Samedi – 12h20 – Mainstage 1
Un concert de Loudness en France, c’est forcément un événement. En effet, ce n’est que la troisième fois en trente-cinq ans de carrière que les Japonais se produisent en terre gauloise. Et surtout, leur dernière venue remonte à 1986, lorsqu’il foulaient les planches du Zénith de Paris en ouverture de Saxon, alors au sommet de leur gloire. Impossible donc pour nous de manquer ce moment de pur heavy, qui promettait d’être grandiose !
D’entrée, les Japonais ne trompent pas leur monde : on a affaire à du heavy pur jus, et tout respire les années 80 dans ce que l‘on voit et entend. Le son est excellent dès le début du set – ce qui ne durera malheureusement pas – et sert le gros riff baveux à la sauce JCM-800 qui mène la cavalcade du titre d’introduction, le chimérique "Crazy Nights". On remarque aussi avec plaisir que le frontman Minoru Niihara est en grande forme vocale, en plus d’afficher un large sourire et une motivation à toute épreuve.
D’ailleurs, sur "The Sun Will Rise Again", le chanteur emploie une voix à la Rob Halford tout à fait remarquable, qui le fait monter dans les aigus de façon aussi efficace que bluffante. Le tout est profondément ancré dans les années 80, mais ne semble curieusement pas daté, ni caricatural, contrairement à ce que l’on aurait pu craindre. Même l’introduction de la ballade "Heavy Chains", clichée à souhait, est d’une efficacité redoutable et emporte le public avec elle.
Forcément, avec trente minutes de set, Loudness ne peut piocher dans tous les volumes de son répertoire, qui contient pas moins de, tenez-vous bien, 26 albums studio ! Pourtant, le groupe fait au mieux, et ce sont cinq albums qui sont représentés : ils font tous partie des premiers classiques du groupe. Le titre le plus récent joué date en effet de 1987, ce qui prouve que les Japonais ont bien compris ce qu’attendaient les fans à qui ils manquaient depuis de nombreuses années.
Le groupe est très bien calé, et on ne trouve rien à redire, techniquement parlant : les riffs assassins se succèdent sans anicroche, et les membres font preuve d’une cohésion aussi grande que leur joie de faire face à une foule de Français relativement dense, au vu de l’heure matinale. En parlant de matin justement, il semble que le décalage horaire pèse encore un peu dans l’esprit du vocaliste, qui répètera plusieurs fois "ce soir" dans ses interventions : hilarant à chaque fois, surtout que l’intéressé ne semble même pas relever !
Au niveau de la guitare, c’est du solide de bout en bout, mais on pourra reprocher à Akira Takasaki de tomber trop facilement dans l’astiquage de manche, notamment sur son plan de tapping à la fin de "The Sun Will Rise Again", qui tend vers la parodie : heureusement, la conclusion du morceau se fait sur une partie vocale a cappella qui met tout le monde d’accord, et fait oublier ce léger travers. Une ou deux petites imprécisions sont à signaler au niveau de la grosse caisse de Masayuki Suzuki, mais sinon le Nippon fait montre d’une régularité exemplaire : l’autoroute !
Malgré le son qui se dégrade en fin de set - la faute à la désormais habituelle tendance de l’ingénieur façade à monter peu à peu la basse et la grosse caisse -, Loudness termine par un baroud d’honneur sans équivoque, avec "S.D.I." : le riff presque thrash nous enfonce un peu plus dans la pelouse, et confirme ce qui était déjà une évidence depuis trente minutes environ : Loudness mérite sa réputation, et on leur interdit d’attendre trente ans de plus avant de repasser par chez nous !
Setlist :
Crazy Nights
Heavy Chains
The Sun Will Rise Again
Crazy Doctor
@Unknown
S.D.I.
Photographies : © Nidhal Marzouk 2016
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