakk, merci de nous accorder cette interview pour La Grosse Radio. Tu t’apprêtes à sortir ton nouvel album solo, Book of Shadows II, vingt ans après le premier opus. Est-ce que la tournée acoustique que tu as faite avec Black Label Society il y a quelques années, et qui a débouché sur Unblackened, t’a redonné envie de te replonger dans cet exercice ?
Et bien non, je pense surtout que cet album reflète surtout mon amour pour ce style de musique. J’ai toujours aimé des artistes comme Neil Young, The Band, The Eagles, Creedence Clearwater Revival, The Allman Brothers, les Stones… Tous ces artistes jouent ce style de musique. J’ai juste voulu jouer et enregistrer ce que j’aime écouter. C’est pour cela que j’ai choisi d’écrire des compositions dans ce style.
Tu mentionnes Neil Young. Effectivement, on retrouve des similitudes avec Harvest dans ces nouvelles compositions, mais il y a également un feeling assez bluesy. Es-tu d’accord avec moi pour dire que Black Label Society n’est finalement rien d’autre qu’un groupe de blues électrifié ?
Oui ! Sans aucun doute ! Le blues représente la base d’à peu près tout ce que je joue !
Est-ce que tu composes toujours en utilisant une guitare acoustique ?
Non. J’essaye toujours de choisir l’instrument qui m’inspire sur le moment. Certains instruments comme la guitare acoustique ou le piano vont te permettre d’aller dans une certaine direction musicale une fois amplifiés. C’est un peu ce qu’ont fait Led Zeppelin ou Black Sabbath.
Le disque contient de très beaux soli de guitare, notamment sur « Lost Prayer » ou « Darkest Hour ». Comment les écris-tu ?
Et bien je procède comme je l’ai toujours fait. Une fois que j’ai enregistré toutes les parties instrumentales et le chant, je prends ma guitare et j’enregistre ce que je joue. Je recommence jusqu’à ce que le résultat me plaise. Pour moi les maîtres dans cet art sont Randy Rhoads ou Jimmy Page. J’adore également des soli comme celui d’ "Hotel California" des Eagles. Sur ces morceaux, les soli ont un début, un milieu et une fin ! C’est ce que j’essaye de faire sur chacun des miens, de sorte à les rendre cohérents. C’est également comme cela que j’ai procédé avec Ozzy sur « Mama I’m Coming Home », « No More Tears » ou « Miracle Man » aussi. Ce sont tous des soli avec un début un milieu et une fin.
"Sleeping Dogs" a été choisi comme premier single de ce nouvel album. Comment l’as-tu choisi ?
Et bien toutes les personnes du label qui gravitent autour de moi voulaient un single. C’est plus ou moins eux qui ont choisi, même si je suis d’accord avec ce choix. En ce qui me concerne, j’aime l’ensemble des chansons de l’album, donc peu importe l’extrait pour moi.
Qui sont ces « Sleeping Dogs that Lie » comme tu le dis sur le refrain ?
(il hésite) C’est juste une analogie qui fait référence à une situation dans laquelle j’étais. J’ai écrit cette chanson à ce propos. Toutes les paroles de l’album font références à des choses personnelles qui arrivent avec les amis, ce genre de chose…Parfois c’est directement autobiographique, parfois je suis inspiré par un film que je viens de voir…
Justement à propos des paroles, elles semblent assez sombres sur l’album, avec des titres évocateurs comme « Yesterday’s Tears », « Sorrowed Regrets », « Darkest Hour »…
Tu sais, le côté autobiographique…il y a des milliers de façon de procéder, mais c’est vraiment comme cela que je le sens le mieux. J’ai besoin que les paroles me parlent et fassent écho à quelque chose qui me concerne.
Concernant l’artwork, j’ai remarqué que les deux crânes sur la pochette étaient positionnés de la même manière que les deux visages de bébés sur le premier opus…
Oui ! (rires) c’est bien entendu une référence au premier album ! Et l’arbre mort au milieu représente plutôt bien le contenu des paroles. C’est pour cela que j’ai choisi ce visuel en particulier.
Du coup, peut-on s’attendre à un troisième volume de Book of Shadows dans vingt ans ?
Oui ! (rires) Mais il faudra que je batte le record ! ça sera donc dans vingt-cinq ans ! (rires)
Au sein de Black Label Society, on trouve déjà de nombreuses ballades et chansons acoustiques. Je pense notamment à « Angel of Mercy » sur le dernier album de BLS. Quand tu as écrit les nouvelles, comment savais-tu si elles iraient pour BLS ou pour ton projet solo ?
Justement, un titre comme « Angel of Mercy » aurait très bien eu sa place sur cet album également. Tout comme "In this River", la chanson de Dime (chanson écrite par Zakk en hommage à Dimebag Darrell après l’assassinat de ce dernier NDLR). Pour moi, Book of Shadows condense tous ces titres que j’écris au fil des années. C’est une extension de Black Label Society. J’aime beaucoup le côté mélancolique de ces titres, c’est pourquoi j’ai envie d’en enregistrer régulièrement. Book of Shadows II, devrait plaire à tous ceux qui ont apprécié le premier. Il s’agit en quelque sorte d’un voyage du début à la fin avec des titres très mélancoliques.
