We don't need another hero...
Sorti hier lundi 26 mars chezSPV/Steamhammer
Ce groupe nous donne l'occasion de retrouver l’insatiable Michael Voss, souvenez-vous, le compère guitariste de Gary Barden en solo, également producteur réputé dans le circuit hard mélodique (nous vous parlions il y a peu d’un certain Vengeance…), ainsi que "mercenaire" à ses heures perdues (on le retrouve actuellement dans la nouvelle formule du Michael Schenker Group pour lequel il assure le chant, avec en point d'orgue l'enregistrement d'un Temple of Rock collégial de très bonne tenue publié à l'été dernier).
Parmi ses innombrables projets (Silver, Demon Drive, Casanova, Bonfire et autres Wolfpakk), on retrouve également Mad Max, résurgence de l'un de ses tout premiers groupes dans les années 80 (donc, oui, le clin d'œil un film était entièrement délibéré!), un combo de hard/heavy mélodique avec une pointe d'influences glam/hair metal (mais pas pour autant « Cage aux Folles » à la manière de la scène US qu’ils convoitaient pourtant…) et de la NWOBHM, comme il en existait alors à foison - tombés depuis dans l'oubli.
La formation se démarquait cependant par un aspect AOR/FM qui ne ferait que s’accentuer (qui revêtirait en outre brièvement des contours plus "white-metal" avec l'influence tant musicale que lyrique d'un certain Stryper), mais contrebalancé toutefois par la place prépondérante laissée aux riffs de guitares musclés et aux leads mélodiques endiablées, la paire complémentaire Voss/Jürgen Breforth se révélant aujourd'hui avec le recul comme l'une des plus affûtées à avoir émergé de cette scène.
Retour au XXIème siècle -le groupe avait déjà amorcé son come-back à l'aube des années 2000 mais avait surtout enclenché la ‘marche rapide’ à partir de 2006-, la dernière offrande de Mad Max en date avait pris la forme d’un Welcome America (2010) plus 'soft' et contemporain, davantage marqué par les mid-tempos, ballades et mélodies "popisantes" (voire ‘radiophoniques’ façon Green Day ?!).
Autant le dire tout de suite, ce n’est point le cas cette fois-ci avec ce délicieux ‘retour-en-arrière’ (mais pas une régression pour autant…) vers un disque stylistiquement "daté" certes, mais pas ringard non plus et même tout à fait actuel si l’on s’en tient à la production, claire mais tout ce qu’il y a de plus costaud et respectable. Et surtout à l’attrait ‘catchy’ et même festif des plus contagieux!
Pour la petite histoire, il s’agit d’un album « clin d’œil » à un autre de leurs opus (avec exactement le même line-up) sorti il y a 25 ans, Night of Passion premier du nom donc, considéré comme un de leurs meilleurs et assurément le plus accrocheur et « commercial » de leur discographie de l’époque (quand bien même le groupe pouvait se targuer de n’avoir pas eu recours aux claviers et aux ballades sirupeuses pour l’occasion).
Pour vous décrire au premier abord les atours de ce Another Night of Passion, je dirais qu’on ressent aujourd'hui plus que jamais la parenté avec l'école musicale du "poto" Michael Schenker. Proche en effet au niveau du son de gratte du plus efficace des MSG de la grande époque ou éventuellement d'un UFO à son apogée (dans sa mouture renforcée par l'Homme à la Flying V s'entend, même si l’ère ‘Vinnie Moore’ a su conserver cet héritage), voire du Scorpions du frangin dans l'impact produit, notamment au niveau des leads (le 'groove' rythmique de l'efficace "Welcome to Rock Bottom" -qui commence par des chœurs dignes d'un Lordi!- rappellerait également un peu celui d'un "The Zoo" en un poil accéléré, tandis que "Rocklahoma" regorge de réminiscences éhontées et de la puissance de feu d'un "Dynamite"), ce Mad Max s'avère pourtant musicalement bien plus riche, subtil et bien ficelé qu'il n'y paraîtrait lorsqu'on le creuse un peu.
