Erlend Hjelvik, chanteur de Kvelertak

Alors que Nattesferd est l’un des albums les plus attendus de l’année 2016, c’est un Erlend Hjelvik visiblement joyeux et loquace qui m’accueille, encore dans les vapeurs de la soirée de la veille, pour parler de Kvelertak, du nouvel album, de musique, de ses influences et raconter de nombreuses anecdotes…

Lionel / Born 666 : Tout d’abord et comme souvent lorsqu’un groupe sort son nouvel album, tu dis que « Nattesferd est ton meilleur album et qu’il est le meilleur entre le classic rock et le heavy metal ». Tu peux m’en dire plus ?

Erlend Hjelvik (chant) : Jusqu’à présent c’est le meilleur qu’on ait fait. Le processus d'enregistrement a été le meilleur que l’on ait eu en l’enregistrant en condition « live ». Ce qui fait que les titres sont plus « organiques ». Ce qui donne encore plus une bonne représentation de ce que le groupe peut être sur scène. C'est beaucoup plus intéressant que d’enregistrer chacun son tour comme sur Meir notre précédent album. C’est pour cela qu’il sonne bien, naturel. Ce qui fait que certains de ses morceaux sont les meilleurs que l’on ait enregistrés jusqu’à aujourd’hui et sonnent comme on a jamais sonné. J’en suis très fier.

Lionel : Et de l’enregistrer chez soi en Norvège. Est-ce que cela change des choses ?

Erlend Hjelvik : Oui c’était plus facile et plus confortable. Plus sympa que d’enregistrer dans un endroit où on est tous les uns sur les autres. Ensuite avoir la possibilité de pouvoir rentrer chez soi après une journée d’enregistrement c’est assez relaxant. Et puis il y a moins de pression, tu ne te dis pas « allez vite terminons l’enregistrement il y a un avion qui doit nous ramener à la maison… » (Rire). Il n'y a pas ce genre de stress en Norvège. Tu prends ton temps.

Lionel : Alors vous en avez profité pour improviser en studio ?

Erlend Hjelvik : Pas vraiment car avant de rentrer en studio on avait déjà tout préparé. Bien sûr, une fois en studio on a fait des choses qui n’étaient pas planifiées, comme le premier titre d’ailleurs, « Dendrofil For Yggdrasil », et puis l’opportunité d’être en studio et de se dire qu’à tel endroit on voudrait un chant féminin.

Lionel : l’album est entièrement enregistré dans les conditions du « live » ?

Erlend Hjelvik : C’est vrai, c’est comme « Kiss live » (rires). Non, tous les musiciens ont enregistré en même temps sauf pour moi car cela aurait été trop exténuant je pense. Oui le reste du groupe restait ensemble dans une grande pièce. C’était long pour moi d’attendre et de découvrir comment ça sonnait, mais c’était génial.

Lionel : Et vos trois guitaristes permettent toujours de jouer des parties de twin guitars…

Erlend Hjelvik : Oui bien sûr et d’apporter de nombreuses harmonies comme dans Thin Lizzy.

Lionel : Et pourtant votre musique est un melting pot de toutes vos influences et peut-être encore plus avec Nattesferd, je dirai un équilibre entre Turbonegro, Lynyrd Skynyrd en passant par Dokken sans oublier Nachtmystium…

Erlend Hjelvik : Oui c’est vrai. J’aime bien Nachtmystium aussi.
 

Kvelertak


Lionel : Mais pas d’invité comme on avait pu le découvrir auparavant…

Erlend Hjelvik : Non, seulement sur ce titre. On voulait Slash mais il était trop occupé… (Rire général). Peut-être sur le prochain.

Lionel : Il est trop occupé effectivement il doit jouer lui aussi de la guitare au côté d’Angus Young et d’Axl… (Rire)… Bon maintenant abordons le titre « 1985 ». C’est un genre de cliché en résonance de 1984 de Van Halen ou est-ce un hommage aux albums sortis cette même année ?

Erlend Hjelvik : Pour les fans c’est marrant car ils ressentent des sentiments extrêmes de type amour/haine. J’ai commencé à écrire les paroles quand le morceau était déjà terminé. Et oui il y a du Van Halen (une assistante apporte une bouteille de vin…) donc le but était de revenir en 1985 et puis il y a aussi des références à George Orwell aussi et son 1984, évoquant aussi l’évolution des technologies, des survivants, la société dans laquelle nous vivons, c’est assez régressif dans le sens « c’était mieux avant »…

Lionel : Mais toi en 1985 ?

Erlend Hjelvik : Je suis né en 1985 !

Lionel : Bon j’ai fait une petite recherche sur les albums sortis en 1985 (je sors la liste de tous les albums qui sont sortis cette année-là).

