La jeunesse sleaze en pleine forme !
Le sleaze metal a sa nouvelle scène ! Et le (très) jeune groupe allemand Kissin' Dynamite semble bien décidé à en être le leadership. Pour cela, le nouvel album Money, Sex & Power, le 3ème en 4 ans, s'avère crucial. En marge de sa sortie prévue le 23 mars 2012 chez AFM Records, le chanteur Hannes Braun et le guitariste Jim Müller étaient présents à Paris pour une interview réalisée ce vendredi après midi. Récit d'un entretien passionnant avec deux jeunes artistes qui savent où il vont.
Ju de Melon : Bienvenue à Paris ! Vous étiez déjà là en décembre dernier lors d'un show avec Crashdiet et Blackrain...
Hannes Braun : Oui absolument, la réaction de la foule était d'ailleurs aussi exceptionnelle qu'inattendue car personne ne nous connaissait vraiment avant et c'était la première fois que nous jouions en France. Un show qui restera dans nos souvenirs ! Il faut vraiment qu'on revienne et vite, pour ça aussi que nous sommes là aujourd'hui car promouvoir le nouvel album ici est une véritable opportunité. Nous espérons avoir en France la même popularité qu'en Allemagne.
Le nouvel album sort donc vendredi prochain chez AFM Records... quel est votre état d'esprit actuel ?
Je suis très excité à l'idée de le proposer aux fans, d'autant plus que nous allons le jouer dans son intégralité sur la tournée. Celle-ci débute en fait dans deux semaines en Allemagne, on enchaine presque sans attendre ! Nous avons hâte de voir comment les gens vont réagir, jusque là les premières réactions sont positives sur nos singles "Money, Sex & Power" et "I Will Be King". Nous présentons ici une sorte de "nouveau style", sur les précédents nous nous cherchions encore un peu mais nous avons enfin trouvé notre voie avec le "sleaze metal" comme nous l'appelons.
Le titre de ce nouveau disque, Money, Sex & Power, est-il un hommage à Silvio Berlusconi et DSK ? (rires)
Oui... en quelque sorte, c'est l'idée ! Silvio Berlusconi et ses "bunga bunga parties" sont légendaires, c'est sûrement la plus grosse rock star parmi les hommes politiques. Ce thème colle parfaitement à l'image du groupe. Quand j'ai eu l'idée de ce titre, j'étais dans une station service et je voyais "Money, Sex & Power" en allemand écrit à la une d'un magazine. On était en plein processus de création et on s'est dit que ça pourrait aussi être une bonne chanson à écrire ! Ainsi est née l'idée du titre et du morceau éponyme, avec ce petit chant "bung bunga" assez cool en intro que certains vont adorer et d'autres détester mais l'important c'est qu'on en parle (rires) ! On met surtout l'accent sur l'ironie de ce thème dans les paroles, ensuite l'imagerie créée autour via la pochette et le clip est assez originale pour un groupe sleaze je trouve. Nous avons créé une sorte de look sophistiqué et élégant pour le sleaze autour de ce sujet principal.
Aux Etats-Unis, ils ont Steel Panther un peu dans le genre...
Certes oui mais nous sommes différents, pour eux c'est avant tout de la comédie, une parodie. Tandis que nous on prend les choses bien plus au sérieux. Bien sûr nous sommes toujours prêts à faire des blagues etc, mais pour nous le sleaze c'est la vie, c'est ce que nous sommes jusqu'au plus profond de notre âme.
Alors que Jim nous rejoint, parlons des autres thèmes abordés dans certaines autres chansons... Tiens par exemple "Operation Supernova", qu'est-ce donc ?
Hannes Braun : Tu veux répondre peut-être ?
Jim Müller : Vas-y Hannes, je rajouterai quelques pensées le cas échéant !
Hannes : En fait cette chanson est liée à la fin du monde annoncée par les Mayas pour la fin 2012. Nous ne savons pas encore comment cela se produira (si cela se produit), mais nous aimons ce thème... Nous en avons fait une chanson plutôt romantique sur ce côté tragique, et l'opération supernova c'est en quelque sorte le dernier moment sur Terre. Au lieu de se cacher et de pleurer, les gens dansent et s'amusent ensemble une dernière fois. Imaginer que les êtres humains se tiennent une dernière fois la main en toute harmonie...
