Valeur montante du metal, Acyl revient quatre ans après Algebra avec son deuxième album : Aftermath. Livrant à nouveau un metal oscillant entre stoner et prog habilement mêlé à des rythmes et des mélodies en provenance du Sahara, Acyl a pourtant changé. En effet, Aftermath s'impose comme un deuxième album parfait : il confirme et montre une évolution dans le travail des Franco-Algériens.
Petite surprise, Algebra avait proposé quelque chose d'extrêmement rafraîchissant à sa sortie en 2012. Un metal prog, un brin technique et groovy à souhait tinté de rythmes et de mélodies en provenance directe du Maghreb. Un mélange osé qui avait fait son petit effet sur scène et avait permis à Acyl de gravir les échelons et se faire un petit nom.
C'est en tout cas ce que l'on est amené à se dire après la première écoute de cet Aftermath. Du moins, on est tenté de se dire qu'Amine et sa bande sont des mecs intelligents qui se posent des questions d'un album à l'autre. Bien que les fondations d'Aftermath datent de 2008, l'évolution est évidente : une production beaucoup plus carrée, plus directe, plus cohérente, plus efficace... Bref, Aftermath c'est Algebra en mieux. Un concept album extrêmement malin qui invite l'auditeur à découvrir plusieurs personnages et moments historiques ou légendaires algériens. Une véritable mine d'or culturelle pour qui serait un brin attiré par les anciennes civilisations nord africaines.
Outre ces éléments historiques, l'univers maghrébin est toujours au cœur de la musique du quintet grâce à l'incorporation de nombreux instruments traditionnels : oud, darbukas ou encore guembri, nombreux sont les sons qui invitent à fermer les yeux et s'imaginer dans le désert ou dans une oasis.
Neuf titres (dix, en fait) pour neuf personnages historiques différents et à aucun moment le disque ne s’essouffle. Si Algebra proposait un concept similaire, on pouvait regretter quelques passages un peu longuets et des transitions metal/musique ethnique plutôt brutales. Ici, tout passe crème. L'ensemble est très pêchu et totalement maîtrisé. On retrouve les influences chères à Acyl avec l'inévitable « Meshuggah touch' » et ce côté déstructuré en mid tempo ; notamment sur « Mercurial ». Mais également des choses plus lights comme Mastodon, Tool et autres groupes aux univers singuliers. Quelques influences funk et jazzy pointent également le bout de leur nez avec la sublime et poignante « Gaetuli », la mystérieuse reine des touarègues « Tin Hinan »...
Groove, prog, funk, jazz et musique traditionnelle... Sur le papier un tel mélange pourrait paraître bien bordélique, mais tout reste pourtant si cohérent. Tout cela grâce à des musiciens talentueux et très bien en place. Le tout porté par le très charismatique Amine oscillant entre chant clair prenant, growls enragés ou parfois de simples fredonnements totalement hypnotisants. Les choeurs sont également nombreux et accompagnent le colosse à bien des reprises ; l'intro de « Gaetuli » pourrait bien arracher quelques larmes aux plus sensibles tant cette dernière est belle.
Reste enfin la question : à qui conseiller cette galette ? Evidemment, les amateurs d'Arkan, Orphaned Land et bien sûr Myrath, trouverons leur compte sans problème. Mais les autres ? Eh bien ils pourraient bien être charmés par ce voyage au parfum de mille et une nuits. Car il y a presque autant de raison d'apprécier Aftermath : celle qui fait que l'on passe un bon moment à l'écoute d'un bel album, celle qui pousse à aller se coller le nez sur internet pour en savoir plus sur la bataille de Gibraltar, cette envie de savoir enfin qui est cet Abd El-Kader ou, tout simplement, le plaisir. Le plaisir de prendre son pied en écoutant une musique émouvante, poignante et efficace. Aftermath fait donc partie de ces productions qui vont un peu plus loin que le statut de « simple album ». Aftermath est ce que l'on appelle une œuvre... Chef d'oeuvre diront même certains.
9,5/10