Deux ans après Hail The Apocalypse, les suédois d’Avatar sont une nouvelle fois de retour (pas pour nous jouer un mauvais tour cependant) avec un tout nouvel opus intitulé Feathers & Flesh. Au programme un concept-album sur une fable écrite par Joannes Eckerström sur une chouette et les épreuves qu’elle traverse au fur et à mesure de ses rencontres. Un véritable concept pour un album haut en couleurs.
Le combo suédois AVATAR s’est révélé aux yeux de la majorité du public lors de la tournée en première partie d’Avenged Sevenfold en 2013 avec son second opus, Black Waltz. Une énergie folle, une mise en scène qui attire l’œil et des mélodies qui retiennent l’attention. Un an après cette tournée, c’est le troisième album qui pointe son nez Hail The Apocalypse – dont nous avions parlé à l’époque – avec cette fois-ci les deux premières dates en tant que tête d’affiche dans notre contrée.
Réglés comme des horloges, Joannes Eckerström (chant) et sa bande nous reviennent cette fois-ci avec un concept-album qui porte le nom de Feathers & Flesh. Au programme, un album qui nous raconte l’histoire d’une chouette qui part en guerre contre le soleil qui se lève chaque matin, et oui ! Au cours de son périple (qui se termine tragiquement pour elle), notre chouette va rencontrer tout un tas de protagonistes allant de l’aigle aux abeilles en passant par le loup. La première chose qui nous vient à l’esprit en lisant le communiqué de presse et l’album est forcément les fables de Jean de la Fontaine, car il s'agit bien sûr d'une métaphore de l’être humain et de notre vie quotidienne qu’AVATAR vient nous conter au travers de Feathers & Flesh. Chaque morceau sert l’histoire mais chaque morceau est avant tout un voyage tant l’album offre des sonorités incroyablement variées. On retrouve le son et la voix qui font la particularité d’Avatar mais cet album va encore plus loin que Hail The Apocalypse avec notamment des moments très jazzy !
Feathers & Flesh s’ouvre avec une intro, "Regret", qui déboule ensuite sur "House Of Eternal Hunt" et son riff ultra heavy à la limite du power. Alors que Black Waltz jouait à fond sur l’efficacité et le côté très martial de la musique, Hail The Apocalypse était en quelque sorte l’entre-deux et un avertissement de l’évolution d’AVATAR. Avec Feathers & Flesh, AVATAR a terminé sa transformation musicale pour proposer un produit un peu hors du commun. Rien que sur ce premier véritable titre, "House Of Eternal Hunt", les Suédois nous prennent par surprise avec un morceau qui prend ses racines dans les fondements du groupe, à savoir de nombreuses techniques de chant différentes et un rythme quasi militaire, pour ensuite nous prendre totalement de court avec un pont très mélodique à la guitare. C’est d’ailleurs une démarche que l’on retrouvera à plusieurs moments dans l’album, sur "The Eagle Has Landed" notamment.
AVATAR avait annoncé son nouvel opus avec le titre "For The Swarm", un morceau ultra court de moins de deux minutes qui fait ressurgir la folie du personnage de Johannes Eckerström ainsi que de ses acolytes. C'est un peu comme si les Monthy Python avait écrit une chanson clownesque avec une base metal, rien que ça.
Sur Hail The Apocalypse, AVATAR avait ralenti drastiquement le tempo sur les deux derniers titres "Something In The Way" et "Tower". Une première qui était totalement réussie, offrant deux morceaux à fort quotient émotionnel en live, portés par la voix si reconnaissable de Johannes Eckerström. Sur Feathers & Flesh, cette tâche est dévolue à "Sky Burial" et à l’étonnant "Raven Wine" mais nous y reviendrons.
Nous l’avons évoqué avec Johannes Eckerström et John Alfreddson (batterie) lors de notre rencontre mi-mars, la notoriété du groupe est assez récente alors que c’est déjà le cinquième opus d’un combo qui a démarré avec un death mélodique classique pour évoluer vers une musique plus heavy mélodique. Cinq albums et cinq facettes diamétralement opposées qui posent les fondements d’un son reconnaissable immédiatement, signe d’un groupe qui marque son temps. Pour certains, les Suédois choisissent la voie de la facilité en adoucissant leur musique. Pour d’autres – et c’est notre cas ici – c’est le signe d’un groupe qui veut élargir le champ de ses possibilités pour offrir un album riche, dense et versatile dans son approche. Il est quand même très rare de voir un groupe exceller à la fois dans les morceaux très heavy avec de la double batterie, un riff martial et du growl tout en nous envoyant un titre comme "Raven Wine" qui va jouer sur la corde sensible par un chant harmonieux, un riff épique et des influences jazz !
Nous parlons beaucoup de Johannes Eckerström depuis le début de cette chronique et c’est bien pour une raison, le chanteur est incroyable sur ce nouvel album. Que ce soit sur le growl, le chant clair, un chant parlé à la limite du fou schizophrène (sur "Tooth, Beak & Claw"), il éclabousse de son talent l’ensemble des morceaux de l’album. Et pour ceux ayant eu la chance de voir AVATAR en live, vous savez aussi bien que nous que cela se transpose à merveille sur scène. A l’heure actuelle, peu de chanteurs dans le monde du metal peuvent se targuer d’avoir une voix aussi versatile. Et si Johannes Eckerström était tout simplement un des meilleurs du circuit ?
Arrivé en 2012 pour l’enregistrement de Black Waltz, Tim Öhrström se régale avec son compère Jonas Karlsby, nous offrant des plans de guitares à tomber notamment lors de « combat » entre les deux protagonistes sur "Black Waters" ! Et que dire de Henrik Sandelin (basse) qui s’offre le privilège de mener la barque sur "One More Hill", quel plaisir d’entendre aussi bien la basse (autrement qu’en live).
Alors qu’on avait pu trouver Black Waltz un peu redondant et Hail The Apocalypse un peu brouillon notamment à cause d’un creu au milieu de l’album, Feathers & Flesh réalise le carton plein en emportant l’auditeur pendant ses soixante trois minutes. Meilleur album du combo à ce jour, AVATAR frappe un grand coup avec ce nouvel opus. Jetez-vous dessus, vous ne le regretterez pas !