JB, chanteur et guitariste de Grand Magus

Le groupe Grand Magus, n'en est plus à son coup d'essai. Sword Songs, le huitième album du trio suédois s'annonce encore plus épique et grandiose que les précédents. Sans changer de direction, le groupe s'est en effet attelé à la conception d'un album plus agressif, mais toujours aussi sincère. Nous avons eu l'occasion de nous entretenir par téléphone avec le leader du groupe, JB, qui nous parle de ses influences et de Sword Songs, ce nouvel album tout en puissance.

Bonjour JB, merci de nous accorder cette interview. Comment te sens-tu à l'approche de la sortie de Sword Songs ?

JB : Très bien. Ca a toujours quelque chose d'excitant de sortir un nouvel album. Les gens vont enfin écouter ce sur quoi nous travaillons depuis un petit moment. Les premiers retours que nous avons eus sont en tout cas très bons, ça fait plaisir ! Sword Song est un album plein de passion, de fureur, et d'énergie. Cette fois-ci on a tenté de faire quelque chose de plus rapide, mais également plus intense. En tout cas, d'une façon différente par rapport au précédent album. Et je pense que nous avons réussi !

Vous avez eu une approche différente de Triumph and Power pour composer les morceaux de Sword Songs ?

JB:  La différence était vraiment dans l'intention d'offrir quelque chose de plus majestueux, voire grandiose, je dirais. C'est un esprit qui était déjà là, qu'on a tenté de conserver. On a également voulu y incorporer plus d'énergie et de rapidité.

Tu peux nous parler un peu de la composition ?

JB: J'ai commencé à écrire cet album en mai 2015, et on est entré en studio en octobre. On est passé par une période un peu compliquée, au moment d'écrire les paroles, notamment. Lorsqu'on fait un nouvel album, il se peut qu'au début, les résultats ne soient pas très bons, ou en tout cas, pas à la hauteur de nos attentes. Il y a eu ce moment un peu particulier où on désespère, où on se demande comment on va s'en sortir et réussir à faire fonctionner tout ça (rires). Une fois qu'on trouve un petit bout de morceau intéressant, on se focalise là-dessus. Ça motive à aller plus loin et c'est en travaillant dessus qu'on aboutit à un résultat, un morceau qui nous plaît vraiment. A partir de ce moment-là, le processus d'écriture peut commencer. En tout cas, c'est comme ça que ça s'est passé pour cette fois !

Concernant les paroles, tu te charges de les écrire seul, ou les autres membres participent ?

JB: Avant cet album, j'ai toujours écrit les paroles seul. C'est plus simple comme ça, puisque je suis le chanteur. C'est compliqué pour quelqu'un d'autre de se mettre à ma place de chanteur et de participer à l'écriture des paroles, il me semble... Néanmoins, sur cet album, Ludwig notre batteur a contribué à l'écriture des paroles sur « Every Day There's A Battle To Fight ». Il a commencé par écrire le refrain, et ça m'a inspiré pour développer le reste des paroles sur le morceau.

Comment s'est déroulé l'enregistrement de Sword Songs ? Vous avez conservé les mêmes procédés ?

JB : Oui, d'un point de vue technique. On a commencé par enregistrer la batterie, comme on a pris l'habitude de le faire depuis quelques albums... La différence cette fois-ci, c'est qu'on a enregistré la batterie avec Roberto Laghi. On a choisi d'enregistrer la batterie avec lui parce qu'on prévoyait déjà que ce soit lui qui mixe l'album. Concernant les précédents albums, nous avions la même personne pour produire et mixer, il s'agissait de Nico Elgstrand. Cette fois, Nico a produit l'album mais nous voulions quelqu'un d'autre pour le mixer. Honnêtement, Roberto a fait du bon boulot, cet album est très bien mixé. Je pense que ça vient notamment de son travail pour l'enregistrement de la batterie. On est vraiment parti de ça pour tout enregistrer.

