Mésestimé pour certains, underground pour les autres, l'esprit du clan reste incontestablement une des valeurs les plus sûres du metal extrême tricolore. Alors qu'il y a presque cinq ans le groupe avait stoppé toute activité et laissé entrevoir un avenir plutôt flou, EDC revient en cette année 2016 avec un sixième chapitre s'apparentant à une énorme golden dans la mâchoire. Amputé de son chanteur Shiro, le monstre garde pourtant ses maîtres-mots : rage et engagement. Et c'est bien connu, c'est lorsque la bête est blessée qu'elle est la plus dangereuse...
Né dans la douleur, Chapitre V : Drama s'affichait comme l’œuvre la plus sombre, la plus occulte et probablement la plus véloce de l'Esprit du clan. Après une tournée marquée notamment par un passage au Hellfest 2012, le groupe s'était retiré des projecteurs. Ni en pause, ni séparée, le doute était de mise quant au futur de la bande originaire de Seine Saint-Denis.
L'Esprit du clan cru 2016, c'est d'abord deux absences : celle du bassiste Clément, officiant dans Hangman’s Chair et celle de Shiro, l'un des deux chanteurs, occupé à monté une société de coaching sportif. Le groupe se veut d'ailleurs plus que rassurant en précisant sur Facebook que « Shiro et Clem n’iront pas en tournée avec nous » et que « la famille reste soudée ». Rien ne laisse donc suggérer que la bande ne sera pas de nouveau un sextet à l'avenir.
Premier constat lors de la découverte de ce Chapitre VI, une tracklist plutôt bien garnie avec treize titres pour un total de 50 minutes. De quoi, à priori, rassasier les amateurs. Après une intro planante sur lequel est posé un monologue se terminant par "le phœnix renait de ses cendres", "Céleste" envoie le bois que l'on attendait depuis des cinq ans: des riffs très lourds suivent le rythme lent des fûts de Nicolas Bastos. Une mise en bouche vraiment lourde qui peut renvoyer dix ans en arrière et à Chapitre 2: Révérence. Après cinq ans d'absence, le phoenix est bel et bien vivant et sort le lance flamme.
Une première approche qui est également l'occasion de retrouver les hurlements et cette rage chers à Arsène, seul au micro donc. Le chanteur est au mieux de sa forme et assure, tout simplement. On retrouve donc ce growl particulier qui communique cette rage, notamment lors du passage "calme" de la très profonde "Le Roi est mort" où ce chant particulier prend une ampleur phénoménale.
Une énergie et un engagement palpables aux travers des textes toujours aussi bruts et percutants. Si les paroles de Chapitre V: Drama tiraient à vue sur les religions, Chapitre VI quant à lui s'avère plus "positif "et met en avant 'à l'image de Chapitre III : Corpus Delicti) la fraternité ("Le Dernier Homme"), la confiance ( "Or Astral"), la nostalgie et l'amour de ses racines ("Rat des villes"). Cette dernière piste s'avère d'ailleurs proprement excellente et a d'ailleurs fait l'objet d'un clip des plus sympathiques. Un bel (et véloce) hommage à la capitale française.
Musicalement, plusieurs choses sont notables à commencer par l'efficacité de certains morceaux tels que "Des Volcans", "L'Art est grand" ou encore "Sur les murs" où certains passages s'avèrent très catchy et proches du death mélodique ainsi que du metalcore, mais jamais avec excès. Concernant "Sur les murs", il s'agit ici de la piste proposant le seul featuring de l'album en la présence de... Shiro, de nouveau membre de EDC le temps d'un morceau.
Au final, on peut reprocher au groupe un léger manque d'originalité. Mais, après tout, ce n'est peut-être pas un mal car, à défaut d'être original donc, ce Chapitre VI propose un hardcore un brin moderne extrêmement efficace et montre toujours cette "signature" de L'Esprit du Clan: une rage sincère. Et si l'on prend en compte que l'enregistrement a commencé en janvier 2016, on peut affirmer que le boulot a été fait et très bien fait. Les fans du groupe et du genre seront comblés et les néophytes pourraient bien voir en cette galette une bonne façon de découvrir l'univers musical de la bande. EDC ne signe peut-être pas ici son meilleur effort, mais il maîtrise totalement son sujet grâce à des titres catchy à souhait, des textes poignants et une envie évidente de conquérir la scène de nouveau. Bon vent les gars!