Quelques jours à peine après l'interview du guitariste Isaac Delahaye à Paris (postée plus tôt aujourd'hui), La Grosse Radio Metal décida qu'elle offrirait une double dose d'entrevues Epica à l'occasion de la sortie du nouvel album Requiem for the Indifferent le 9 mars 2012 chez Nuclear Blast. Qui de mieux que la ravissante chanteuse Simone Simons pour répondre à cette seconde salve de questions ? Une entrevue à lire en complément de la précédente dans laquelle la frontwoman nous dit tout ce qu'il faut savoir sur ce nouvel opus.
Ju de Melon : Bonsoir Simone et merci de répondre à nos questions sur La Grosse Radio Metal. Premièrement, comment vas-tu ? J'espère que le début de l'année s'est bien passé pour toi...
Simone Simons : Tout va bien, là je suis un peu essouflée car je reviens de chez le coiffeur après une séance de shopping, et j'ai dû courir pour arriver à temps chez moi pour l'interview (rires) ! Sinon, bientôt notre nouvel album donc beaucoup de promotion. Nous avons pas mal d'interviews à faire ce qui est bon signe, cela prouve que les gens s'intéressent beaucoup à Epica.
Entrons de suite dans le vif du sujet. Requiem for the Indifferent, cinquième album du groupe, sort le 9 mars prochain chez Nuclear Blast. Premièrement pourquoi un tel nom et qui sont ces "indifferents" ? Les êtres humains ?
Plus ou moins, disons qu'on parle ici de ces gens qui n'en ont rien à faire des problèmes mondiaux tels que la crise financière, les problème politique, les catastrophes naturelles ou écologiques, etc. Et en fait le titre de cet album avec "requiem" a une tonalité optimiste parce qu'on pense, on espère, que les gens vont changer de mentalité et prendre enfin tous ces problèmes à bras le corps. Bien sûr nous ne sommes pas sûrs que cela arrivera mais on veut aider ces personnes afin qu'elles prennent conscience de tout cela et qu'elles changent d'attitude. Pour un monde meilleur.
Le titre "Storm the Sorrow" semble être la chanson choisie comme single. Isaac nous a dit à Paris qu'elle était assez personnelle pour toi et que t'en avais écrit les paroles... quelle est son histoire ?
Elle raconte le fait d'être sous le feu des projecteurs, lorsqu'on est aussi la victime de critiques plus ou moins justifiées. Quand on devient un personnage public, on ne peut éviter tout cela, et parfois vous êtes aussi soumis à une sorte de jalousie qu'il n'est pas toujours facile d'accepter. Dans cette chanson, j'explique comme je réussis à vivre cette situation en me forgeant un mental d'acier. Il faut se battre continuellement et savoir faire la part des choses entre les critiques constructives et les remarques desctructrices liées à la jalousie, d'autant plus qu'il est déjà souvent difficile de s'accepter soi-même et de faire face à sa propre auto-critique. Le message est donc clair : ne tenez pas compte des remarques purement méchantes et continuez à vivre votre vie en les oubliant immédiatement.
As-tu écris d'autres paroles sur cet album et quels en sont les thèmes ?
Outre "Storm the Sorrow", j'ai en effet écrit d'autres paroles. On va les aborder une par une afin de décortiquer leur histoire.
"Delirium" : Celle-ci parle de cette période où j'ai été très malade, j'avais une bactérie qui m'empêchait de chanter et j'ai été remplacée par Amanda Somerville sur une grande partie de la tournée. C'était un moment très difficile, et je parle donc de mon état d'esprit à l'époque.
"Internal Warfare" : Ce morceau parle de la tuerie qui a eu lieu en Norvège l'an passé, perpétrée par Anders Breivik. Il est donc dédicacé aux victimes et à leurs familles.
"Avalanche" : Une chanson qui traite de la dépression et de comment on fait pour s'en sortir.
"Deep Water Horizon" : C'est le nom du bateau qui a causé une marée noire dans le Golfe du Mexique en 2010, les paroles insistent ici sur le fait qu'au final la nature est toujours la première victime de ces hommes qui veulent toujours plus de profit.
"Serenade of Self-Destruction" traite le thème du suicide mais au sens large du terme, vu à travers différentes cultures dans le monde : la religion, les attaques kamikazes, les samouraï japonais et les choix personnels de personnes qui veulent tout simplement en finir avec la vie.