Pourquoi avez-vous choisi Roberto Laghi pour mixer Sword Songs ? Vous cherchez encore à faire évoluer votre son ?

JB : Oui. C'est le quatrième album que nous faisons avec Nico comme producteur. Le premier était Hammer of the North. Pour Hammer of the North, on avait quelqu'un de différent pour le mix, mais Nico s'en est occupé pour les deux albums suivants. On avait besoin de voir quelque chose d'autre aussi. J'avais déjà dans l'idée que cet album devait être plus agressif que les autres, plus intense. Nous évoluons, c'est normal, et nous sommes tous tombés d'accord sur ce choix. Même si cela n'enlève rien au fait que Nico a fait de très bons mixes sur nos précédents albums.

Votre musique et vos paroles sont toujours très empreintes de tradition scandinave, et ce nouvel album ne déroge pas à la règle. D'où te vient l'inspiration ?

JB : Effectivement, on fait ça depuis le premier album. C'est moi qui écris les paroles, et j'ai personnellement été élevé en entendant beaucoup d'histoires, mon père avait l'habitude de me raconter toutes ces légendes lorsque j'étais tout petit. C'est quelque chose que j'ai toujours eu et c'est resté avec moi, même en grandissant. J'y suis très attaché. Je pense que c'est notamment parce que ce sont toujours des histoires liées à la nature, au respect de la nature. Cela fait quelques années maintenant que la nature, mais surtout la puissance de la nature, m'inspire pour les paroles que j'écris.

Le morceau instrumental qui figure sur votre album s'appelle « Hugr», d'après un personnage mythologique si je ne m'abuse... Tu peux nous en parler ?

JB : Le morceau qui s'appelle « Hugr » n'est pas à propos du personnage, même s'il est vrai que c'est le même mot. Ça veut dire « souvenir », ou « se souvenir ». Mais c'est également la signification du nom de ce personnage, ça vient de là, évidemment. C'est un morceau qui s'inspire beaucoup de la musique folk. Il a été écrit en grande partie par Fox, le bassiste. On a grandi tous les deux dans un village suédois, où la musique traditionnelle, folk, était très présente. Ca vient essentiellement de cela. Quant au titre que nous avons choisi, ça vient justement des souvenirs qu'on peut avoir du passé, de notre enfance, mais ça renvoie également à des choses bien plus vieilles que nous...

Ce côté folk que vous incorporez dans vos albums, c'est quelque chose que vous vous imposez ?

JB : On a toujours fait ça, oui. Ce n'est pas quelque chose que nous faisons parce que ça paraît cool, c'est juste quelque chose que nous avons en nous, avec lequel nous avons grandi. C'est naturel. C'est aussi quelque chose qui nous parle. Ça aborde des thèmes comme l'être humain, sans prendre en compte son âge, ou sa génération. C'est intéressant à de nombreux niveaux.

Est-ce que la mythologie est un moyen pour toi de parler métaphoriquement de choses plus personnelles ?

JB : Bien sûr. De nombreux morceaux sur cet album ont à voir avec des épreuves, des combats, des difficultés de toutes sortes. Je pense que peu importe qui l'on est, en tant qu'être humain, on vit forcément des situations complexes à résoudre. Ces morceaux peuvent à mon sens donner l'énergie nécessaire pour les surpasser. Ça permet d'aider, de montrer qu'au final on n'est pas seul, que des gens ont vécu ces situations avant nous. Il faut essayer, il faut passer outre, et notre musique tente de véhiculer cette énergie.

Un morceau avec un sens particulier pour toi personnellement sur cet album ?

JB : C'est très compliqué pour moi de choisir vraiment un morceau. C'est un album personnel et encore récent. Il faut plusieurs années avant de pouvoir prendre du recul sur quelque chose qu'on a fait. On n'écoute pas vraiment sa musique comme on peut écouter celle de quelqu'un d'autre. Mais le morceau « Forged in Iron - Crowned in Steel » me parle particulièrement. C'est un morceau heavy metal, mais plein d'émotion. Quand on a enregistré les voix pour le second refrain, j'ai vraiment ressenti quelque chose de fort. Je pense d'ailleurs qu'on peut l'entendre sur la version finale du morceau.

