Decapitated (+ invités) au Backstage de Paris (05.04.2016)

Session guillotine à Paris


2016 marquait donc la première tournée européenne en tête d’affiche de Decapitated. Et on aurait envie de dire : il était temps ! Car les polonais sont devenus des légendes de la scène death metal, et pas seulement pour leur tristement célèbre accident de voiture qui tua plusieurs membres, mais avant tout pour leur musique, qui est agressive, technique, mais hautement addictive. Avec les locaux de Atlantis Chronicles, et les bastonneurs coreux Heart of a Coward, tout était fin prêt pour une « zouk party » bien réussie !

 

Atlantis Chronicles

Excusez-moi l’expression, mais quand un concert commence avec une demi-heure de retard, et qu’on entend les musiciens du premier groupe faire leurs balances à la va-vite juste avant l’ouverture des portes : ça sent le pâté ! Et sans surprises, nous entendons les talentueux Atlantis Chronicles commencer leur concert avec un son vraiment médiocre, agressif, mais pas du tout satisfaisant à l’oreille. L’humble rédacteur de cette chronique les avait déjà vu trois fois par le passé, sans jamais qu’il n’y ait de problème à ce niveau. Le Backstage ayant une bonne sono, c’est donc ailleurs qu’il faut chercher la petite bête…
 

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Pour ce qui est de la performance, c’est comme d’habitude très impressionnant, notamment grâce à la paire de guitaristes d’exception que se paye le groupe. Ceci dit, l’un d’eux a visiblement quelques problèmes d’accordage sur certains riffs harmonisés, dommage ! Etonamment, la setlist du concert est axée sur le premier album du groupe, alors qu’Atlantis Chronicles vient de sortir son deuxième effort intitulé Barton’s Odyssey sur le label de qualité qu’est Apathia Records. Ont-ils eu peur de sortir de leur zone de confort pour présenter leur bébé, difficile à dire ? En tout cas les anciens morceaux passent toujours aussi bien sur scène.
 

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Pour ce qui est des deux nouvelles chansons, difficile d’être aussi enthousiaste, d’autant que le son n’aide pas. Mais à l’écoute, on sent un effet de trop plein, comme s’il y avait peut être trop de blast, trop de notes et de cris, et pas assez de pauses. Car oui monsieur, le death metal, c’est comme la pâte à crêpes : il faut la laisser reposer pour ça soit encore meilleur. Enfin bref, de toute évidence, ce n’était pas un bon soir pour voir Atlantis Chronicles et découvrir ce qu’ils avaient à dire en 2016. Mais vu la qualité de leurs performances précédentes, il y a de quoi parier qu’ils pourront se rattraper sans tarder.

 

 

Heart of a Coward

Changement de registre radical avec les Anglais, qui évoluent plus dans une forme de djent teintée de metalcore. Et sacrénom, ça fonctionne extrêmement bien. Soyons honnêtes, Heart of a Coward n'invente pas l'eau chaude, et les compositions n'ont pas la fraîcheur des géniteurs des genres respectifs. Mais il faut leur reconnaître la qualité d'être parfaitement construites pour passer un bon moment, a fortiori en concert. En effet, ces riffs, doublés à la grosse caisse du batteur, sont aussi bien propices à un moshpit guilleret qu'à un headbanguing prononcé, au spectateur de faire son choix.

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Fort heureusement pour les anglais, le son est nettement meilleur que pour Atlantis Chronicles. On peut se douter qu'ils ont eux eu la chance d'avoir le temps de faire des balances dignes de ce nom. Toujours est-il que beaucoup de groupes assimilés ont un son à la limite du supportable en concert, il est donc fort appréciable d'entendre du professionnalisme sur ce point. De plus, il faut noter que les musiciens sont extrêmement précis dans l'exécution des morceaux sur scène, ce qui contribue aussi à rendre la performance du combo dévastatrice. Mention spéciale au chanteur Jamie Graham, qui en plus d’avoir une bonne présence scénique, arrive à chanter juste en voix claire, ce qui est encore une fois loin d’être la norme dans le genre.
 

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Dans la fosse, c’est la guerre, et à en juger par la furie du public, on peut juger que Heart of a Coward en a rameuté une bonne partie ce soir. En tendant bien l’oreille, certains passages mélodiques à la guitare sonnent presque comme des clichés, et se révèlent dispensables par rapport au reste. Mais lesdits moments sont suffisamment rares pour ne pas éclipser le bel effort collectif du groupe, décidément bien en forme ce soir.

 


Decapitated


Blood Mantra, le dernier album de Decapitated, est une pure réussite, car il réussit à développer et enrichir l’orientation prise par les polonais sur Carnival is Forever, mais avec une ambition et une maturité encore plus prononcée. Certes, l’ouvreur « Exiled in Flesh » n’est pas leur morceau le plus abouti, mais il a le mérite d’être brut de décoffrage. Les musiciens sont encore une fois vraiment affûtés comme des rasoirs, particulièrement Vogg, guitariste et dernier membre original du groupe. Son jeu, faisant penser à un hybride difforme entre Dimebag Darrell et Fredrik Thordendal, est tout simplement monstrueux.
 

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Malheureusement, le son manque de précision et semble vraiment mal équilibré. Et ce n’est qu’une demi-surprise étant donné que nous avions vu s’étaler tout le matériel des groupes dans la fosse pendant le changement de plateau avec Heart of a Coward : du jamais-vu dans une série de centaines de concerts vus par votre serviteur. La relation de cause à effet est-elle directe ? Difficile à dire, en tout cas les faits sont indéniables : un son horrible, bien loin de ce que propose Decapitated habituellement.

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Heureusement, le groupe est suffisamment bon pour assurer une excellente performance pour compenser cette mauvaise mise en son, avec une setlist qui ne fait pas de quartier : « Post Organic Hallucinosis »,  « Veins » et autres « Spheres of Madness » : de quoi de réduire les cervicales en miettes en deux temps, trois mouvements. Dans le public, ça mosh sec, sans oublier quelques slams de rigueur. D’ailleurs, profitons de l’occasion pour saluer la demoiselle qui a du en enchaîner une bonne dizaine, créant une certaine exaspération chez les musiciens. Un peu de mesure n’aurait pas été de trop. Tant pis ! Toujours est-il que Decapitated a donné un concert exemplaire, avec un public en furie, et c’est principalement cela qu’il faut retenir de cette soirée !

Photos : Leonor Ananké / © 2016 Facebook
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