Qu’on aime ou qu’on n’aime pas Axl Rose, emblématique chanteur des Guns N' Roses, on est forcé de reconnaître que le voir partager la scène avec un groupe aussi mythique, légendaire, démesuré qu’AC/DC est un véritable moment historique. Et des moments d’histoire, comme ça, dans le rock, on n’est plus prêt d’en avoir des masses vu l’hécatombe qui touche en ce moment la grande famille du rock n' roll.
C’est donc dans cette optique là que je souhaitais absolument me rendre dans l’antre du Stade Vélodrome.
Je commence par rejoindre l’équipe de Rock Hard, qui a fait le déplacement également pour l’occasion, et un Phil Lageat (auteur du magnifique ouvrage "AC/DC et la France") vraisemblablement heureux comme un jeunot de 20 ans !
Après avoir bu quelques verres d’une eau minérale (houblonnée) dans une brasserie aux abords du stade, en compagnie de mes collègues - et amis, mais aussi de moult et moult fans d’AC/DC de toutes générations unies par un point commun qui est l’amour d’A̶C̶/̶D̶C̶ de la bière, il est temps de prendre la direction du stade à quelques centaines de mètres seulement.
Tyler Bryant & The Shakedown
Pour cause de régulations par rapport aux photographes (NDLR : nous n’avons qu’un nombre défini de chansons à shooter, suite à quoi devons quitter l’enceinte du stade jusqu’au groupe suivant, etc..) je n’ai eu le plaisir de pouvoir assister qu’à 3 morceaux de ce groupe US originaire de Nashville, qui a délivré une prestation bien burnée.
Sous de faux airs de jeunôt pas trop sûr de lui-même, Tyler Bryant occupe bien la scène et nous entraîne dans un blues rock bien heavy notamment grâce à nombre de rythmiques bien groovy. Il faut dire qu’il est accompagné à la guitare par Graham Whitford, qui a du profiter du talent de son papa guitariste d’une petite formation de hard rock du coin répondant sous le doux nom d’Aerosmith.
En définitive, un groupe sur lequel il faudra absolument garder un oeil ! Le public, lui, ne s’y est pas trompé, au vu de l’accueil réjoui qu’il leur a finalement réservé, et qui s’est entendu de l’extérieur du stade.
Dommage que le volume sonore ait été bridé, mais ça hein, on pouvait quand même s’y attendre un peu !
AC/DC
De retour dans un vélodrome finalement blindé de monde, la pression commence maintenant à se ressentir. Le public ne tient plus en place, et une ola commence même à s’organiser (et comme la boutade est facile et de rigueur, on se dit que ça doit leur faire bien plaisir à nos amis marseillais, depuis le temps qu’ils n’ont rien pu fêter dans ce stade…) et tout le monde commence à trépigner d’impatience quand les lumières s’éteignent et que l’animation annonçant le début du concert fini par se mettre en marche sur les somptueux écrans géants qui ornent la scène de part et d’autre.
C’est parti pour très exactement 2 heures de concert à un rythme effréné. Dans une énorme explosion (ouaiiiiis, du feuuuu !) le groupe fait son entrée sur scène, avec un Axl Rose qui s’empresse de rejoindre son trône (!) et un Angus Young qui s’est promis de déchaîner les foules dès son apparition. Marseille oblige, il s’orne d’un uniforme d'écolier bleu et d’une chemise blanche ; pas folle la guêpe.
M’acquittant tout d’abord de ma tâche de photographe et me trouvant de ce fait à proximité immédiate de la scène durant les trois premiers morceaux qui me sont alloués, il me semble que le son, bien que très puissant, est relativement équilibré. Un petit défaut dans les aigüs qui sont un peu trop poussés, surtout au micro chant, mais cela reste passable pour le début d’un concert de cette envergure, le son étant généralement corrigé progressivement. D’ailleurs, c’est sur un "Shoot to Thrill" endiablé que le concert prend une toute autre dimension, à en voir la réaction du public qui frise l’hystérie.
Quel dommage cependant que l’avancée de scène soit si haute ; les barrières de sécurité étant relativement "proches" de celle-ci, les premiers rangs "centre" de la pelouse or ne peuvent absolument rien voir de ce qui se passe sur scène. Et quand on sait que seul Angus utilise cette avancée et de manière très ponctuelle, c’est bien dommage de l’avoir faite aussi longue au final car une partie du public se retrouve bien lésée...
