A l'occasion de leur présence sur la scène du Neurotic Death Fest à Tillburg le 3 mars dernier, Marc Grewe le chanteur de Morgoth nous a gentillement accordé un interview.
Un entretien exclusif pour La Grosse Radio Metal !
Thomas : Tout d'abord, je te remercie d'accorder cet interview à La Grosse Radio, juste après votre prestation sur scène ici à Tillburg. Je dois te prévenir qu’après avoir vu à l’instant deux belles performances de groupes que j’apprécie beaucoup, à savoir Morgoth bien sûr, mais aussi Anaal Nathrak, j’ai bu un peu de vodka alors il faut que tu saches que je risque de chercher mes mots un peu plus longtemps que prévu. Mais cela me parait approprié pour un interview avec toi.
Marc : Pas de problème !
Thomas : Commençons donc avec le passé. A mon avis personnel, qui n’engage que moi, « Odium » est votre meilleur album. Bien sûr, j’apprécie également beaucoup les vieux albums comme « Cursed ». Par contre, je n’ai guère apprécié le dernier « Feel sorry for the fanatic », comme beaucoup de gens j’imagine ?
Marc : Oui, comme beaucoup, ce qui peut se comprendre.
Thomas : Bien sûr, un musicien doit évoluer. Cela fait maintenant plusieurs années qu’aucun album n’est sorti, à part un best of. Je suis très impatient et curieux d'entendre votre prochaine production. A part un live qui est prévue prochainement, y-a-t’il un autre projet ?
Marc : Oui, tout d’abord nous allons sortir un live cet été, mais nous sommes entrain de travailler sur de nouvelles choses. Nous reviendrons à nos racines, c'est-à-dire pas d’influence de « Feel sorry for the fanatic… », mais plutôt ce qu’on sait faire de mieux.
Thomas : Cela est sans doute attendu par vos fans. Mais un retour à du death metal old school est-il une réelle évolution pour vous ou bien ne s’agit-il que de nostalgie ?
Marc : Je ne sais pas si ce n’est pas un peu des deux… Nous sentons tous en ce moment, que ce que nous ressentons également sur scène, et d’ailleurs nous ne jouons que les vieilles chansons, c’est ce qui est juste pour nous. Et tout cela n’est qu’une affaire de vérité. Nous jouons beaucoup de chansons de « Cursed », mais aussi quelques unes d’ « Odium » et les nouvelles chansons seront certainement orientées en ce sens. Cela n’est pas ressenti comme une marche-arrière, mais nous le ressentons comme une vérité. Ce que nous avons fait avec « Feel sorry », c’était une sorte d’expérience, tu sais comment sont les musiciens ! Mais nous avons tous reconnus que notre cœur bat de manière plus dure, pour ainsi dire. De ce fait, nous allons plutôt nous diriger vers la direction de « Odium » ou de « Cursed ».
Thomas : J’étais à votre show à l’instant. A vrai dire, j’étais même au milieu du pit. Cela m’a beaucoup plu ! J’ai vu de nombreuses personnes plutôt dans la tranche d’âge 35-40 ans avec moi dans ce pit. Cela ne m’a pas vraiment étonné, mais on remarque que ces fans vous connaissaient depuis cette époque. Pensez-vous que Morgoth peut capter de nouveaux fans avec un retour aux sources ?
Marc : En fait, ça nous est égal. On ne cherche pas absolument à avoir de nouveaux fans. En premier lieu, on fait ce qu’on a envie de faire, et ce qu’il nous plait de faire. Si cela parle à des jeunes fans ou pas, cela nous est quelque part égal… Aujourd’hui, c’est vrai qu’il y avait plutôt des anciens fans..
Thomas : Mais ils avaient encore pas mal d’énergie !