T'es-tu essayée à la composition où tu as laissé les "mecs" s'en charger ?
Uniquement au niveau des paroles et des mélodies vocales que j'ai pu adapter par moments. Je ne suis pas vraiment impliquée dans l'écriture musicale.
Comment situerais-tu cet album dans la discographie du groupe ? Il semble beaucoup moins accrocheur que ses prédécesseurs et pourrait déstabiliser quelques fans, qu'en penses-tu ?
Sûrement, disons qu'il est plus "doom" et plus dark que les précédents selon moi. Même s'il y a quelques moments accrocheurs ici et là au niveau des mélodies. Il est probablement moins épique et moins grandiloquent niveau production comparé à Design Your Universe, mais paradoxalement j'y retrouve personnellement des moments plus mélodiques que jamais. Pour moi les refrains de "Storm the Sorrow", "Delirium" ou "Deter the Tyrant" en sont les meilleurs exemples.
Personnellement, as-tu une ou plusieurs chansons "coup de coeur" sur cet album et pour quelles raisons ?
On a chacun nos préférées évidemment, personnellement je les aime toutes mais j'opterais aisément pour "Serenade of Self-Destruction" et "Storm the Sorrow".
On peut dire en effet que "Storm the Sorrow" est sûrement l'une des meilleures de l'album...
Oui et je suis contente qu'elle y figure car cette chanson a vraiment été écrite in extremis, à la fin du processus, par notre claviériste Coen Janssen. On était déjà presque en mode pré-production ! Ce n'est pas la première fois que Coen arrive un peu au dernier moment avec une super chanson en tête, et c'est génial car j'ai de suite eu la bonne mélodie pour le refrain. On ne pouvait vraiment pas passer à côté.
Au niveau chant et lignes vocales, ton travail sur cet album a-t-il eu une approche un peu différente par rapport aux 4 premiers disques du groupe ?
Oui on peut le dire, car encore sur Design Your Universe je prenais des cours de chant et je recevais l'aide d'une coach vocale lors de la pré-production des morceaux, or ici ce n'est plus le cas. Je me suis débrouillée seule lors des enregistrements, je suis en quelque sorte devenue ma propre prof de chant (rires) ! Du coup j'ai un peu expérimenté tout en me souvenant des conseils que j'avais reçus. Sur cet album on peut donc m'entendre tenter plus de choses vocalement.
Donc cette fois-ci Amanda Somerville n'est pas venue t'apporter son soutien et son coaching ?
Non, tout simplement parce qu'elle ne vit plus près du studio. Amanda a moins de temps aussi depuis qu'elle a lancé son nouveau groupe Trillium.
Globalement, est-ce que l'équipe de guests ou autres producteurs autour du groupe s'est vue modifiée sur cet album ou retrouve-t-on globalement les mêmes personnes ?
On a travaillé avec quasiment la même équipe à ce niveau. Cependant nous n'avons utilisé aucun guest sur cet album, l'opportunité ne s'est pas présentée cette fois. Pour le reste, tout a été enregistré dans notre studio à l'exception des parties basses qui ont été réalisées dans le home studio de Yves Huts.
Quels seront selon toi les plus gros challenges en live niveau chant issus de cet album ?
Je pense que "Deter the Tyrant" me demandera un gros travail de préparation, notamment au niveau de son refrain. "Internal Warfare" sera aussi certainement un beau défi vocal.
Beaucoup de gens sont étonnés par la grande productivité du groupe et quelques voix sceptiques s'élèvent sur le fait que cet album vient "trop tôt" par rapport à Design Your Universe. Que leur répondrais-tu ?
Je ne pense pas que Requiem for the Indifferent arrive trop tôt, au contraire. Un intervalle de 2 ans entre deux albums me parait logique et cohérent pour un groupe actif. Et pourtant nous avons beaucoup tourné entre temps, mais cela n'empêche pas Mark Jansen d'écrire et de toujours penser au prochain album.
L'an passé Mark Jansen a lancé le premier album de son projet MaYan sur lequel tu as posé quelques voix, quel regard y portes-tu avec le recul ?