Jim : C'est un peu le même message que sur la chanson "Sex Feet Under" : il ne faut pas avoir peur de la mort, il faut en profiter jusqu'à la dernière seconde. Et puis qui sait si la mort c'est pas quelque chose de cool au final ? J'avoue être excité de savoir comment ça se passe quand on meurt et ce qui se passe après...
Hannes : Pas faux, une fois six pieds sous terre t'es tranquillement allongé dans un cercueil confortable et personne ne vient t'embêter, tu as tout le temps que tu veux pour penser aux beaux moments que t'as eus dans la vie... Finalement ces deux chansons sont très liées entre elles, elles portent le message principal de Kissin' Dynamite : profitez de la vie et amusez-vous ! Nous ne sommes pas là pour faire des débats critiques sur les polémiques du quotidien...
Et la chanson "Club 27" aussi qui parle de ces rockstars mortes à l'âge de 27 ans, un vrai mythe... Vous n'en êtes pas encore là si ?
Hannes : Non, j'ai encore 8 ans à attendre, ça fait chier... (rires)
Jim : Ouais il nous reste encore de 8 à 6 ans selon les membres du groupe avant d'atteindre cette barre fatidique. Mais bon on s'amuse beaucoup sur le sujet, c'est avant tout pour le fun tout en gardant en tête en effet que des artistes tels que Jimi Hendrix, Janis Joplin ou Kurt Cobain sont décédés à cet âge...
Et Amy Winehouse !
Jim : Oui, même si nous avons écrit cette chanson avant sa mort ! C'est un mythe assez intéressant au final, avec une petite touche d'ironie comme toujours avec Kissin' Dynamite.
Hannes : En tout cas quand on dit "it's the age we're gonna die" on est pas sérieux, on a pas envie de mourir aussi jeunes...
Jim : Même si pour la légende ça serait amusant, ça ne nous arrangerait pas disons. Cette chanson sera amusante à l'avenir car par exemple dans 40 ans on chantera "Club 67", va savoir... (rires)
Une autre chanson intéressante, puisqu'on parle de "67 ans", la dénommée "Dinosaurs Are Still Alive" qui semble dédiée à des groupes de légendes tels que Iron Maiden ou Accept entre autres...
Hannes : C'est exactement ça, Accept est vraiment la raison qui nous a poussé à écrire cette chanson, en particulier son ancien chanteur Udo Dirkschneider. Il a fait un featuring sur le précédent album Addicted to Metal, et c'était là notre façon à nous de lui dire merci... pas seulement à lui mais à tous ces groupes qui nous ont permis aujourd'hui d'être ce que nous sommes ! Ils sont tous une influence nécessaire qui ont façonné notre style, et c'est fou de se rendre compte que certaines de ces formations existent depuis 40 ans au moins. Le terme dinosaures est donc un compliment, rien de péjoratif là dedans. C'est un hommage aussi à ces groupes qui se reforment comme Van Halen et Black Sabbath, et qui ont encore beaucoup à donner notamment sur scène.
Et peut-être que dans 40 ans un autre groupe fera la même chose avec vous...
Hannes : Oui, nous aussi un jour nous espérons être des dinosaures ! (rires)
Puisqu'on parlait des influences, allons-y... Est-ce que ça vous dérange que certaines personnes viennent vous dire : "oh votre musique ressemble à truc, ça me rappelle machin", etc ?
Jim : Non c'est plutôt un compliment je trouve, par exemple quand on nous compare à Guns n' Roses c'est bien je trouve. Quand on dit que Hannes a une voix à la Axl Rose, je crois qu'il est très content...
Hannes : En effet !
Jim : Après ça dépend comment les gens te disent ça aussi, tout est là... Je dirais personnellement que Kissin' Dynamite est un parfait mix entre Mötley Crüe et Accept.
