S’il parait qu’on s’assagit avec le temps, Lofofora doit être l’exception qui confirme la règle. C'est sous une fine pluie que les festivaliers accueillent sur la Stage 2 un des groupes phare de la scène metal française, j’ai nommé Lofofora. Après une prestation de Mass Hysteria bien énervée la veille, Lofo est venu prendre la relève pour montrer de quel bois il se chauffe.
Les cinq gus entament leur set en spécifiant qu’ils sont venus en métro : on reconnait d’emblée l’humour du groupe, toujours prêt à l’ouvrir pour dire une connerie. Reuno comme à son habitude harangue le public, parle entre les morceaux, et n’en rate pas une ! Qui dit concert de Lofofora, dit chanteur qui n’a pas sa langue dans sa poche. En effet, ce dernier n'est pas avare en blagounettes, de telles que « c’est dimanche après-midi, normalement on ne dit pas de gros mots… Mais on s’en branle !!! ». Même La Défense qui se dresse devant la scène est propice à arracher un petit flot d’insultes au leader.
Trêve de bavardage, Lofofora déballe ses titres, plus agressifs les uns que les autres. Le groupe est rodé, la machine de guerre est en marche, plus rien ne semble pouvoir l’arrêter. Malheureusement le son dessert un peu la prestation des Franciliens : c'est très fort et il y a manifestement trop de basse. Les conditions ne sont donc pas optimales pour profiter de ce set, pourtant généreux, que nous a concocté Lofofora. Qu’importe, le groupe s’en sort plutôt bien et la foule qui s’agite devant la scène ne semble pas contrariée outre mesure par ce détail.
Le set démarre donc sur « L'oeuf ». Un premier morceau tiré du tout premier album, pour une entrée en matière dont le fond et la forme sont aussi agressifs qu’intelligents. Le ton est donné, Reuno et ses acolytes sont là pour tout terrasser sur leur passage.
Reuno déballe ses textes enragés et engagés, avec une setlist mettant en avant le dernier album, mais pas trop. Juste assez pour pouvoir composer un joli best of et ravir un public, en grande majorité conquis d’avance par la prestation. Il n'hésite pas à s'adresser de façon directe à son auditoire, comme s'il connaissait individuellement chaque personne du public. Une proximité qui est plutôt sympathique, et parfois assez drôle.
Quoi qu'il en soit, Lofofora livre une prestation des plus honorables en ce début de troisième journée. Des titres rentre-dedans, et un public qui lui aussi, se rentre-dedans : rien de nouveau, c’est un concert de Lofofora réussi en bonne et due forme.
Mais un peu de douceur surgit néanmoins dans ce concert de brutes. Enfin douceur, tout est relatif. En effet, comme l’annonce d’emblée Reuno, « Dur Comme Fer » fait office de slow, « pour ceux qui sont venus pour pécho », explique-t-il. Ce titre apporte en effet un peu de nuance à ce set tout en puissance.
Un concert en grandes pompes pour le groupe français, ils étaient en forme, l’énergie n’est pas retombée une seule seconde, et les festivaliers n’ont pas été découragés par la météo plutôt mitigée et cette déferlante de décibels.
Photographies : © Marjorie Coulin 2016
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