Long Distance Calling est décidemment un groupe atypique, proposant un post-rock aux sonorités progressives largement instrumental, bien que quelques passages chantés fassent ponctuellement leurs apparitions dans l’œuvre du combo. Au cours de l’enregistrement de TRIPS, le cinquième opus de la formation allemande, le frontman du groupe, Marsen Fischer a annoncé son départ. Le musicien, qui était également claviériste de la formation est toutefois crédité en tant que responsable des bruitages et des parties de claviers. Concernant le chant, c’est Petter Carlsen qui a été recruté en tant que guest pour assurer les parties vocales.
Quoi qu’il en soit, le son de Long Distance Calling ne s’en trouve pas tant remanié suite à ces changements de line-up. TRIPS se veut être un voyage à travers le temps et l’espace d’après le groupe. Et en termes de voyage temporel, Long Distance Calling parvient sans problème à ses fins, puisant ses influences dans les sonorités des années 70 et 80 sur le premier titre. « Getaway » ouvre donc l’album avec des claviers particulièrement mis en avant, puisant leur influence dans les meilleurs œuvres de Jean-Michel Jarre. Mais les guitares savent également se faire mordantes et puissantes, comme sur « Trauma » et son riff martial à la Rammstein.
La voix de Peter Carlsen fait son apparition de façon très ponctuelle, laissant à Long Distance Calling sa particularité d’origine, en proposant une musique où les instruments dominent largement sur le chant. Malheureusement, certaines lignes de chant sont presque trop simples par rapport à la musique du groupe et donnent une touche presque électro-pop aux titres (« Plans », « Lines »). Mais leur efficacité est bien là, puisque ces parties vocales se retiennent très facilement. On pourra tout de même regretter le fait que la voix du nouveau venu ne colle pas toujours à l’ambiance dévoilée dans les titres. Seul « Plans » présente un chanteur totalement dans son élément, à la manière de Jan-Henrik Ohme, vocaliste de Gazpacho toujours habité dans son interprétation. De plus ce titre présente des arrangements à cordes subtils et qui servent réellement le titre.
Oscillant entre des titres rappelant Archive, Radiohead ou Anathema (« Presence » semble être un hommage à peine voilé au titre du même nom des Anglais, paru sur We’re Here Because we’re here), Long Distance Calling envoûte à l’aide de ses sonorités à mi-chemin entre le prog, le rock alternatif et le metal. Malgré tout, le mélange des genres est réussi et certains titres sortent vraiment du lot, tel « Plans » ou l’épique « Flux » qui du long de ses douze minutes parvient à bercer l’auditeur et à l’emmener dans l’univers du groupe.
Finalement, cet album est une belle surprise, même si l’on aurait pu souhaiter que Long Distance Calling privilégie le tout instrumental étant donné que leur musique s’y prête allègrement. Mais qu’importe, misant tout sur l'émotion et les ambiances mélancoliques, Long Distance Calling parvient à ses fins, à savoir faire voyager l’auditeur dans l’espace et dans le temps avec une musique envoutante et délicate. On n’en demandait finalement pas plus.
Note : 7,5/10
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