AC/DC avec Fly on the Wall

Erlend Hjelvik : Ce n’est pas le meilleur, tiens Blue Öyster Cult avec Club Ninja, je ne connais pas…

Lionel: Pas vraiment excellent…

Erlend Hjelvik : Celtic Frost (Emperor's Return EP; To Mega Therion), ça j’aime…

Lionel : Oui! C’est bon!

Erlend Hjelvik : Faith No More est l’un de mes groupes préférés…et en plus We Care a Lot est un excellent album. J’aimais même le chanteur de l’époque Chuck Mosley qui chantait dessus.
...Manilla Road…Oh ! Omen, cet album est si bon! (Warning of Danger)…

Lionel : Et Pantera avec son troisième album encore un peu glam I Am the night...

Erlend Hjelvik : Ah Pentagram, album parfait avec Relentless… c’est incroyable de voir tous ses albums sortis en 1985, une bonne année pour la musique bien lourde…

Lionel : Oui c’est vrai (il se sert un verre de rouge)… Mais ce qui est amusant aussi (je sors une autre liste) c’est aussi l’année de naissance de nombreux groupes comme Carcass, le début de la carrière solo de David Lee Roth, les débuts de Dream Theater sous le nom de Majesty, Guns N' Roses, Jane's Addiction …la carrière solo de King Diamond…

Erlend Hjelvik : Whaou, quelle année sans parler des films aussi. Faut dire que dans les années 80 il y avait beaucoup de choses. Je serais content d’y retourner et d’y rester dans ces années…

Lionel : Des souvenirs de la Warzone du Hellfest en 2014 ?

Erlend Hjelvik : Oui il fait parti de l’un de mes shows préférés. Et je m’en souviens bien car mon masque de chouette s’est cassé juste avant de monter sur scène. (Rires) la tête est tombée et s’est détachée du reste et c’est pour cela que je ne l’avais pas sur scène. Ensuite j’en ai profité pour aller voir Black Sabbath en backstage, j’avais un peu le temps, chose qui n’arrive pas toujours en festival… et puis lors de ce festival (en 2014) j’avais de nombreux amis qui se produisaient comme les musiciens de Gorgoroth, ceux d’Emperor, sans oublier que Turbonegro jouait aussi. Beaucoup de gens sympas !

Lionel : Oui une belle affiche assez proche de celle de cette année…

Erlend Hjelvik : Oui j’ai hâte d’y retourner cette année.

Lionel : Tu auras peut-être le temps de voir à nouveau Black Sabbath …

Erlend Hjelvik : Non on ne joue pas le même jour, et puis je ne ferai pas comme la dernière fois à courir partout backstage pour voir les groupes. J’ai mis une semaine à m’en remettre une fois à la maison (rires) ; mais à chaque fois je me dis que je vais voir une vingtaine de groupes comme Converge et ensuite sur place je n’aurais le temps d’en voir que deux ou trois. (Rires)

Lionel : Tu vas d’ailleurs bientôt tourner avec Torche aux Etats-Unis ?

Erlend Hjelvik : Oui pendant deux semaines, Torche est un de mes groupes américains préféré ; on a déjà tourné avec eux.

Lionel : Pour la pochette de l’album vous avez arrêté votre collaboration avec John Dyer Baizley de Baroness.

Erlend Hjelvik : Non on a travaillé avec Arik Roper (Cathedral, Sleep, Earth, Grand Magus, High on Fire, Nebula, The Gates of Slumber…) et j’adore ce visuel, avec une ambiance romans de science-fiction des années 80, c'est le genre de visuel qui m’inspire énormément.

Lionel : Il a été inspiré par la musique ?

Erlend Hjelvik : Oui mais ce que j’aimais aussi c’est qu’il ait fait les pochettes de Sleep et High on Fire avant tout. Je vais te montrer un visuel (il sort son smatphone, me montre la pochette mais en le prenant je tombe sur une photo qui prête à confusion assez drôle alors que c’est un père qui embrasse son enfant)(Gros rire bien gras)(Il trouve la pochette  en format large, genre double 33 tours)

Pour moi c’est la plus belle, et de loin…ça illustre parfaitement l’album.

Kvelertak


Lionel : Si on rentre dans l’album, existe-t-il une relation entre le « Nekrodamus » de 2016 et le « Nekrocosmos » de 2013 ?

Erlend Hjelvik : Oui et « Nekroskop » sur le premier. Mais il n’y a rien de vraiment concret derrière ça. C’est un mot qui trottait dans ma tête c’est tout, je ne sais pas si j’en trouverai un autre pour le prochain album, je pense que trois c’est déjà suffisant. Au début quand on faisait nos démos on se disait lorsqu’on jouait de la musique un peu merdeuse, on faisait dans le sauvage, on fait du « nekro-road », on joue les bases et on prend beaucoup de plaisir à le faire.

