Vendredi, 23:10 - Mainstage 1
Tête d’affiche de ce premier jour du Hellfest cru 2016, Rammstein est aussi le groupe qui rassemble le plus de monde sur tout le week-end (à tel point que des mouvements de foule assez effrayants se créent dès la fin du show). Les Allemands n’ont toujours pas de nouvel album en vue et reviennent donc après trois ans d’absence en France pour fêter comme il se doit les quinze ans de leur troisième album Mutter.
Force est de constater que le sextet ne fait toujours pas dans la demi-mesure et redouble même d’effets pyrotechniques, à tel point que la tyrolienne, nouvelle attraction du festival a dû être annulée pour l’ensemble de la journée. Après un compte à rebours, l’intro du nouveau titre « Ramm-4 » résonne dans les enceintes et les deux guitaristes Richard Z. Kruspe et Paul Landers descendent doucement depuis des plateformes surélevées en jouant le riff d’introduction. Morceau un peu particulier puisque les paroles sont uniquement constituées de titres de chansons liés pour raconter une histoire, un peu à la manière de Megadeth sur le titre « Victory » de Youthanasia. Laissant la part belle aux chœurs, le titre s’intégrera peut-être au futur successeur de Liebe Ist Für Alle Da.
Le début de concert est assez original avec notamment « Hallelujah », plus jouée depuis 2002 et qui ravit les fans de longue date. A partir du cinquième titre, « Keine Lust », Rammstein se concentre sur la ribambelle de tubes connus de tous qui compose sa discographie. Le public se réveille alors définitivement pour reprendre en chœur les refrains de « Feuer Frei! », « Du Riescht So Gut » ou « Ich Will ». Un petit mot sur le son, dans l’ensemble très bon et surtout incroyablement puissant pour bien mettre en valeur la lourdeur des guitares ainsi que la batterie de Christoph Doom Schneider. Cette puissance transforme même certains morceaux, les riffs clôturant « Hallelujah » prenant presque une connotation stoner doom !
Comme toujours chez Rammstein, la prestation est calée au millimètre près. Aucune erreur de la part des musiciens, particulièrement statiques mais c’est bien normal vu les impressionnants effets scéniques : un pas de travers et on court à la catastrophe. Alors que Paul Landers est à fond dans son personnage, posant des regards inquiétants sur la foule lorsqu’il ne joue pas, Flake ressemble quant à lui de plus en plus à un membre de Kraftwerk dans sa tenue orange. Sur « Ich Tu Dir Weh », le claviériste est martyrisé puis enterré vivant par Till Lindemann avant de ressortir en costume à paillettes argentées.
Aucune prise de parole superflue de Till entre les chansons, le groupe est totalement concentré sur l’enchaînement des morceaux. Le frontman en profite pour faire étalage de son timbre de voix si particulier sur lequel les années semblent n’avoir aucune incidence. Il faut dire que lorsque le public chante à l’unisson tous les refrains, cela aide forcément et le groupe laissera les dizaines de milliers de personnes présentes s’époumoner a cappella sur « Du Hast ».
Petite controverse à la fin de « Zerstören » alors que Till dévoile une ceinture d’explosif qui explose dans un déluge de pyrotechnie. On reconnait bien là le (mauvais) goût pour la provocation des Allemands qu’on croyait presque assagis depuis toutes ces années. Pour conclure après un rappel de rigueur, Rammstein envoie trois de ses plus grands classiques : « Sonne », « Amerika » où la scène se pare du drapeau français et « Engel », conclusion en apothéose où Till chante en lévitation.
A la fin de ce show d’une heure trente et dix-sept chansons, les musiciens tombent enfin le masque et c’est avec une émotion non feinte que Till remercie son public par quelques mots en français « Hellfest, vous êtes incroyables ». Les plus grincheux regretteront l’absence de « Pussy » ou « Bück Dich » ou encore davantage de titres du merveilleux Rosenrot mais nul doute que les Allemands corrigeront le tir lors de leur prochain passage. Maintenant que le monstre s’est remis en marche, qui sait ce qu’il nous réserve ?
Setlist :
Ramm 4
Reise, Reise
Hallelujah
Zerstören
Keine Lust
Feuer frei!
Seemann
Ich tu dir weh
Du riechst so gut
Mein Herz brennt
Links 2-3-4
Ich will
Du hast
Stripped (Depeche Mode cover)
Sonne
Amerika
Engel
Photographies : © Nidhal-Marzouk 2016
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