Hannes : De toute façon les gens aiment comparer, et on ne va pas les empêcher de le faire ! Peut-être dans quelques années quelqu'un viendra nous dire "tiens, j'ai découvert ce groupe, on dirait du Kissin' Dynamite", qui sait ? Mais donc cela reste un compliment, chaque groupe est forcément inspiré par d'autres groupes, c'est inévitable.
Et ta voix Hannes, comment la travailles-tu ? Car tu as pas mal de cordes à ton arc à ce niveau...
Jim : En fait il broute des minous, ça aide... (rires)
Hannes : (rires)
Jim : Par contre ça n'aide pas ma voix à être meilleure vu que la mienne n'est pas bonne pour le chant, mais ça fait plaisir quand même ! (rires)
Hannes : En fait j'ai un crédo... "Il faut être né avec un don et une bonne voix", c'est la base. Je ne pense pas qu'on puisse vraiment apprendre à chanter, ceux qui disent ça sont des menteurs. Bien sûr tu peux t'entraîner, t'améliorer, mais apprendre en partant de zéro c'est impossible. En ce qui me concerne, j'ai découvert ma voix sur cet album... du moins je l'ai expérimentée vers des chemins que je n'avais pas empruntés jusque là. Sur les premiers albums je chantais surtout avec une voix aigue, mais sur Money, Sex & Power j'ai chanté autrement par moments. Je me suis rendu compte que j'avais une tessiture assez large que je n'avais jusqu'à maintenant pas véritablement exploitée, et cela nous a d'ailleurs aidé à adapter notre style et mieux assumer notre personnalité. En fait j'ai développé le côté plus "sleaze" et sombre de ma voix, tout en conservant ce chant aigu cher à Kai Hansen ou Michael Kiske.
Sur la dernière chanson par exemple, la ballade rock "Six Feet Under" dont nous avons un peu parlé tout à l'heure...
Hannes : Oui, d'ailleurs il y a une histoire amusante autour de cette chanson. En fait elle a été réalisée au tout dernier moment... Nous avions en quelque sorte terminé l'enregistrement et donc fêté ça le soir même assez copieusement. Le lendemain, j'avais la tête dans le cul et ma voix était un peu embrumée... j'étais pas trop bien à cause de l'alcool, et j'arrêtais pas de dire "bordel, j'aimerais vraiment mourir". Et c'est de là que la chanson est née, tout s'est transformé en immense blague qui nous a donné l'idée d'une dernière chanson supplémentaire. Ainsi nous avons décidé de rester une journée de plus en studio, nous avons commencé à composer puis à enregister dans la foulée... avec cette voix très fatiguée qui donne un côté écorché au morceau ! Ca rend les choses encore plus intéressantes au final.
Question assez vague, en quoi consiste le "sleaze" selon vous en 2012 ?
Hannes : Ce qui est sûr c'est que la scène sleaze effectue un vrai comeback, notamment auprès des jeunes. Pas un hasard si des groupes comme Guns n' Roses et Mötley Crüe sont les têtes d'affiche de pas mal de festivals par exemple. Il y a 5 ou 6 ans ça n'aurait pas été possible car les jeunes ne connaissaient pas vraiment ces groupes ou vite fait... pas un hasard non plus si de jeunes formations se sont mises à jouer ce genre de musique depuis quelques années. Le sleaze metal a un bel avenir je pense, dans le sillage de Crashdiet en Suède ou de Blackrain en France nous espérons bien représenter le style en Europe et au-delà. Nous avons envie de grandir ensemble, pas en tant que concurrents mais en tant qu'unité. Nous voulons être les dignes héritiers de Mötley Crüe, Guns n' Roses, Skid Row, Aerosmith, Poison ou encore Ratt...
Sans oublier Kiss évidemment, même si c'est plus glam que sleaze... quoi que sur Lick It Up ou Crazy Nights on était un peu dans cette mouvance !
Jim : Oui, c'est vrai ! Surtout avec la chanson "Crazy Crazy Nights" qu'on a encore réécoutée ce matin...
On parlait d'Udo tout à l'heure, a-t-il joué un rôle direct sur le nouvel album ?
Hannes : Non, pas vraiment. On s'est pas mal parlé sur Skype ces derniers temps mais juste pour le fun, on n'a pas trop parlé business. Il s'est juste assuré que tout allait bien pour nous.
