Architects – All Our Gods Have Abandoned Us

Architects a clairement changé de dimension depuis la sortie il y a deux ans de Lost Forever // Lost Together. Devenu un groupe capable de tenir la tête d’affiche dans de grandes salles, le combo de Brighton est parvenu à se hisser à un niveau de notoriété que bien peu de groupes possèdent dans la sphère metalcore, à l’instar d’un Parkway Drive ou d’un Bring Me The Horizon. Et ce succès, les Anglais le doivent tout particulièrement à ce dernier opus d’une intensité incroyable, sans aucune faiblesse qui leur a assuré une place de choix dans le cœur des fans.

A peine le temps de parcourir le monde pour le défendre que voilà déjà All Our Gods Have Abandoned Us, successeur censé confirmer Architects comme leader incontesté du metalcore technique. Seulement voilà : la dernière fois que le groupe sortait un album génial (Hollow Crown, 2009), le successeur The Here And Now était une immense déception. C’est donc peu dire que ce septième album (déjà !) était attendu au tournant.

architects, 2016, album, chronique, review

A la première écoute, All Our Gods Have Abandoned Us a de quoi laisser confus le fan de longue date. Plus monolithique et moins direct que son prédécesseur, l’album impressionne sans doute moins de prime abord. Après quelques écoutes attentives, on se rend cependant vite compte à quel point Architects maîtrise son sujet à la perfection tout en se permettant des évolutions matures et parfaitement réussies.

Pour commencer, les Anglais nous envoient la bombe « Nihilist », courte et intense qui devrait très bien s’intégrer à la setlist. Faisant écho à « Broken Cross » au niveau des paroles anti-religieuses, le titre permet de se rappeler qu’Architects est avant tout un groupe engagé et prêt à dénoncer l’attitude inacceptable de certains grands puissants. Quand on connaît la vacuité habituelle des paroles de leurs camarades cela donne évidemment une raison de plus d’aimer le combo.

« Deathwish » nous déroule la facette hardcore-punk que l’on connait au groupe depuis « The Devil Is Near » avec ces chœurs puissants également  audibles sur « The Empty Hourglass ». L’intro de ce dernier est d’ailleurs assez effrayante avec des « wo-hoho » plutôt typique des pires groupes emos avant qu’Architects ne rassure en envoyant la sauce comme il sait si bien le faire. Plus surprenant, le chant clair de Sam Carter est réintroduit en masse, tout droit sorti de l’époque Daybreaker. Le frontman porte l’album sur ses épaules avec une performance époustouflante, si bien qu’on est en droit de s’inquiéter pour la retranscription en live de ces titres. Même si les nuances sont toujours relativement absentes de sa voix, le mélange du scream et du chant clair n’est pas sans rappeler les meilleures heures de Chester Bennington.

Récemment, ce sont les guitares de Tom Searle et Adam Christianson qui ont été pris pour cible par les critiques pour leur manque d’originalité. Effectivement, on ne peut pas dire que les riffs d’introduction de « Downfall », « Phantom Fear » ou « A Match Made In Heaven » soient très différents, la faute à un accordage en Sol omniprésent depuis l’album précédent et un son plus que jamais tourné vers le djent. Mais ce travail minimaliste sur les guitares a aussi tendance à porter l’attention de l’auditeur sur des éléments plus décisifs comme la basse d’Ali Dean qui transfigure des titres comme « Downfall » ou « All Love Is Lost ». Egalement omniprésents dans tous les titres, les samples electro et touches de clavier des frères Searle donnent de plus en plus une dimension aérienne à la musique, tirant par moments vers le post-rock d’un This Will Destroy You ou Mono voire les orchestrations d’un Bring Me The Horizon période There Is A Hell.

Le titre le plus marquant d’All Our Gods Have Abandoned Us est sans nul doute le délicat « Gone With The Wind », dévoilé depuis plusieurs semaines déjà et qui nous emmène avec une infinie délicatesse sur le sujet des maladies mentales. Une chanson que l’on verrait bien adaptée en version acoustique à l’avenir. Architects prouve aussi qu’il sait toujours placer des breakdowns dévastateurs avec le furieux « Gravity » ou « Downfall », qui reste en tête bien longtemps après l’écoute. Puisque l’on doit faire la fine bouche, la seule composition décevante de cet album est au final « Phantom Fear » qui ne décolle jamais vraiment malgré des paroles une nouvelle fois très intelligentes.

Enfin il est temps de s’arrêter sur les trois dernières chansons de cet opus, témoignage d’une expérimentation réussie par les Anglais. Impressionnante composition, « All Love Is Lost » calme le jeu et parvient à faire passer une émotion pure et dénuée de toute mièvrerie, le tout sur des riffs que ne renierait pas Deftones. L’opus se conclut sur « Memento Mori », ambitieux projet de huit minutes qui constitue sans comparaison possible la composition la plus aboutie jamais écrite par Architects. On ne voit pas le temps passer avec ces arrangements parfaits et ces changements de rythme qui se font de manière totalement naturelle, jusqu’à voir apparaître un hallucinant blast beat quasiment black metal pour retourner la tête de l’auditeur une dernière fois avant la fin de l’écoute.

Vous l’aurez sans doute compris à la lecture de cette chronique, Architects frappe une nouvelle fois un grand coup avec ce nouvel opus tout en maitrise et en maturité. Le groupe tient la recette du succès désormais et a décidé de ne plus la lâcher, tout en continuant d’expérimenter par petites touches. S’il aura certainement déçu certains par son manque d’évolution marquante, il est logique de penser que l’on tient tout de même là l’un des albums de l’année. Il devrait en tout cas permettre aux anglais d’asseoir sans problème leur place bien méritée tout en haut de la pyramide metalcore.

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...