Lacuna Coil – Delirium

Deux ans après un Broken Crown Halo de bonne facture mais qui commençait déjà à sentir le rechauffé, les italiens de Lacuna Coil nous reviennent avec tout nouvel opus Delirium. Derrière ce titre se cache un album qui nous offre un nouveau visage du combo de Milan. Enfin de la prise de risque !

L'annonce d'un nouvel album de Lacuna Coil est toujours attendu par les fans comme par les détracteurs. Il faut dire que depuis Karmacode en 2007, le groupe n'avait pris absolument aucun risque dans ses nouvelles sorties et que l'affaire commençait fortement à agacer. Bien sûr, Shallow Life, Dark Adrenaline et Broken Crown Halo regorgaient de très bons titres mais l'effet de surprise n'était plus du tout de la partie. L'espoir pointait cependant le bout de son nez à l'annonce de Delirium déjà parce que celui-ci possède une véritable identité au travers du titre, de la pochette, du photoshoot en promotion de l'album et grâce à son thème. Et puis n'oublions pas que cet opus se fait sans trois membres quasiment originaux du groupe qui sont partit vaquer à de nouvelles occupations. Exit les deux Cristiano et Marco, bonjour au batteur américain Ryan Folden pour un opus enregistré en quatuor. C’est le principal compositeur du combo, Marco Coti-Zelati qui s’est occupé de la basse, des guitares et des claviers !
 


Passons aux choses sérieuses maintenant et disséquons ensemble cet album. Delirium s’ouvre sur "The House Of Shame" – coïncidence, c’est aussi le premier titre qu’a découvert le public en amont de la sortie – et l’auditeur en prend tout de suite plein les écoutilles. Est-ce bien un disque de Lacuna Coil inséré dans notre ordinateur ? De qui provient cette voix démoniaque que l’on pourrait assimiler de loin à quelque chose sorti d’un disque de black metal ? Les secondes s’égrènent et l’auditeur retourne en terrain plus ou moins conquis avec la musique et le chant si reconnaissable du duo Cristina ScabbiaAndrea Ferro mais notre curiosité est piquée, plus que sur l’ensemble des trois derniers albums réunis.

La deuxième piste fait son apparition, "Broken Things", et on retrouve le Lacuna Coil des trois derniers albums avec du rentre-dedans, une basse omniprésente (à souligner parce que c’est quand même très rare), Andrea qui chante/rappe et Cristina qui nous charme avec sa voix angélique. Le refrain est assez classique mais comme d’habitude, le boulot est fait et très bien fait mais on ne retrouve pas la surprise de ce premier titre.

"Delirium" s’ouvre à nous avec les vocalises hautes perchées de Cristina, la chanson est très simple quant à sa structure avec ce mot « Delirium » répété à l’infini par la frontwoman mais l’effet ajoutée en fond sur sa voix, à la limite du chant oriental, est hypnotisant et on se prend à remettre la chanson une seconde fois pour bien tout assimiler. Dès le troisième titre de cet opus, on se dit qu’on tient quelque chose, que Lacuna Coil a enfin décidé de se bouger pour nous offrir quelques choses à la hauteur du talent de ses musiciens. Et ce n’est pas la suite de l’album qui nous fera mentir. Nous l’évoquions avec Cristina et Andrea au cours de notre entretien, la période suite au départ des deux Cristiano et de Marco a été assez compliquée pour eux sur un plan personnel et bien sûr professionnel. A croire que ces aléas de la vie ont totalement redynamisés le quartet !

Deux invités majeurs font leur apparition sur cet album. Tout le monde connait bien sur Myles Kennedy (Alter Bridge et Slash) pour ses talents de chanteurs mais cette fois, c’est pour ses talents de guitariste que les Italiens ont fait appel à lui pour poser un solo sur "Downfall". Vous connaissez peut-être moins le deuxième invité (pourtant après avoir écouté son solo, vous allez vite vous renseigner sur lui et son combo), Mark Vollelunga est le guitariste du combo américain Nothing More (que l’on a notamment pu voir en première partie d’Halestorm ou dans le cadre d’une tournée européenne passé par Paris et la Maroquinerie) et pour quiconque ayant déjà écouté Nothing More, sa patte est tout de suite reconnaissable et nous offre un des meilleurs moments de cet opus. Beaucoup moins dans la démonstration que Myles Kennedy, Mark Vollelunga joue plus sur l’efficacité, l’émotion et bordel, ça tape dans le mille.


Pour la promotion de Broken Crown Halo, Lacuna Coil a tourné en Europe avec les Américains de Motionless In White pour une affiche assez hétéroclite que ce soit musicalement mais aussi en matière de public. Il semble en tout cas que ces quelques dates passées avec Motionless In White ont influencé Lacuna Coil musicalement. Sur les titres "Ghost In The Mist" et "Claustrophobia", on retrouve des éléments typiques des américains qui, pour rappel, font un metalcore qui lorgne sur Marilyn Manson et le gothic metal. Que ce soit avec la voix d’Andrea très différente de l’habitude, la base rythmique qui nous sert un plan typiquement metalcore dans sa construction ou les emprunts aux éléments musicaux de fonds que l’on connait à Motionless In White, c’est saisissant. Sur "Claustrophobia", le titre commence par un mid-tempo classique puis après le pont, la basse vrombit, le breakdown est encore une fois emprunté au metalcore et les claviers font leur apparition.
 


Une autre énorme différence avec les derniers albums du groupe se situe dans le nombres de morceaux avec des solos de guitare, Lacuna Coil ne nous avait pas du tout habitué à cela et la surprise est à accueillir avec le sourire. Les Italiens prennent des risques et après quasiment vingt ans de carrière, on peut leur tirer notre chapeau. Mention spéciale aux progrès réalisés par Andrea Ferro, souvent moins bien considéré que Cristina Scabbia mais qui sur Delirium se démultiplie et nous offre une facette de lui que l’on ne connaissait pas auparavant. Nous n’avons pas mentionné le travail à la batterie de Ryan Folden mais il est à souligner que celui-ci est beaucoup plus technique que son prédécesseur, n’hésitant pas à placer du blast beat à certains endroits et à travailler énormément sur la technique plutôt que sur la rapidité.

Avec Delirium, Lacuna Coil réussit un grand coup et va se réconcilier avec beaucoup de ses fans perdus avec le temps et pouvant même en gagner d’autres au vu de la qualité de cet opus. Très clairement, c’est le meilleur opus des Italiens depuis Comalies, rien de moins que ça. Un album qui va défourailler dans les chaumières en 2016 !

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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