Après avoir sorti un EP portant le doux nom de Termination Redux et fait un teasing très intelligent sur les réseaux sociaux, Aborted sort donc un tout nouvel album intitulé Retrogore. Au menu des hostilités nous avons l’habituel déluge de riffs assassins et une surprise de taille qui ne plaira pas forcément à tout le monde…
Sortir un nouvel album et en faire sa promotion est un exercice qu'Aborted maîtrise parfaitement. Il suffit que vous soyez abonné à leur page ou que vous suiviez Sven et vous aurez remarqué les artworks magnifiques qui ont été postés quelques semaines avant l’annonce de la sortie de Retrogore. Les références aux films gores des années 80-90 sont multiples, mais celui qui viendra à l’esprit est Re-Animator, petit chef chef-d’œuvre d’humour et de gore du génialissime producteur et réalisateur Brian Yuzna. C’est donc avec ces indices que l’on comprend rapidement le thème de ce nouvel opus. Un thème qui sera développé tout au long des 12 titres proposés sur l’album.
C’est avec le sample du fim Dellamorte Dellamore revu à la sauce Aborted que démarre l’album. Une introduction inquiétante avec des voix enfantines et une musique à vous glacer le sang. Pas de doute on est en terrain connu et la patte Aborted est parfaitement reconnaissable. Cette ambiance oppressante sera présente sur chacune des pistes, ce qui est l’occasion de vous parler d’une évolution notable dans la musique du combo : son côté sombre.
La musique d’Aborted se caractérise par sa violence constante et ses riffs acérés qui ne laissent pas le temps de reprendre son souffle. Dans cette cuvée 2016, la bande de Sven a ajouté une nouvelle composante qui permet de temporiser entre deux blasts, ce qui amène une atmosphère encore plus malsaine qu’auparavant.
Une évolution qui apporte un vent de fraîcheur à leur musique et rend l’ensemble plus digeste pour le profane. Et c’est bien ce choix qui risque de ne pas plaire à tout le monde. En effet, le death metal d’Aborted s’adresse à une niche d’auditeurs et cette volonté de calmer le jeu avec des breaks de guitare "dark" ouvre leur musique à un public plus large. Certains puristes crieront au blasphème mais quand on prend le recul nécessaire, on se rend rapidement compte que c’est une évolution logique du combo, qui est très pertinente, et par laquelle il était nécessaire de passer.
Retrogore renferme des pépites de brutalité. On citera notamment "Whoremageddon" et son tempo qui démarre à toute berzingue et permet de se rendre compte que la production est d'excellente qualité, avec une basse explosive et une batterie parfaitement mixée. Les riffs de guitare permettent de casser la rapidité des blasts et amènent une ambiance tout simplement délectable.
"Bit by Bit" est un morceau de choix parmi ceux de Retrogore : un mélange subtil entre le death et le grind, l'équilibre est parfait et les fans de la première heure devraient apprécier cette claque. Le solo n'est pas en reste et s'imprimera dans les mémoires comme l'un des meilleurs de l'album. On notera le sample d'introduction faisant référence au film Re-Animator , du plus bel effet.
La voix de Sven est très puissante et même si l'on connaît son registre par cœur, force est d'admettre que le bonhomme en a sous le pied. Une voix qui est la marque de fabrique du groupe et qui se bonifie avec le temps.
Comme à son habitude, Aborted ne se moque pas de ses fans et sort un album clé dans la carrière du groupe, avec une musique brutale et sombre qui ajoute une touche pimentée à l’ensemble. Le death/grind concocté par le combo est imparable et d'un équilibre frôlant la perfection. L'ambiance "films d'horreur" est excellente et renouvelle intelligemment le concept un poil usé d'Aborted, un indispensable du death/grind en cette année 2016.