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Vous avez toujours exploité un côté très épique, mais cet album semble un peu plus centré sur les batailles, les combats. Pourquoi ?

JB : Ce n'est pas un album nécessairement axé sur la guerre ou le combat. Mais plutôt sur des épreuves à surmonter, et qu'on doit tous surmonter à un moment, mais à des niveaux qui peuvent être très différents, comme je le disais... Certains doivent se battre contre la maladie, d'autres doivent surmonter la guerre... Ou d'autres choses. C'est aussi très lié au heavy metal, c'est compliqué je trouve d'écrire un morceau de heavy metal qui n'est pas à propos d'un combat. C'est quelque chose de naturel, une force, c'est lié à cette musique.

Vous en êtes à votre huitième album maintenant, comment perçois-tu l'évolution du groupe depuis ses débuts ?

JB : Grosse question. Au tout début, on s'est beaucoup cherché. On était pas mal influencé par des groupes comme Cathedral ou Electric Wizard, on a poussé ça à fond sur le deuxième album. Mais, à mon avis, c'est vraiment à partir du troisième album que nous avons trouvé notre identité, qui est évidemment heavy metal, mais avec quelque chose de vraiment traditionnel, tout en conservant une certaine lourdeur. On n'a pas vraiment changé musicalement, depuis tout ce temps, c'est juste qu'on a continué à se focaliser sur comment faire des morceaux qui sonnent aussi bien que possible. Malgré tout, les albums sont tous différents les uns des autres, mais nous ne nous sommes jamais aventurés dans quelque chose de totalement différent sur le plan musical. Mais ça fait partie de nos méthodes de travail et c'est aussi inhérent au style de musique que nous jouons.

J'ai vu sur Internet qu'un chroniqueur sur Blabbermouth vous qualifiait de réponse scandinave à Manowar. Qu'est-ce que tu en penses ?

JB : Oh ! (rires) Pour moi c'est évidemment un très gros compliment, nous sommes de grands fans de Manowar. Ils nous ont énormément influencé... Moi, en tout cas. En réalité, ça me semble être une excellente description de ce que nous faisons !

Tu peux nous parler un peu de l'illustration de Sword Songs ? Vous avez visiblement gardé le même artiste que pour Triumph and Power.

JB : Effectivement, il s'agit d'Anthony Roberts. J'aime beaucoup son style, et on était très content de son travail sur la pochette de Triumph and Power. A vrai dire, on a beaucoup discuté avec lui pour l'élaboration de cette nouvelle pochette. L'aigle est un oiseau qui est très important pour moi, personnellement. Quand j'étais enfant, c'était un animal en voie de disparition ici, en Suède. Puis, il est revenu, peu à peu. Quand je sors ça m'arrive d'en voir. Ca a un côté émotionnel pour moi, donc c'est pour ça que j'ai voulu que cet animal apparaisse sur la pochette. L'album s’appelant Sword Songs, c'était aussi naturel qu'il tienne une épée dans son bec. Donc on est parti de cette idée...

Quels sont les prochaines étapes pour Grand Magus ? Une tournée européenne en prévision ?

JB : Oui, l'album sort le 13 mai. On va faire pas mal de festivals cet été, on va commencer en Allemagne, puis en France avec le Hellfest, puis le Download au Royaume-Uni... Après tout ça, on a une très grosse tournée européenne en fin d'année, elle débutera en octobre et dura deux mois. C'est à peu près tout. (rires)

Merci encore JB pour cette interview. Une dernier message à adresser aux lecteurs de La Grosse Radio ?

JB : Absolument, juste deux mots : STAY HEAVY. 

 



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