On ne peut s’empêcher d’avoir une triste pensée pour Axl Rose, reclus au fond de son fauteuil, qui en même temps d’assurer vraiment sa performance ne peut s’empêcher de se retourner tant bien que mal et de trépigner du pied (enfin, de l’autre pied) !
Juste le temps de rater un incontournable (enfin, la preuve que si !) "Back in Black" qu’on devine jouissif de l’extérieur du stade (quel boulot ingrat que celui de reporter d’images..) ainsi que deux ou trois autres morceaux, j’arrive à remettre les pieds dans l’arène sur un "Thunderstruck" retentissant, qui laisse place par la suite à une setlist aux petits oignons, qui réchaufferait même mémé.
Enchaînement de tubes à outrance, la pression ne va plus retomber jusqu’à la fin du concert. Et mes aïeux, ce n’est pas la triade "High Voltage" / "Rock N Roll Train" / "Hell Bells" qui va me contredire vu que cela déclenche littéralement les premiers pogos des deux côtés de la pelouse or, suivies d’un mythique "Given the Dog A Bone" que les connaisseurs ont sûrement dû apprécier.
Et hop, immense surprise puisqu’AC/DC nous déterre un "If You Want Blood (You’ve Got It)" qu’ils n’ont pas joué sur scène depuis 2003 ; belle surprise ! Pour surenchérir ensuite avec une chiée de hits parmi lesquels le groovy "Have A Drink on Me", le dépotant "T.N.T." ou encore l’efficace "Whole Lotta Rosie" pour finir sur un "Let There Be Rock" dantesque, rallongé par un long solo de guitare de l’increvable Angus Young qui, à 61 ans, en plus de courir d’une part et d’autre de la scène, fait encore des cabrioles sur le sol comme un enfant de 10 ans alors que des dizaines de milliers de confettis se trouvent projetés de part et d’autre de l’avancée où il se trouve. Angus est époustouflant, on se dit qu’il va tous nous enterrer à ce rythme là ; quelle énergie, ce mec transpire le rock n roll à grosses gouttes.
Après une courte sortie de scène le groupe revient pour nous balancer l'hymne magistral "Highway To Hell" lors duquel tout un stade s’époumone d’une seule voix sans penser au lendemain, un "Riff Raff" sorti de derrière les fagots qui fait du bien par où il passe, pour finir ce show sur un "For Those About To Rock (We Salute You)" d’anthologie, durant lequel les artificiers s’en donnent à coeur joie en nous adressant un forfait canons et pyrotechnie volonté !
En définitive, un très bon moment que ce concert (malgré le son finalement très moyen des gradins..) ; certains peuvent regretter le timbre de voix plus granuleux de Brian Johnson (ou encore le regretter juste par nostalgie !) mais en voyant l’humilité et la performance d’Axl Rose, on en arrive réellement à se dire qu’au final c’était vraiment une belle expérience qu’à titre personnel je ne regrette pas du tout.
Pour aller un peu plus loin, on pourrait même entrevoir le fait que ce genre de "Mashups" entre membres de différentes formations soit peut-être bien l’avenir de cette scène vieillissante. Les groupes "fondateurs" perdant certains de leurs membres ou ayant du mal à se renouveler n’auraient-ils pas avantage à piocher chez les collègues ? De la diversité, un peu de sang-neuf, une interprétation différente de classiques.. C’est peut-être ça qu’il faudrait, aussi, quitte à en choquer plus d’un.
Allez la bise Axl, tu m’as convaincu, on se capte au prochain concert des Guns.
RnFnR !
Setlist :
Rock Or Bust
Shoot To Thrill
Hell Ain’t A Bad Place to Be
Back in Black
Got Some Rock & Roll Thunder
Dirty Deeds Done Dirt Cheap
Rock N Roll Damnation
Thunderstruck
High Voltage
Rock N Roll Train
Hell Bells
Given the Dog a Bone
If You Want Blood (You’ve got It)
Sin City
You Shook Me All Night Long
Shot Down In Flames
Have a Drink on Me
T.N.T.
Whole Lotta Rosie
Let There Be Rock
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Highway To Hell
Riff Raff
For Those About to Rock (We Salute You)