Car on y retrouve en grande partie du hard mélodique donc -et même ‘ultra-mélodique’ jusqu’au FM encore une fois, disons-le tout de suite -, mais également une énergie, des chœurs et des refrains qui renverraient plutôt au glam juvénile burné des vieux Mötley Crüe (moins sauvage que les premiers essais de ces derniers, tout de même) et du premier Skid Row (mais sans les ballades!). Les plus jeunes d'entre vous y retrouveront peut-être plutôt un poil de la "nouvelle" école actuelle type Blackrain et autres Crashdiet...
Saupoudrez le tout par intermittences de quelques pincées éparses (mais bel et bien là) de bon gros 'heavy' dans le grain des gratte sur certaines rythmiques "hachées-menu", dignes du bon métal germain hargneux de l'époque (sur les couplets de "The Chant" on penserait même à Accept, quand "Metal Edge" et sa basse 'stroboscopique' par moments, lui, est lui aussi un sacré appel au 'headbang' –pensez aux intros du "The Prisoner" de Maiden ou de "Mother Mary" de UFO en plus lourdes et abrasives et vous aurez une petite idée de la chose…), ajoutez à cela l'impact fédérateur et "bombastique" d'un Pretty Maids qui ferait se lever les foules, et enfin ce petit côté FM donc (peut-être davantage à mettre sur le compte de l'héritage de Casanova, l'autre groupe plus orienté hard AOR encore que Voss mit sur pied dans les 90's), accrocheur et délicieusement -ou pas, cela variera vraiment selon les auditeurs- "cheesy" dans certaines mélodies et refrains encore une fois, proches cette fois de la scène américaine « permanentée » sous le Président Reagan (heu, c’est une image hein…), celle des vieux Dokken ou Bon Jovi donc (les intonations vocales de Michael Voss étant certes à la base déjà bien extravagantes, nasales et maniérées, mais par contre jamais minaudées pour autant et bien au contraire le bougre envoie bien souvent "du bois" comme on dit), ou bien encore Def Leppard, mais le tout encore une fois avec de bonnes grosses guitares (selon les normes des 'eighties' s'entend) et sans claviers ou postures mielleuses, je vous rassure!
Vous obtiendrez alors un mélange pas du tout bancal et qui tient d'ailleurs autant la route que les fiers choppers, quads et autres grosses cylindrées de Mad Max -le film-, à condition bien entendu d’accrocher à ce type de voix (pensez aussi à un Vince Neil en moins limité...) et de ne pas être allergique aux glorieuses 80's dans toute la grandeur décadente de leurs clichés!
Car comme signalé en préambule, voilà un album très "daté", figé dans le temps et dans l'esprit près de 3 décennies en arrière, et qui rebutera de ce fait bon nombre d'auditeurs en 2012 au regard des canons et standards d'aujourd'hui. Mais cette prod' bien gonflée et 'larger-than-life' comme il se doit suffira allègrement à faire passer la pilule pour les détracteurs les moins acharnés.
Et ce Another Night of Passion, aussi peu original soit-il, n'en reste pas moins homogène et bien mené (les titres, indubitablement, font mouche), et n’est pas pour autant rébarbatif et dénué de surprises. Pour preuve les deux titres très festifs qui débutent cet album : le remuant "Rocklahoma" déjà évoqué (hommage explicite à un festival américain du même nom dont le groupe garde apparemment un bon souvenir) au refrain teinté de 'vibe' "country" métallique (rien à voir pour autant avec le Buck Satan d'Al Jourgensen!^^), voire de générique de vieille série TV ou de comédie musicale déjantée ; puis ce "40 Rock", entre vieux Saxon, le Mad Max des origines pour le coup et un 'feeling' à la Whitesnake voire Thin Lizzy (si, si!), ne peuvent tous deux qu'enthousiasmer et rassurer sur ce point, tout comme le ‘speedé’ et joyeux "Black Swan", avec les seules traces d’électronique sur cet album, ces petits sons synthétiques ‘happy’ très ‘Helloweeniens’ dans l'âme et du plus bel effet… A l’inverse, zappons ce "Back and Alive" -et son entame en "faux live"- plus faiblard et anecdotique, qui aurait vite pour effet de faire retomber le soufflé.