Marc : Oui tout à fait ! Mais nous avons aussi faits pas mal de concerts entre temps où il y avait aussi beaucoup de très jeunes gens dans les premiers rangs. On se disait « mais d’où est-ce qu’ils nous connaissent ? Ils n’étaient même pas nés quand on a sorti nos premiers disques. » Je pense que même pour eux, c’est aussi lié à la nostalgie, parce que peut-être que c’est ce qu’écoutait leur père, et ainsi il y a peut-être déjà deux générations de gens qui aiment ce genre de musique et qui apprécient également les « vieux groupes ». Bien sûr, nous ne jouons pas aussi rapidement que d’autres groupes, et nous ne faisons pas de « blast beat », mais je pense que notre musique est de qualité et que des jeunes peuvent aussi vouloir avoir un lien avec les racines du death metal ou veulent tout simplement savoir d’où tout cela provient et pourquoi c’est ainsi. Ils tombent sur des groupes comme nous et veulent peut-être nous écouter pour des raisons nostalgiques, je ne sais pas… Mais on s’en fout, on fait tout simplement ce qu’on a envie de faire, et on ne va pas se réinventer. On a une manière d’écrire la musique qui est quelque part old school, d’ailleurs nous sommes nous-mêmes old school, nous avons tous plus de 40 ans et on ne va certainement pas commencer à jouer du « blast beat ». Ce n’est tout simplement pas notre style, on cherche juste à être authentiques.
Thomas : On a parlé de racines. Une question, qu’on vous a sans doute déjà posée, me vient à l’esprit à ce sujet. Je sais que le nom de Morgoth provient…
Marc : Du Seigneur des Anneaux…
Thomas : Oui, tout à fait. D’où vous est venue cette idée ? Bien sûr, il s’agit du sombre dieu de Sauron, mais y-t’il une autre raison ?
Marc : Le groupe existe depuis 1985, nous nous appelions autrement : « Minas Morgul » et à cette époque, nous avions 14 ou 15 ans, et on lisait tous Le Seigneur des Anneaux. A ce moment, l’histoire n’était pas aussi populaire que de nos jours, à travers les films de Peter Jackson. Mais ce livre nous a tous fasciné. Cette histoire était très « metal », elle parle de batailles, de personnages sombres et c’était une sorte de fascination collective à ce moment et Morgoth était justement le sombre seigneur absolu. Et on s’était dit que le nom était parfait pour un groupe !
Thomas : C’est une bonne explication !
D’après ce que j’ai pu voir, vous avez prévu de faire de nombreux festivals cette année :le Maryland Death Fest, le Rock Harz Open Air, Brutal Assault, Summer Breeze… Est-ce seulement pour votre plaisir ?
Marc : La raison essentielle pour laquelle ne jouons ensemble, c’est seulement le plaisir de le faire ! Nous ne pouvons pas aller en tournée en ce moment, car nous avons tous nos boulots, nos familles, etc. Nous n’avons plus vingt ans, mais nous sommes deux fois plus vieux, ou plus jeunes !… Nous avons donc une philosophie de vie adaptée. Nous ne pouvons plus aller sur une tournée de six semaines et jouer tous les soirs, car nous ne pourrions plus faire nos métiers qui nous permettent de gagner notre pain. C’est pour ces raisons que nous aimons faire des concerts les week-ends, ça n’a pas besoin d’être seulement des festivals, ça peut aussi être des concerts isolés si cela nous amuse ou si nous tombons sur des endroits où nous n’avons jamais joués. Ce n’est pas une question d’argent, c’est juste pour notre amusement ou pour découvrir des endroits où nous n’avons jamais joué. Par exemple, Morgoth ne s’est jamais produit en République Tchèque, et le Brutal Assault était une bonne occasion pour jouer là-bas. Nous allons certainement faire d’autres festivals là-bas, mais nous ne pouvons simplement pas être partout. Si les gens veulent nous avoir là-bas, alors nous y jouerons avec plaisir.
Thomas : Si vous ne jouez pas en France, c’est que personne ne veut vous avoir ?
