Samedi – 14h20 – Altar
Cattle Decapitation fête cette année ses vingt ans d’existence. Et quoi de mieux qu’un concert au Hellfest en guise de célébration ? Alors que The Anthropocene Extinction, dernier brûlot écologique du combo américain, a reçu un bon accueil à sa sortie l’année dernière, c’est bien sur scène que Cattle Decapitation souhaite récolter tous les suffrages.
Un immense backdrop à l’effigie de la pochette militante du dernier album peut être observé avant que le quintet de San Diego (un second guitariste accompagne le groupe sur cette tournée) ne monte sur scène. Dès l’arrivée de Travis Ryan (chant) et ses musiciens, on sent que le groupe ne compte pas faire dans la dentelle pour dénoncer les dérives de la sur-consommation et leur impact sur notre planète. C’est « Manufactured Extinct » qui se charge d’ouvrir les débats. La violence de la musique est bien mise en avant par les riffs de Josh Elmore. Avec son grind/death aux structures complexes mais toujours rapides, le combo marque des points dans le public des premiers rangs, qui en profite pour mosher et headbanguer aux rythmes des compositions.
« Circo Inhumanitas », autre extrait de The Anthropocene Extinction enfonce le clou et si la batterie de David McGraw sonne bien trop trigguée, le chant de Ryan est varié entre growl gras et scream typiquement grind. Le nombre impressionnant de riffs différents au sein des compositions semble prendre le public par surprise, qui admire sagement la prestation, pendant que les premiers rangs semblent déchaînés.
On regrette que le groupe (et principalement son leader) ne communique pas plus avec le public, mais durant toute la durée du set, Travis Ryan fera preuve d’énormément d’énergie et d’implication, arc-bouté sur les retours. Musicalement, le groupe est carré et joue parfaitement sa partition, ce qui impressionne d’autant plus étant donné la complexité des titres. Les blasts de McGraw donnent cet aspect rouleau compresseur au death/grind de Cattle Decapitation et évoquent immédiatement le style pratiqué par leurs compatriotes de Dying Fetus.
Cependant, au fil des minutes, la violence des compositions laisse place à un léger ennui, car le mur du son qui écrase les festivaliers manque de variations dans les rythmiques, toujours pied au plancher. C’est ainsi que lorsque sonne la fin des quarante minutes de set, le public harassé par une telle prestation, peut enfin souffler et se remettre de ses émotions. Cattle Decapitation est d’une efficacité redoutable sur scène, c’est un fait, mais la durée du set était idéale pour ne pas succomber plus que de raison à la fatigue accumulée.
Les festivaliers ayant loupé cette prestation pourront assister à trois séances de rattrapage car les Américains seront de retour en France pour trois dates au cours du mois prochain. Et il n’y a pas de doute, la brutalité sera bien présente, encore une fois.
Photographies : © Thomas Orlanth 2016
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