Point de ballades à proprement parler ici en tout cas -les Teutons l'avaient eux-mêmes déjà annoncé à l'occasion de la promo de ce disque- , et c’est tant mieux (quand bien même le groupe excellait également dans ce style jadis), mais signalons tout de même un "Fallen from Grace" (co-écrit et cela s'entend avec un certain Don Dokken...), plus recueilli et émotionnel, et qui commence (comme ce "The Chant" entraînant qui en revanche débute et s'achève sur des psalmodies orientales plus proches d'un délire d'Eric Judor mais passons ^^) sur de somptueux arpèges et leads dignes du Queensrÿche des "duettistes" Wilton/Chris DeGarmo (putain, reviens "sur terre", mec... -NdlR: le guitariste ayant quitté la musique pour devenir pilote de ligne, à l'inverse d'un Bruce Dickinson qui, lui, a tenu à concilier ces 2 carrières) sur le Operation : Mindcrime, avant d'alterner savoureusement les passages doux/énervés ; ainsi qu'en outro le délicieux et sensuel instrumental "True Blue" - et sa 'lead' de guitare de "lover" - qui pourrait passer en fond de n'importe quelle scène d'amour au cinéma (voire dans un épisode de "Melrose Place" ou de "Sous le Soleil" mais là ça va refroidir les ardeurs...), qui surtout tombe un peu comme un cheveu sur la soupe en fin d'album mais vient conclure un Another Night of Passion "étonnamment" remarquable, marquant et même somme toute rafraîchissant. Comme quoi...
Comme quoi les Mad Max n'ont quand même pas usurpé leur appellation et sont donc quelque part des 'warriors'. Pas à la Manowar, non, mais menant, à l'instar de Mel Gibson dans la fameuse saga futuriste et anarcho/post-apocalyptique du même nom, un combat pour son essence... Oui, on peut encore affirmer qu'on joue cette musique-là en 2012, et s'affirmer en tant que musiciens de talent dans ce registre sans avoir à en rougir. Sacrée leçon en définitive que cet album qui ressuscite avec brio l’esprit des 80's sans que ça ne sente le sapin, et qui, s'il ne s'écoutera pas tous les jours, sera appelé à vieillir bien mieux que les opus de l'époque, même si certains seraient à réhabiliter aujourd'hui (outre le Night of Passion de référence même s'il s’avère plutôt inégal à mon goût, on recommandera surtout le décrié premier album de 1982 -avant l'arrivée de Voss-, Heavy Metal -que l'on trouve aujourd'hui réédité sous le simple nom de Mad Max- , ou encore le Stormchild de 1985).
Ce Another Night of Passion a au final bien plus d’allure et de muscles que son grand frère à qui il reprend davantage la « formule » du parti pris donné à l’efficacité, et gageons qu’il sera promis à une postérité plus confortable. Le seul lien ancestral entre l’œuvre présente et celle du passé résiderait en la petite reprise de Sweet de rigueur (ici, un "Fever of Love" sans trop de surprises), qui avait déjà eu cours à l’époque ("Fox on the Run")...
Allez, à soutenir donc lors de leur tournée européenne à venir, aux côtés d'Axel Rudi Pell comme ils en sont coutumiers. Ambiance nostalgique et bon enfant de rigueur dans la fosse, on imagine... De quoi passer à la fois une "nuit de folie" et « au-delà du Dôme du Tonnerre », tadadiiiiin !!
M'en vais de ce pas ressortir pour l'occasion la "veste à patchs" de Tonton...
LeBoucherSlave
7,5/10
NB: La version digipack renferme un second CD 'live bootleg' d'époque.
A ce prix-là, on aurait tort de s'en priver. Une initiative à saluer, donc! Des 'warriors' je vous dis...