Jim : Il nous a surtout beaucoup aidé quand on était plus jeunes... Désormais il sait que nous sommes prêts à avancer de nous-même.
Hannes : Il sera toujours là pour nous, ça je le sais, mais on vole de nos propres ailes depuis ce nouvel album.
Au niveau du processus de composition, comment cela s'est déroulé ?
Jim : Chacun d'entre nous écrit quelques idées de chanson dès qu'il le peut, n'importe où, même aux toilettes parfois. Après on se réunit avec notre producteur pour mettre les idées en commun et on forme des groupes de deux ou trois pour travailler tel ou tel morceau. Ensuite, une fois que tout ça est terminé niveau musique, Andreas Schnitzer notre batteur écrit toutes les paroles, il s'en sort très bien à ce niveau.
Parlons de la tournée à venir, vous allez donc jouer des dates en Allemagne mais peut-on s'attendre à vous revoir bientôt en France ?
Hannes : Absolument, après la spectaculaire réaction des fans lors de notre show à Paris, c'est une évidence. On reviendra en automne car nous serons à ce moment-là en tournée avec un groupe dont nous ne pouvons pas révéler le nom pour le moment car ce n'est pas encore officiel à 100%. En tout cas nous ouvriront pour eux ! Il y aura très certainement plusieurs dates en France.
Et le Hellfest alors ?
Hannes : On espère vraiment y être au moins en 2013, c'est notre objectif !
Jim : On croise les doigts.
J'ai aussi vu que vous aviez réalisé une reprise de "Warriors" du groupe Freedom Call (présente sur l'édition limité du nouvel album de Freedom Call), pourquoi ce choix ?
Hannes : En fait je l'ai faite un peu tout seul cette chanson. Tout simplement parce que le chanteur Chris Bay est un très bon ami, on partage pas mal d'opinions et je le respecte énormément en tant que personne ou musicien.
Jim : D'autant plus que cette chanson est un peu l'hymne de notre Tour Bus, on doit avoir 10 à 12 CD gravés qu'on passe en revue sur la route et "Warriors" figure quasiment sur chacun d'entre eux, c'est dire. On aime bien chanter le refrain tous ensemble quand on est bourrés sur le retour ! (rires)
Hannes : Oui, d'ailleurs il le savait et c'est pour ça qu'il m'a demandé si je voulais en faire une reprise en version ballade piano. J'ai de suite dit oui, l'idée m'a beaucoup plu.
Sur le premier album une chanson s'appelait "I Hate Hip Hop"... ça a changé depuis ? (rires)
Hannes : C'était pas vraiment sérieux comme truc (rires), on avait 15-16 ans et on faisait un peu de la provoc... C'était gamin de faire ça mais bon on ne regrette pas, aujourd'hui les choses ont un peu évolué même si je déteste toujours ce côté gangsta hip hop que je trouve vraiment ridicule.
Jim : "Put your hands up, put your hands up !" (rires)
Hannes : Evidemment je suis un grand passionné de metal mais en tant que musicien tu te dois de rester ouvert et tolérant envers les autres styles.
Et vous écoutez un peu du metal plus "extrême" parfois ?
Jim : Pour ma part oui, parfois j'ai besoin de quelques trucs death et black. Tous les deux mois environ il me faut ma dose de Dimmu Borgir et Children of Bodom...
Hannes : Dès que c'est rock ou metal je reste très ouvert et à l'écoute, je peux aussi écouter du blues ou de la pop avec une attitude rock. Après tout, Bon Jovi en est un bon exemple depuis quelques années...
Avez-vous quelques derniers mots pour les fans français ?
Hannes : Oui bien sûr, nous voulons déjà remercier ceux qui étaient présents à Paris pour notre show. Et s'il vous plait, achetez le nouvel album, ce sont les ventes qui décideront si on jouera au Hellfest ou non, peu importe si c'est cette année ou l'an prochain c'est un peu notre rêve.
Jim : Et n'oubliez pas d'aimer notre page Facebook, c'est très important car nous y communiquons souvent dessus.