Drudkh – Eternal Turn of the Wheel

Les Ukrainiens de Drudkh reviennent enfin à un Black Metal plus sombre et plus puissant avec son 9ème album Eternal Turn of the Wheel sorti chez Season of Mist.

Le dernier souvenir de la bande à Roman Saenko (également dans Hate Forest) m'avait donc plus que déçu. On oublie donc l'expérience en demi-teinte avec Neige (Alcest) dans le projet Old Silver Key qui essayait de nous emmener dans un univers Post-Rock.

On est loin des dernières apparitions sur disque de Drudkh, cherchant plus à nous faire partager un Black Metal plus aérien comme sur Handful of Stars plutôt que du Black Metal puissant et sombre qui avait fait leur succès. Grâce à ce nouvel album, on commence à se rassurer et c’est avec une joie non dissimulée que l’on (re)plonge dans l’univers de Drudkh.

 

Drudkh

Il est vrai qu’ils sont connus pour chanter les louanges du nationalisme ukrainien et arien (comme bon nombre de groupes de l’Europe de l’Est d’ailleurs), et qu’ils sont considérés comme un groupe aux idées dépassées, mais il est bon de se rappeler historiquement que l'Ukraine fut le foyer du premier État slave oriental fondé par des Scandinaves et que l'Ukraine a été pendant plus de 340 années sous l'occupation de l'Empire Russe, puis de l'URSS… ça laisse des souvenirs impérissables…

Eternal Turn of the Wheel est composé de 5 titres dont le premier titre « Eternal Circle » (clin d’œil au retour aux sources) sert plutôt d’intro à l’œuvre comme souvent chez Drudkh. Le vent se lève sur les plaines isolées des landes slaves. Un petit arpège tout en douceur vient vous caresser doucement afin de vous mettre dans de bonnes conditions pour vous pousser dans l’univers des Ukrainiens.

Dès les premiers accords de « Breath of Cold Black Soil » on retrouve l'ambiance qu'a su créer le groupe depuis bientôt 10 ans. La batterie ne vous laisse pas de répit, c'est une avalanche de rythmes qui vous tombe dessus. La voix, écorchée à souhait interpelle l'auditeur. Certains diront que la prise de risque était minime en retournant aux sources de ce qui avait fait leur réputation et que les dernières expériences du groupe étaient plus osées dans un Post BM moins facile d'accès. Je trouve que l'entrée en matière est plus que réussi. Le break que l'on retrouve au milieu du titre est très attentif, comme ceux que l'on aime retrouver dans le BM. Il structure une ambiance afin de nous replonger plus froidement dans la suite du titre.

Les titres sont longs (dépassant les 8 minutes). Ils permettent de nous proposer des changements d’ambiance, de placer des breaks pour illustrer les titres (écoutez donc « Night Woven of Snow, Winds and Grey-Haired Stars » et vous vous trouverez plonger dans l’illustration de l’album. Les mélodies sont entêtantes, avec un côté Payen slave porté par des rythmes puissants. Les notes discrètes de synthés (par nappes) en fond apportent du propos à certains passages comme sur « When Gods Leave Their Emerald Halls » en y ajoutant une atmosphère oppressante.

Parfois on retrouve sur d’autres morceaux des guitares acoustiques qui redonnent des envolés lyriques au titre et permettent à l'auditeur de reprendre des forces. Certains morceaux sont plus lents, nous plongeant dans le contemplatif (« Farewell to Autumn's Sorrowful Birds ») sans pour autant nous imposer une voix claire.

 

Drudkh

Comme le personnage fantomatique illustrant l’Artwork (réalisé à la pastelle), avançant dans la nuit portant toutes les douleurs de l’Ukraine sur ses épaules, le titre nous prend par la main afin de nous emmener vers un break païen à souhait : cris lugubre, cloches, corbeaux, sons de pas dans une neige épaisse... et soudain ça blaste dure, et ce jusqu'à la fin.

Malgré un album relativement court avec 37 minutes au compteur, on est tout de même heureux de voire les ukrainiens renouer avec leur Black Metal d’antan.

Вічний Оберт КолеÑа (non originel de l'opus) nous aura rassuré quand aux capacités du groupe à revenir aux bases. Drudkh prouve donc qu’il peut allégrement passer d'une expérience post « quelque chose » à un Black Metal unique et singulier prouvant que l’identité d’un pays ne peut jamais être écrasée par la politique agressive d’un pays tiers.

 

Lionel / Born 666

Tracklist :

1. Eternal Circle
2. Breath of Cold Black Soil
3. When Gods Leave Their Emerald Halls
4. Farewell to Autumn's Sorrowful Birds
5. Night Woven of Snow, Winds and Grey-Haired Stars
 

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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