Lionel : Vous composez dans de bonnes conditions…

Erlend Hjelvik : On a besoin de temps libre. En tournée on n’écrit rien. On essaye mais c’est trop difficile. A la maison lors des temps libres il n’y a rien de meilleur. Pour cet album il y a d’anciens titres qu’on avait déjà écrits avant pour Meir, mais pas vraiment terminé pour certaines raisons. Mais indéniablement c’est l’album sur lequel on a le plus travaillé. Ça a pris beaucoup de temps d’autant  plus qu’on ne pouvait pas refuser de tourner avec Slayer

Lionel : Comment ça c’est passé d’ailleurs ? Intéressant pour vous ?

Erlend Hjelvik : C’était très bien, assez inattendu. Même si les fans de Slayer sont des purs et durs, l’accueil pour Kvelertak a été agréable. Il y avait plus de gens intéressés par notre musique que le contraire. J’ai été positivement surpris par l’accueil que l’on a reçu. Et puis je ne m’attendais pas à ce que les membres de Slayer s’intéressent au groupe de premières parties mais ils venaient parfois au soundcheck pour voir comment cela se passait pour nous, regardaient notre show sur le côté, venaient nous parler souvent. C’était vraiment énorme de pouvoir leur parler. Ce sont des gens très amicaux. Et puis entendre des anecdotes lorsqu’ils tournaient dans les 80’s, comment c’était, te donner des conseils par rapport à ce qu’ils ont vécu quand ils étaient jeunes, des trucs comme ça c’est énorme. Quand j’avais 15 ans je n’imaginais pas qu’un jour je discuterais avec les musiciens de Slayer et qu’ils me donnent des conseils.

Kvelertak


Lionel : D’ailleurs quels sont tes héros dans le domaine musical? Quels musiciens ou groupes t’ont inspiré ?

Erlend Hjelvik : Slayer c’est clair. Il doit être le premier groupe de metal que j’ai écouté. Mais comme tu le disais j’ai aussi écouté de la mauvaise musique (rire général)…le premier que j’ai dû écouter quand j’étais petit c’était Michael Jackson. Quand j’avais 7 ans j’écoutais de la techno et vers 11 ans j’ai écouté Prodigy. Ensuite j’ai découvert le metal, des anciens groupes de metal, puis j’ai découvert Slayer et Dimmu Borgir, ce dernier étant typiquement de la musique pour teenagers. Ensuite j’ai découvert le vrai black metal et puis on n’a plus arrêté d’écouter ça pendant pas mal d’année. Ensuite on a emménagé ensemble avec Bjarte (Lund Rolland, guitariste) on a défini les bases pour jouer à World of Warcraft. Il m’a fait découvrir ses propres disques de rock en général et moi le black metal. J’imagine que c’est comme cela que débutent tous les groupes.

Lionel : Aujourd’hui tu aimes encore certains groupes ?

Erlend Hjelvik : J’aime plutôt les groupes originels comme Darkthrone, Burzum, Mayhem et Gorgoroth. J’aime réécouter des vieilles choses.

Lionel : Des nouveaux groupes ?

Erlend Hjelvik : Si il y en a mais j’y prête pas assez d’attention sans oublier aussi l’ancienne scène suédoise comme Dissection.

Lionel : Watain ?

Erlend Hjelvik : Pas autant que les anciens groupes qui sont toujours excellents !

Lionel : Pourquoi la scène black metal aime Kvelertak ?

Erlend Hjelvik : Je n’en ai aucune idée… (Rires). Quand on a commencé à jouer avant même de sortir notre premier album on allait jouer au Hole in the Sky et dans la rue il y avait de nombreux fans de Taake…Tu connais ?

Lionel : Oui bien sûr avec Hoest…

Erlend Hjelvik : Oui il était là et il m’a arrêté dans la rue et m’a dit qu’il adorait ce qu’on faisait. Ensuite on a passé la soirée ensemble après les concerts et c’est pour cela qu’il est venu chanter sur notre premier album. Nous sommes de bons amis. Et puis aussi dans le groupe on est nombreux à aimer le black metal, j’ai chanté dans certains groupes comme avec Djevel. Notre batteur a joué avec Gehenna, Gorgoroth, et Enslaved

Lionel : C’est clair…

Erlend Hjelvik : Et pour répondre à ta question, c’est vrai que la Norvège est un petit pays et tu rencontres tout le monde…

Photos : © 2016 Lionel / Born 666
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

 



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