Je pense qu'il a écrit là son album le plus heavy, le plus metal, bien plus que n'importe quel disque d'Epica. Mais MaYan est aussi le projet des autres gars qu'il a autour de lui, il n'a pas écrit tout seul. Bien sûr MaYan a quelques influences Epica mais je pense que c'est un projet totalement différent dans son approche, pour moi je rapprocherais plus cet album des travaux d'Orphanage par exemple. J'ai beaucoup aimé Quarterpast en tout cas, ma chanson préférée dessus est très certainement "War on Terror". J'ai eu la chance d'y poser quelques voix (surtout pour des choeurs) et de faire quelques dates live, une aventure intéressante.
Et sais-tu si Mark prévoit une suite ?
Je sais qu'il veut enregistrer un deuxième album, mais il n'aura pas beaucoup de temps pour écrire des chansons car il sera pas mal occupé avec la tournée d'Epica. Il va donc laisser les autres membres débuter le processus de composition et il rattrapera le train en marche en temps voulu. Aucune idée de quand il sortira par contre.
S'il sort un jour, après tout la prophétie des Mayas (MaYans - rires) annonce l'apocalypse pour le 21 décembre 2012... (rires)
On ne pense pas que le monde va s'arrêter ce jour-là, on espère au contraire qu'un changement positif interviendra lorsque les hommes auront un peu plus pris conscience des dangers actuels.
Un mot sur la tournée Epica qui se profile, est-ce que nous aurons droit à quelques surprises ?
Nous sommes en train de travailler tout ça avec une équipe complète, notamment en ce qui concerne la décoration scénique qui sera mise en place. C'est quelque chose de très important pour nous, nous devons assurer un visuel attractif. Après, tout dépendra des salles de concerts où nous joueront, on rajoutera peut-être quelques effets pyrotechniques là où ce sera possible évidemment.
Sur un plan plus personnel, nous prépares-tu quelques guests ou autres apparitions dans d'autres projets ou groupes ? On sait que Kamelot prépare un nouvel album par exemple...
J'ai peut-être un projet dans lequel je vais participer mais il faut que je vois si j'aurai le temps pour ça, la promotion du nouveau Epica prend pas mal de temps, on va bientôt tourner un clip vidéo et donc je ne veux pas m'engager sans être sûre. Tout ce que je peux dire c'est que c'est musical mais pas dans le monde du metal. Et déjà je t'en dis trop... (rires)
Tu viens de parler d'un clip, peux-tu nous en dire plus ?
On va enregistrer le clip de "Storm the Sorrow" à la mi-février pour une sortie prévue début mars, en même temps ou presque que la sortie de l'album.
Tu es assez proche du groupe Kamelot (NDLR : Simone est la petite amie du claviériste Oliver Palotai), as-tu quelques nouvelles sur leur prochain album en préparation ?
Pas plus que ça, là je sais qu'ils finissent la croisière 70.000 Tons of Metal, et ils sont toujours à la recherche d'un nouveau chanteur. Oliver restera un peu avec eux aux Etats-Unis après cet évènement afin de travailler quelques nouvelles chansons avec le groupe.
As-tu des nouvelles de Floor Jansen qui a dû mettre son projet ReVamp entre parenthèses suite à un surmenage ?
On a fait deux show en Hollande l'an passé avec son groupe. Elle va un peu mieux mais elle n'est pas totalement remise encore, elle a toujours besoin de se reposer et de recharger les batteries. Ca prendra encore du temps je pense.
Musicalement, quel a été ton album préféré écouté en 2011 ?
J'ai beaucoup aimé le nouvel album d'Opeth, qui reste à ce jour mon groupe préféré...
Surprenant cet album d'ailleurs car loin des racines metal...
Oui mais j'ai vraiment aimé quand même, j'adore son côté pyschédélique et space. Je suis bien sûr allé les voir en live et c'est marrant de constater que même là Mikael a totalement stoppé les growls, on en a discuté ensemble et d'ailleurs il s'amuse un peu des critiques à ce sujet. Personnellement j'aime les "deux" Opeth, et je suis contente de voir qu'il ne regarde pas autour de lui pour faire la musique qui lui plait vraiment, c'est un vrai musicien qui écoute son coeur.
Merci beaucoup Simone, quelques derniers mots pour les fans français en conclusion ?
On adore la France, on vous remercie pour tout le soutien que vous nous apportez depuis le début. On viendra jouer trois fois dans votre pays en avril, à Paris mais aussi à Lyon et à Bordeaux. On vous y attend nombreux ! J'espère aussi que les fans adoreront le nouvel album et je vous souhaite à tous une heureuse année musicale.