Marc : Nous étions l’an passé au Hellfest, mais cette année, je ne sais pas si c’est par un manque d’offres, mais en tout cas, rien n’est prévu cette année, mais c’est sans doute juste une simple coïncidence.
Thomas : Revenons à la musique. Vous avez prévu de sortir un live ?
Marc : Nous l’avons déjà enregistré, l’an dernier en octobre au Way of Darkness Festival. Nous allons sortir un DVD et un CD en juin.
Thomas : Avez-vous déjà une date pour un nouvel album ?
Marc : Il n’y a pas encore de date de sortie, rien ne sortira cette année, mais en 2013.
Thomas : Peux-tu résumer en un seul mot ce qu’est Morgoth en 2012 ?
Marc : En un mot, c’est difficile. En premier lieu, je dirais le plaisir. Le plaisir de jouer les vieilles chansons. De "kiffer" ce qu’on fait.
Thomas : Je vais avoir du mal à traduire ton expression, mais j’ai bien compris l’idée !
Qu’est-ce que tu souhaites pour Morgoth dans 2,3 ou 5 ans ?
Marc : J’espère qu’on va enregistrer un nouvel album qui sera bon. On va prendre notre temps, on ne veut pas une sortie hâtive juste pour pouvoir sortir un album. On a toujours travaillé lentement, on voulait juste que les chansons soient bonnes. Elles doivent l’être assez pour pouvoir figurer sur un album et nous sommes des juges sévères envers nous-mêmes ! On veut de la qualité.
Thomas : Le line-up actuel va donc rester stable ?
Marc : Oui, dans tous les cas. Nous sommes très satisfaits avec nos deux nouveaux membres. Marc (Reigne, l'ancien batteur de Destruction) est un pro, tu le sens tout de suite qu’il est classe, avec un bon timing, c’est un bon batteur quoi. Ca sera aussi passionnant d’écrire de nouvelles chansons avec lui. Il a un style qui va les influencer.
Thomas : Et maintenant, j’ai une question spontanée posée par des fans ardennais que nous avons croisé par hasard dans un restaurant ici : pourquoi avez-vous des lentilles fluos ?
Marc : Je les ai en fait toujours eu. Au début des années 90, je les avais. C’était un pur hasard. Quand je me suis fais faire des lentilles de contact, l’opticien a mis ces trucs pour voir si les lentilles collaient bien sur le globe occulaire et les a éclairé avec des U.V.. Et je me suis dit que ça avait l’air chouette, que c’était un truc pour la scène, ça faisait démoniaque. Je vais prendre ces trucs et les utiliser comme « effets de scène ».
Thomas : En tout cas, ça rend bien. Pour finir, as-tu un message à faire passer à nos auditeurs ?
Marc : Oui, en France, on a toujours eu des fans fidèles, qui savaient même apprécier l’album « Feel Sorry ». Je crois que les français ont un bon feeling pour les nouveautés et donc pour l’évolution des groupes. On a toujours eu de bonnes réactions de la part du public français, et le Hellfest aussi était super, et j’espère qu’on jouera à nouveau l’an prochain en France. J’espère que l’année prochaine, quand le nouveau disque sera là, on pourra revenir, en tout cas ce serait avec plaisir !
Thomas : Je me permets une petite suggestion personnelle, si vous avez l’occasion de vous rendre au Motocultor Festival, n’hésitez pas. C’est un petit festival très convivial et c’est certainement un bon endroit pour des gens qui cherchent avant tout à se faire plaisir sur scène.
Marc : On va le dire à Leif, que tu as rencontré au merchandising. C’est en passant le chanteur de Dew Scented et on va lui dire de suite pour qu’il puisse le noter.
Thomas : En tout cas, merci pour cette interview et j’ai hâte de vous revoir, quel que soit l’endroit !
Marc : Merci à toi !
Thomas "Orlanth"
Merci à Katarz pour les photos !