Les Suédois de Dark Funeral effectuent leur grand retour 7 ans après Angelus Exuro pro Eternus, une attente longue pour les fans assoiffés de black metal qui seront récompensés avec la sortie de Where Shadows Forever Reign. L’occasion est parfaite pour découvrir les membres qui n’était pas présents sur les anciennes galettes.
Le black metal que propose Dark Funeral depuis 23 ans n’a eu de cesse d’être affûté d’album en album. Et si le combo n’est pas un des plus prolifique au niveau des sorties studio, il a le mérite de proposer à chaque fois de la qualité et surtout une musique touffue sur laquelle on prend un grand plaisir à retourner. Rien n’est laissé au hasard, depuis l’artwork en passant par leurs paroles qui ont souvent pour thème le satanisme (black metal oblige) et qui sont très travaillées et intéressantes à déchiffrer. Ce sont tous ces éléments qui ont propulsé Dark Funeral au top des groupes de black metal suédois, faisant d’eux une des références incontournable de cette scène. Débutant leur carrière avec un black metal brutal et bas du front, le combo a su faire évoluer sa musique vers un mouvement plus mélodique (toute proportion gardée) tout en conservant son côté bestial et ravageur.
Quand on met Where Shadows Forever Reign dans le mange disque et que l’on écoute les premières notes de "Unchain My Soul" on est aussitôt rassuré. L’ambiance malsaine distillée par le groupe est toujours présente et les blasts ne tardent pas à déferler telle une tornade balayant tout sur son passage. La voix de Heljarmadr est en accord avec ce que propose Dark Funeral depuis de nombreuses années, à savoir un chant aigü et burné avec des variations death. Heljarmadr ne se contente pas de déverser son flot de haine dans son micro, il apporte une touche moins monotone qu’à l’acoutumée et c’est une vraie plus-value. Notons aussi que son chant est très propre et maîtrisé, le contraire serait un comble étant donné que le gaillard a fait ses armes principalement dans des groupes de black metal.
Après ce premier titre qui pose les bases avec une ambiance aux petits oignons, on se retrouve directement jeté en enfer avec des titre compacts, puissants et rapides dont la composition reste suffisamment aérée pour que l’on puisse en apprécier les moindres parties. C’est bien simple, les morceaux durent en moyenne cinq minutes et jamais on ne s’ennuie tant le groupe réussit à faire évoluer ses morceaux et ses riffs, aussi simples mais diablement efficaces soient-ils ! La symbiose entre les musiciens est presque palpable et c’est un plaisir de chaque instant d’être agressé par cette entité démoniaque.
C’est avec "As I Ascend" que l’on prend pleinement conscience que Dark Funeral sort ici l’un des meilleurs albums de sa carrière : on apprécie son introduction, son rythme en mid-tempo ou encore ses accélérations qui ne manqueront pas de claquer quelques cervicales en concert (mention speciale pour Dominator, le batteur qui livre une performance excellente de bout en bout avec un jeu de jambe démentiel).
Lord Ahriman et Chaq Mol (un nom certainement dur à porter...) ne sont pas en reste. Ils apportent tout le côté diabolique et malsain à la musique de Dark Funeral et certes leurs riffs sont typiques du mouvement black metal et ne révolutionnent pas le genre, mais ils réussissent tout de même à apporter un plus non négligeable, musicalement parlant.
Il est à noter que la production de Where Shadows Forever Reign a été placée entre les mains de Daniel Bergstrand. Ce nom ne vous dit peut-être rien mais il est derrière les productions de Meshuggah (Chaosphere), Behemoth (Demigod) et Dimmu Borgir (Abrahadabra)… Le bonhomme est donc un expert en la matière et cela s’en ressent tout au long des neuf pistes que comporte cet album.
Avec Where Shadows Forever Reign, Dark Funeral sort sa pièce maîtresse, un pavé dans la mare qui ne laissera personne indifférent. Le groupe est au sommet de son art avec des titres qui se retiennent dès la première écoute. Bardé de musiciens qui connaissent leur boulot et qui le font à la perfection, produit par une pointure du genre, sans limite et brutalisant les oreilles de l’auditeur, Dark Funeral signe ici son album le plus abouti. Sans aucun doute le meilleur album black de cette année 2016.