Bunga bunga, bunga bunga...
Ainsi nous sussure à l'oreille une voix épuisée et hâletée par un certain effort corporel faisant très certainement suite à quelques échanges de fluide. De quoi faire poindre un sourire sur le visage d'un certain ancien premier ministre italien pour qui l'argent, le sexe et le pouvoir représentaient jusqu'à peu de temps un triptique inviolable.
Ah Silvio, à la manière d'un DSK, si tu étais fan de rock/metal, tu te jèterais sur cette nouvelle offrande du jeune groupe allemand Kissin' Dynamite. Money, Sex & Power, tel est son titre, est prévu le 23 mars chez AFM Records. Et, à la manière d'un Steel Panther, semble destiné à faire frétiller quelques gros poissons un poil pervers.
Il serait pourtant malhonnête de réduire ce disque à un recueil de frasques sexuelles en tout genre. Si le morceau d'ouverture, bien entendu éponyme, semble directement dédié à Il Cavaliere, le reste tourne autour d'autres thèmes certes souvent osés mais quelque peu variés. Après tout, nos teutons ne se contentent pas du sexe et passent en revue tous les possibles clichés qu'un groupe oscillant entre heavy, glam et sleaze se doit d'avoir dans ses paroles. Du fun, du fun et du fun, ou la jeunesse glorieuse enfin auréolée d'une maturité à tout crin ?
Nous les avions laissés sur un Addicted to Metal parfaitement honorable, paru en 2010 sous la houlette de leur parrain Udo Dirkschneider (ex-Accept), ce dernier s'octroyant même un guest pour l'occasion. Point d'Udo ici, le petit mais grand homme décidant de laisser ses protégés voler de leurs propres ailes, mais une recette quasi inchangée pour un nouvel album dans la plus pure lignée de leurs glorieux aînés. Ce n'est pas compliqué, Kissin' Dynamite remonte ici le temps et nous propose un savoureux melting pot de légendes telles que Mötley Crüe, Guns n' Roses, Bon Jovi, Accept, Gamma Ray ou encore Edguy. Avec un accent prononcé sur les deux premiers nommés, comme si en grandissant le quintet d'outre-Rhin se voulait plus glam rock que heavy. En cela, serait-on en présence d'une légère évolution ?
Histoire d'avoir le cul entre les deux chaises, on peut remarquer que cet album, s'il propose des morceaux un poil moins hymnesques ou accrocheur que précédemment, s'habille d'influences plus maîtrisées et de compositions un peu plus colorées. Le headbang s'avère donc un peu moins frénétique mais le fan old school sleaze glam préfèrera très certainement ce Money, Sex & Power à un Addicted to Metal un poil plus rentre dedans et "jeune" dans sa substance. Quant à Steel of Swabia, premier opus paru en 2008, il restera une certaine référence de part son effet de surprise, mais semble avec le recul bien moins convaincant.
Kissin' Dynamite se sert donc de ce troisième album comme d'une mise au point avec eux-même, leur présent, leur passé et cet avenir potentiellement intéressant qui se dessine à eux. Le travail sur les choeurs/harmonies est bien plus fouillé, le chant du jeune Hannes Braun brille de bout en bout dans plusieurs tonalités et les chansons servies à nos oreille respirent une profonde passion axée sur le fun. Un "Operation Supernova" très 80s brillera ainsi par une certaine classe maîtrisée, l'enchaînement avec un "Sex Is War" que n'aurait pas renié Nikki Sixx et ses potes s'avère être redoutable d'efficacité. L'opus a par ailleurs le mérite de se conclure sur une chanson un peu différente, un "Six Feet Under" très américanisé et dont la douceur rivaliserait facilement avec quelques tubes écrits par Jon Bon Jovi.
Difficile cependant de dégager un titre par rapport à un autre, ce nouvel album fonctionnant comme un tout bien ficelé qui démontre une envie de bien faire et un talent certain mais peut-être un manque de prise de risque ou une folie plus contrôlée que l'ont pourrait assimiler à un certain paradoxe tant nos cinq amis semblent obnubilés par le rock 'n' roll simple et imagé. Peu de morceaux véritablement faibles (chipotons sur un "Sleaze Deluxe" peut-être un peu inutile au fond même s'il marque au fer rouge l'orientation musicale et visuelle du groupe), peu de gros moments sortant du lot (le morceau titre ou le dynamique "She's a Killer" devraient se faire une belle place au soleil)... En fait, le véritable hit de ce brûlot semble être cet hommage à la fois poignant et amusant au fameux "Club des 27", ces artistes qui nous ont quitté à cet âge mythique, de Jim Morrison à Kurt Cobain en passant par Jimi Hendrix ou... Amy Winehouse... hmm, cherchez l'intrus(e) ! En espérant que ce "Club 27" ne soit pas prémonitoire pour nos jeunes musiciens qui sont encore loin d'atteindre cette barre mythique (la moyenne d'âge du groupe oscille autour des 20-21 ans).
En attendant de faire pleurer les anges, Kissin' Dynamite a encore certainement de très belles années musicales à nous offrir, et comme les "Dinosaurs Are Still Alive" (piste n°6 du CD), ils ne seront pas seuls et pourront encore continuer à apprendre d'eux. Pour mieux progresser et s'affirmer comme un futur grand groupe. Cela semble fort bien parti, il faudra pour cela affiner ce "nouveau style" désormais trouvé afin de s'offrir une voie royale vers les sommets. Money, Sex & Power ne sera pas l'album de l'année, certes, mais saura très certainement permettre de belles prestations Live avec une énergie positive tant il s'avère convaincant et agréable à l'écoute.
Note : 7.5/10