Tu t’apprêtes à prendre la route et à venir en France pour trois dates. A quoi peut-on s’attendre en live ? Des reprises ? Des titres de BLS ?
Généralement on fait du Black Label Society, mais maintenant que nous avons deux albums avec Book of Shadows, on aura surement assez de matériel pour ne jouer que ces titres.
Qui jouera avec toi ? Seras-tu seul sur scène ?
Oh non, il y aura mes gars avec moi, mes frères de Black Label Society : JD (John DeServio à la basse NDLR), Dario (Lorina, guitare NDLR) et Jeff Fabb à la batterie. Tu verras quand tu viendras ! (rires) On ne fera certainement que Book of Shadows. Si on veut jouer des trucs plus heavy, on a Black Label.
Vingt ans après le premier opus de Book of Shadows, avec le recul quel est ton titre favori ?
J’aime l’intégralité de l’album, mais si je ne devais en choisir qu’un ce serait « Way Beyond Empty ».
Autre sujet, j’ai vu récemment une vidéo de toi jouant Black Sabbath sur une guitare Hello Kitty…
(il coupe) Oui ! (rires)
As-tu vu également la vidéo de Mike Portnoy jouant sur un kit de batterie Hello Kitty ?
Oui, c’était marrant aussi ! (rires).
Peut-on s’attendre à une collaboration entre vous deux, jouant sur des instruments Hello Kitty ?
Bien sûr ! Oui, pourquoi pas ! (éclat de rire)
En parlant de Black Sabbath, je sais que tu es un grand fan de ce groupe. Comment as-tu réagi quand tu as appris qu’ils faisaient leur tournée d’adieu ?
Et bien déjà nous avons tourné ensemble lorsque leur album 13 est sorti. C’était super de les voir jouer tous les soirs. C’était un vrai honneur pour nous. Je suis surtout content de savoir que même si c’est leur dernière tournée, le groupe sonne bien sur scène, Ozzy prend du plaisir et chante bien. Ils ont eu un album numéro 1, une tournée à guichet fermé et ils sont toujours au top ! C’est cool !
Tu tournes actuellement avec Experience Hendrix, un « tribute » à Jimi Hendrix. Peux-tu nous en parler ?
Oui bien sûr ! Ca se passe à merveille. C’est la troisième année que je participe à ce projet. Je le fais dès que j’en ai l’opportunité. Tu sais, on joue avec des gens qu’on apprécie. Il y a Buddy Guy et Billy Cox (ancien batteur de Band of Gypsys et du Jimi Hendrix Experience NDLR), mais aussi des guitaristes incroyables comme Kenny Wayne Sheperd, Jonny Lang, Dweezil Zappa, Eric Johnson…Ce sont tous des gars super ! C’est pour moi une occasion unique de participer à ça !
Pourrait-on voir Experience Hendrix en Europe ?
Ça serait super, mais malheureusement ce sont les tourneurs qu’il faudrait solliciter ! (rires). Mais ça serait vraiment génial.
Tu as joué au Hellfest il y a quelques années. Quels souvenirs en gardes-tu ?
C’est un super festival. Bien sur on a participé à de nombreux événements comme celui-ci, au Japon par exemple. Mais lorqu’au Hellfest j’ai jammé avec Ozzy c’était un grand moment. Il y avait Slash aussi. Le Hellfest, c’est toujours un bon moment mec !
L’univers de Black Label Society est tourné vers le monde des bikers. Anecdote amusante, il y avait sur Facebook une pétition qui tournait pour que tu fasses une apparition dans Sons of Anarchy. Même si la série est aujourd’hui terminée, est-ce que cela t’aurait plu ?
Bien sûr ! (rires) J’ai adoré mes expériences de tournage sur le film Rock Star (film de 2001 avec Mark Wahlberg NDLR) ou dans la série Californication. Ça a toujours été de grands moments !
Tu as participé de nombreuses fois aux albums solos de Derek Sherinian. Une nouvelle collaboration pourrait-elle voir le jour ?
Oui, bien sûr ! On se parle en permanence. Dès qu’il aura besoin de moi pour quelque chose, je serai prêt.
Merci beaucoup pour cette interview Zakk. As-tu un dernier mot pour nos lecteurs ?
Et bien merci à tous ceux qui forment ce french Chapter (Zakk Wylde fait toujours référence à ses fans selon cette appellation, directement inspiré des clubs de bikers NDLR). Restez fort ! On vient vous rendre visite très prochainement les gars !
Interview réalisée par téléphone le 23 Mars 2016
Merci à Olivier Garnier.
Photos promos : DR