On pourrait traiter Ereb Altor d’affreux opportunistes, tout juste bons à faire une reprise d’un groupe légendaire de la longue histoire du metal nordique, à savoir Bathory.
Mais voilà, les compatriotes suédois de Quorthon ont quand même une solide discographie derrière eux, à travers cinq albums studio. De plus, ils n’ont jamais caché l’influence musicale qu’il a eu sur eux.
Un an seulement après la sortie de Nattramn, voici donc Blod Ilt Taut !
Après plusieurs albums, plus ou moins fortement inspirés par leur glorieux prédécesseur, il est logique que ce soit justement à Ereb Altor que revienne l’honneur de sortir un album de reprises de Bathory.
J’ai donc écouté d’une oreille attentive cet hommage en me disant qu’un réenregistrement ne pouvait aucunement faire de mal, ne serait-ce qu’en raison des évolutions qualitatives des technologies sonores depuis les années 90 !
Le son est donc bien meilleur, et les arrangements sont relativement respectueux du style de Quorthon, sans pour autant chercher l’imitation. Certes, l’ensemble sonne un peu plus lisse et net, mais cela fait tout de même du bien d’écouter « The Return of The Darkness And Evil » avec des moyens techniques corrects.
Bien sûr, certains fans regretteront le côté brutal et true des enregistrements d’origine et trouveront que ce genre de mixage dénature complètement le style initial de ce titre de la première époque black metal du groupe. La remarque est encore plus valable pour « Woman of Dark Desires » qui est beaucoup plus orienté doom metal que l’original. A ce sujet, la reprise qu’en avait faite Marduk est bien plus respectueuse de l’ambiance d’origine.
Etrangement, c’est malgré cela un de mes titres préférés de cet album de reprises. Ereb Altor semble s’être davantage lâché sur ce morceau, en faisant une interprétation sans doute plus personnelle.
Il est clair également, et que les fans de Quorthon me pardonnent, que Mats maîtrise mieux le chant que ce dernier. Rappelons que le père de Bathory faisait partie de ces gens aux multiples talents, ayant pu ainsi créer quelque chose de nouveau et entrer dans la légende, mais qu'il n’était certainement pas le meilleur chanteur au monde.
La prestation de Mats sur des morceaux taillés pour lui comme « Twilight of the Gods » ou « Song To Hall Up High » est d’un tout autre niveau.
Evidemment, on peut aussi regretter ce timbre unique de Quorthon, un peu écorché vif par moment….
J’imagine que les vrais fans d’Ereb Altor auraient préféré un nouvel album, même si le précédent est encore tout frais, que les vrais fans de Bathory auraient préféré que l’on retrouve un enregistrement secret de Quorthon (non, pas celui où il avoue avoir toujours été fan de Mickael Jackson, mais plutôt Hammerheart II).
Au chapitre des regrets, quitte à ne faire que des reprises pendant 45 minutes, autant en ajouter une ou deux, comme par exemple le très beau "One Rode To Asa Bay" (mais qui certes a déjà fais l'objet de plusieurs reprises).
Cependant, le bel hommage qu’est Blod Ilt Taut mérite de figurer dans les rayonnages de tous ceux qui apprécient ce style de viking metal. Ereb Altor a su trouver le juste compromis entre adaptation et mémoire, qu’ils soient remerciés pour nous laisser rêver du passé devant la scène.
Blod Ilt Taut, sortie le 11 mars 2016 chez Cyclone Empire.
Playlist:
1. A Fine Day To Die (8 :57)
2. Song To Hall Up High (2:59)
3. Home Of Once Brave (6 :38)
4. The Return of The Darkness And Evil (4 :35)
5. Woman Of Dark Desires (5 :26)
6. Twilight Of The Gods (7 :35)
7. Blood Fire Death (9 :20)
Total : 45 minutes et 30 secondes
Thomas Orlanth