Dimanche, 23:40 - Altar
Certes, Black Sabbath est en train de donner son tout dernier concert sur le sol français mais la vie continue sur les autres scènes du Hellfest et notamment l’Altar où Paradise Lost est le dernier groupe à monter sur scène. Habitués du festival, les Anglais reviennent cette fois avec une promesse alléchante : jouer Gothic dans son intégralité, 25 ans après sa sortie.
On constate très rapidement que l’ombre du concert de Tony Iommi et consorts plane sur l’ensemble de la prestation de Paradise Lost, à plusieurs niveaux. Nick Holmes le comprend bien et présente d’entrée son groupe avec l’humour très anglais qui le caractérise : « Bonjour tout le monde. Nous ne sommes pas Black Sabbath ». Ce clash prévu depuis quelques semaines a du faire s’arracher les cheveux à plus d’un fan de doom à commencer par le groupe lui-même puisque Paradise Lost n’aurait sûrement jamais existé sans ses ainés.
Le public semble également avoir du mal à choisir son camp. La tente est bien remplie lorsque « Gothic » ouvre le set mais on va rapidement assister à une désertion massive, très certainement de la part de spectateurs ayant décidé de couper la poire en deux. A partir de la moitié du set, on circule donc plutôt confortablement sous l’Altar et la liberté de choisir son placement est plutôt appréciable.
Car quoi qu’on en dise, le concert donné par Paradise Lost est de très bonne facture. Une fois n’est pas coutume, le son sous l’Altar est très bien réglé et permet de bien distinguer tous les musiciens ainsi que les nombreux samples de claviers et de chant féminin. Le style joué s’éloigne radicalement de la discographie récente de la formation et c’est surtout l’occasion d’entendre à nouveau Nick Holmes growler pendant un concert entier. Ceux qui ont été témoins des performances de Bloodbath ces derniers temps n’avaient guère de doutes sur le sujet mais le frontman est une nouvelle fois parfait du début à la fin. Il n’hésite pas à invectiver souvent son public, sans doute un peu fatigué après trois jours de festival.
A l’écoute de cette pierre angulaire du metal gothique jouée en entier, on comprend pourquoi Paradise Lost est devenu le groupe qu’il est aujourd’hui. Rien à voir avec l’orientation plus rock d’albums comme One Second, ici tout est sombre et délicieusement déprimant. Les conditions sont parfaites pour la restitution live, avec notamment de très jolis lights qui donnent une saveur toute particulière à la performance. Tout le monde sur scène est au diapason et ne commet aucune erreur notamment le très jeune batteur Waltteri Väyrynen qui impressionne du haut de ses 21 ans.
Seul petit couac d’ambiance, le backdrop est toujours à l’effigie de The Plague Within dont quelques titres seront joués pour conclure le set. Intelligemment, le groupe se concentre sur les titres les plus doom de ce dernier comme « No Hope In Sight » ou « Beneath Broken Earth » pour que la transition se fasse en douceur. Malheureusement lors de ce court rappel, la qualité du son se dégrade et quelques larsens viennent perturber les mélodies déployées par les Anglais.
Peut-être légèrement désabusé, Nick Holmes envoie un « God bless Black Sabbath » avant que le groupe ne sorte de scène. Pourtant, la performance de Paradise Lost n’aura eu strictement rien à envier à celle des géants anglais, le public resté l’a bien compris et acclame longuement les six membres lors du salut. Une superbe manière de conclure un festival tout en échappant à la foule de la mainstage 1 !
Setlist :
Gothic
Dead Emotion
Shattered
Rapture
Eternal
Falling Forever
Angel Tears
Silent
The Painless
Embers Fire
No Hope in Sight
Beneath Broken Earth
Photos : ©2016 Thomas Orlanth
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