Autant vous l'avouer d'entrée, je ne suis pas fan de Neo Metal. Lorsque le 1er album de Korn est sorti en 1994, je m'intéressais plus à la scène extrême ( en particulier à ce qui venait du Grand Nord ) qu'à tous ces groupes affichant leur spleen en portant baggy et dreadlocks qui ont suivit la bande à Jonathan Davis. Même si j'apprécie les déjà cités Korn, Deftones ou System Of A Down, la rébellion et l'attitude tristounette ( héritage des «aînés » Grunge ) de ces groupes à l'allure de skaters m'ont toujours paru surfaites et marketisées. Alors lorsque les premiers groupes français de ce style sont apparus ( je ne vais pas citer de noms...) , je n'ai franchement pas été tendre dans ma façon de juger ce Metal groovy et sautillant tout juste apte à séduire les ados qui ont mal au slip et qui voulaient envoyer balader leurs parents. Ca me plaisait pas, que ça soit au niveau du son, des textes ( que je trouvais plutôt médiocres ) ou sur scène ( ayant vu quelques uns de ces combos, notamment ceux issus de la team Nowhere, on stage, je peux vous dire que j'ai souvent baillé aux corneilles ), voilà, point barre.
Ainsi, ma première écoute de Leaving Paris m'a été agréable, une très bonne surprise même. En effet ce groupe ( à ne pas confondre avec les parisiens de Hangman's Chair qui ont sorti un album nommé...Leaving Paris et qui eux oeuvrent dans le Stoner ) originaire de Montpellier et sans label ( une injustice vue la qualité de leur premier album disponible en libre téléchargement sur leur site Internet) ne sonne pas comme les autres combos Nu Metal français apparus depuis le milieu des années 90. D'ailleurs réduire Leaving Paris à cette étiquette ne serait pas lui rendre justice je pense car le groupe, par la qualité de ses compos et le très bon niveau des musiciens le composant, arrive à quitter le carcan de se style. Une des premières originalités de Leaving Paris est de s'exprimer dans un Anglais qui me semble correct ( je ne peux pas émettre d'avis définitif sur la qualité de prononciation ou le vocabulaire utilisé et laisserai plutôt cette tâche à notre cher rédac chef' qui, par sa profession, semble le mieux placé pour juger...) et la voix de Ben, parfait amalgame entre le chant d'écorché vif de Chino Moreno ( Deftones ) et le ton plaintif de Mathew Bellamy ( Muse ) sonne toujours juste même si elle peut agacer à la longue. On est loin des revendications existentialistes de bas étages ou des appels à « jumper » contre la société en tout cas...
Le chant peut se faire rappé comme sur « The Soul Army » ( mon morceau préféré ) ou plus posé comme sur « My Moonlight », de même quelques petits effets posés ( « The Soul Army » toujours, « New Days », mais aussi « Bring You Life Further » et son intro scandée façon « porte-voix ») sur la voix donnent encore plus d'impact à cette dernière. Musicalement, le groupe joue carré, les riffs de guitares sont plutôt gras et rappellent Korn essentiellement ( sans pour autant donner une impression de plagiat) comme sur l'introductif « New Days », « The Soul Army », le sombre « Black-Hearted », le direct « No Substitute » ou le, aussi, accrocheur « My Ocean » , alors que la basse, groovy à mort, est bien mise en avant dans le mix et se paie même le luxe de partir en solo comme sur « My Moonlight ». La chose qui m'a le plus surpris est de trouver parfois au milieu d'un morceau un petit solo de guitare, chose rare dans ce style, comme c'est le cas sur le mid tempo « Requiem For a Dream » ( chanson disponible à la fin du disque en version acoustique aussi ) , mais aussi sur « My Ocean », le très bon instrumental « Bring You Life Further » ou sur « My Substitute » ( sur ce dernier,la basse accompagne agréablement la lead guitar d'ailleurs) ou une petite partie de growl ( ce n'est pas non plus un beuglement à la Cannibal Corpse mais ça fait quand même son effet ) comme c'est le cas sur « Disruption ». De même, quelques passages plus ambiants et des samples, très bien placés, sur quelques morceaux ( « New Day », la nappe de clavier de « The Soul Army », le plus calme « My Moonlight » et ses arpèges de guitare ) donnent encore plus d'efficacité aux chansons de Leaving Paris.
Il est à noter aussi que le groupe a très bien travaillé ses refrains qui sont accrocheurs au possible et cela dés le premier morceau « New Days » mais aussi sur « The Soul Army », « My Ocean, » « Black Hearted », « Disruption » ou sur « My Moonlight » et son explosion de distorsion au milieu du morceau ( procédé que l'on retrouve par ailleurs sur la dernière piste « Calm Down » ).
Je trouve quand même un défaut à cet album c'est qu'il se révèle être un peu linéaire au fil des écoutes ( sensation en partie due je pense au chant qui, comme je l'ai précisé précédemment, peut s'avérer agaçant car souvent sur le même ton ) et certaines compos comme « Seen The Sky » ( malgré son petit break sympa ) ou « Friend Cycles » sont plus faibles par rapport au reste.Mais autant le dire pour conclure, ce premier essai ( qui est disponible depuis janvier 2012, le groupe ayant déjà sorti un EP en 2010 ) de Leaving Paris, très bien autoproduit en plus, mérite d'être largement diffusé surtout qu'il est à la disposition de tous. Espérons que les « Nouveaux Jours » évoqués dans la chanson éponyme seront déjà ceux qui verront nos Montpelliérains trouver un label à la hauteur de leur talent.
Note : 7.5/10
Tracklist:
1 New Days
2 The Soul Army
3 Requiem For Your Dreams
4 My Ocean
5 Black-hearted
6 Seen The Sky
7 Bring Your Life Further
8 Disruption
9 Friendship Cycles
10 My Moonlight
11 No Substitute
12 Calm Down
13 Requiem For Your Dreams (Acoustic Shot)
Site Internet où New Days est disponible en libre téléchargement
Myspace du groupe