Drôle d’endroit pour une rencontre, musicale !
Le titre du premier film de François Dupeyron (décédé comme beaucoup en 2016…) avec Gérard Depardieu et Catherine Deneuve, sorti en 1988, colle bien avec le lieu où se produisent les franciliens de The Last Embrace puisqu’il s’agit de la médiathèque de Montrouge près de Paris.
Le lieu est atypique pour un concert mais finalement pas incohérent car organisé dans la salle des CD, dont les bacs ont été déplacés pour mettre en place une scène sur la moquette, la sono, la console et un assez grand nombre de chaises pour le public venu nombreux (et dont une bonne partie restera debout). On peut légitimement se demander quel genre de public peut venir voir un groupe de metal prog un samedi après-midi ensoleillé à 15h. Et bien il s'agit d'un public très hétéroclite, allant du fan du groupe ou de metal en passant par les habitants de la ville ou les curieux de passage venus emprunter un disque. Idem pour l’âge représenté par toute les générations, des plus âgés aux parents avec leurs enfants.
C’est aussi un horaire et un lieu donnant l’occasion à un auditoire plus large d’écouter de la musique pour laquelle il n’aurait très certainement pas fait le déplacement dans une salle parisienne un soir de semaine, d’autant plus que le concert du jour est gratuit. Gratuité qui, comme en plaisantera Olivier, le guitariste, ne payera pas le goûter.
Pour en venir à la musique, le quintette au complet se produit en électrique ce qui est assez rare et fait de ce concert un moment particulier sur bien des points, tant pour eux que pour les spectateurs présents. Ils sont seul à l’affiche, un avantage pour prendre son temps sur scène et ainsi jouer durant près d’une heure vingt, ce qui est fort appréciable. Ce temps imparti leur permet de piocher dans toute leur discographie depuis leur premier album (le déjà très prometteur Inside), dont ils interpréteront les excellents "Inside" et "Broken", puis du second Aerial (avec "Serotonine" et "Aerial") jusqu’au très abouti dernier album en date, The Winding Path sorti l’an dernier. De ce dernier, tous les titres nous seront joués dont les très beau "White Bird", "Nescience" et surtout l’exigeant scéniquement "The Field of Mind", qui dépasse les 18 minutes au compteur ! Un morceau très recherché dans sa construction et ses mélodies aux ambiances très variées, que l’on sent travaillé avec soin et qui prend vie de la plus belle des manières en live. Un exploit de la part des cinq comparses qui le terminent fatigués mais fier du travail accompli (et il y a de quoi !).
Coté sonorisation les enceintes vieillissantes, de l’aveux même de l’ingé-son, tiennent dans l’ensemble la route pour restituer la musique du combo même si il y a parfois des grésillements assez gênants, et par moment une surexposition de la basse et de la batterie qui écrasent un peu le reste des instruments et le chant de Sandy. La meilleure place était derrière les enceintes sur les cotés de la scène où le son était finalement comme filtré et la batterie plus agréable car en direct.
Dans l’ensemble, le son est tout de même très correct pour une médiathèque qui n'est pas du tout optimisée pour un concert de musique amplifiée. D’ailleurs le public ne semble pas choqué et applaudira le quintette avec enthousiasme à la fin de ce long set de grande qualité, interprété par des musiciens de talent, qui prennent plaisir à jouer ensemble. Nous n'oublierons pas de mentionner la prestation de Sandy, très en forme et en voix aujourd’hui car lors du dernier concert en compagnie d’Ommatidia sur la péniche Antipode elle était malade et avait déjà fort bien assuré malgré ce handicap. Malheureusement comme l’avait prévu Olivier le concert ne se terminera pas avec du lait et des biscuits chocolatés faute de moyens financiers. Une grosse déception mais le haut niveau musical permet d'oublier cet affront fait au public, qui ne manquera pas de demander réparation de douceurs sucrées et lactées lors des prochains concerts de The Last Embrace, que l’on espère arriver vite.
The Last Embrace setlist :
On my own
Nescience
Switch on
Inside
The Field of Minds
Broken
The Fear of loss
Let the light take us
Roads
Serotonine
White bird
Rappel :
Aerial
Photos : Arnaud Dionisio / © 2016
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