Pino Scotto – Life for a Dream

Pino Scotto : un nom assez méconnu en France, en comparaison à la petite poignée de formations metal Italiennes qui ont su briller à l'internationale pour citer l'exemple de Rhapsody Of Fire/Luca Turilli ou encore du célèbre combo Lacuna Coil. Pourtant, lui n'en est pas à son premier coup d'essai. L'outlaw de soixante-sept ans a fait les beaux jours du heavy metal Italien depuis plus de trois décennies : en passant de Pulsar en 1979 pour poursuivre avec Vanadium, groupe pour lequel il officiera jusqu'en 1996 avant d'entamer plus sérieusement sa propre carrière solo. Fervent admirateur de Lemmy Kilmister et du son rugissant du défunt Motörhead, il est aussi devenu un chanteur particulièrement médiatisé dans son pays, réputé pour sa grande gueule et son engagement récurrent dans le milieu associatif (cf. le projet humanitaire Rainbow Belize lancé depuis 2011). Après un Vuoti di Memoria principalement composé de covers et de références qu'il affectionnait (Ted Nugent, Elvis Presley, Muddy Waters...), il nous revient deux belles années plus tard, non pas avec de nouvelles compositions mais par le biais d'un ouvrage contenant tout ses plus gros titres ré-enregistrés et repensés pour l'occasion.


 

En fait, Life for a Dream est une sorte de best-of remis au goût du jour. Sans pour autant tomber dans la mélancolie qui pourrait apparaître lorsqu'on se remémore les meilleures années de Pino Scotto, ici, l'essentiel de son travail est porté sur le ré-enregistrement d'anciens titres phares de sa carrière (et ce, malgré une ou deux nouveautés en ouverture). Comme à son habitude depuis le terrible Datevi Fuoco délivré en 2008, le rockeur s'entoure d'une grande famille de musiciens et de performeurs : cinq groupes sont crédités et presque vingt artistes figurent dans la liste parmi lesquels on retrouve Fabio Lione (Rhapsody Of Fire, Angra) qui intervient sur « Easy Way to Love » et Roberto Tiranti (de Labyrinth au projet d'opéra-rock celtique Français Excalibur) pour ce qui est de « To Young to Die ». Signé chez Nadir Music, petit label local basé à Gênes qui a notamment travaillé sur le Calix. Utero. Babalon de Necromass ou avec Sadist, Will Ö Wisp ou Winter Age pour ne citer qu'eux, la production bénéficie d'un son propre et moderne principalement taillé hard-rock, rock'n'roll. Compte tenu du nombre élevé de morceaux qui compose la tracklist (dix-huit), le disque aurait pu se montrer particulièrement difficile à appréhender, pourtant, la grande diversité de cet opus lui permet justement de s'équilibrer grâce au mélange des époques et des sonorités.

 

Pino Scotto, Life for a Dream

Crédits photo : Sabrina Campagna
 


Dans la mesure où Life for a Dream propose un focus détaillé sur chaque période musicale de Pino Scotto, il serait préférable d'imaginer le disque séparé en deux parties distinctes pour mieux se l'approprier. Ainsi, le premier chapitre s'étend de la fin des années '70 jusqu'au milieu des années '80, ce qui correspondrait aux cinq titres arrivant après les deux nouvelles compositions démarrant la galette. Il est vrai que « Don't Touch the Kids » aurait pu faire écho à l'actualité récente du Cardinal Barbarin en France mais il n'en est rien. Un crû de hard-rock efficace aux accents diaboliques enrichit de longues plages de solos. Tout comme « The Eagle Scream » possédant des intonations sombres se rapportant au Ozzy Osbourne des années  13 / The End, l'artiste conserve le côté effrayant et repoussant de ses débuts. Les harmonies vocales se révèlent particulièrement réussies et le clavier de Alex Del Vecchio (Silent Force, le supergroupe Voodoo Circle ou le projet international Verde Lauro) vient compléter l'ambiance déjà très lancinante et typée heavy old-school. En partant d'une production imparfaite et groovy qui caractérisait l'enregistrement d'époque de « A Man on the Road », la nouvelle version, quant à elle, se démarque par sa collaboration avec Rob Iaculli, le jeune batteur live du groupe de heavy-rock Rhyme qui commence à faire parler de lui en Italie. De plus, l'album a la faculté d'alterner quelques ré-interprétations originales à l'image d'un « Streets of Danger » accueillant la formation de death progressif Sadist qui se plaît à rendre le titre plus extrême ou encore des pièces aux influences plus insoupçonnées telles que l'évocatrice « We Want Live Rock'n'Roll » nous rappelant de près ou de loin les vocaux graves et rocailleux  du frontman de Lordi.

Pino Scotto, Life for a Dream, 2016

On se souvient tous de la dernière déclaration de Pino Scotto il y a quelques mois, en réaction à l'annonce du nouveau performeur de AC/DC : "J'ai une autre proposition visant à remplacer la voix de AC/DC, autre que celle d'Axl Rose qui ressemble plus à une vache. Vous connaissez Krokus ? Marc Storace serait parfait, il a une voix très proche de Bon Scott, l'ex-chanteur du groupe de rock Australien". A ce titre, « Angus Day » fait l'effet d'une bombe en empruntant des guitares survitaminés à la Angus Young. De manière générale, plus on s'approche de la fin du disque, plus les titres sont récents. Beaucoup sont tirés de sa carrière solo et notamment de Datevi Fuoco comme c'est le cas avec « Dio del Blues » qui sent bon les quartiers latinos et la musique blues couplée à une section cuivres bien dansante ou « Gamines » qui fait pleurer les violons de Valentina Cariulo en se la jouant à la Umberto Tozzi. Autrement, l'auditeur pourra trouver des restes du combo Fire Trails, projet apparu au milieu des années 2000 et comptant à ce jour deux albums. « Spaces and Sleeping Stones » entame une expérimentation vers le progressif symphonique tout en continuant d'approfondir la technique de chant et les envolées criées du vieux cowboy. A la guitare, Steve Angarthal (Dragon's Cave, ex-Fire Trails). Des classiques bien connus des fans sont aussi à l'honneur histoire de compléter le précieux objet : « Come Noi » subit un ré-enregistrement assez brouillon mais où le rap se mêle toujours au rock tandis que l'excellent « Morta è la Città » se fait cette fois-ci sans la présence du gratteux de Europe, Kee Marcello.

Avec Life for a Dream, Pino Scotto nous ouvre les portes de sa brillante discographie : des 45t de Pulsar aux légendaires opus de Vanadium jusqu'à ses œuvres les plus personnelles. Malgré son âge avancé, il conserve un style vocal atypique. A coups d'hymnes scandés, de ballades romantiques et de hard-rock détonant, ce ré-enregistrement reste une valeur sûre à conseiller aux fans et aux curieux.

 

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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