Dimanche – 14h20 – Valley
Qu’on se le dise, la dark folk a le vent en poupe, avec des artistes comme Chelsea Wolfe qui sont littéralement éjectés de l’underground pour le plaisir des masses, grâce à son incorporation dans la BO de Game of Thrones. La présence de King Dude au Hellfest en est une preuve de plus, mais elle marque aussi la volonté du festival de s’étendre à d’autres styles non métallisés. Restait à savoir si le Dude allait arriver à convaincre sur scène.
De fait, après trois jours de festival à se faire violenter les esgourdes par les guitares distordues, une petite pause sans metal est on ne peut plus bienvenue. Cette fois, King Dude n’est pas seul avec sa guitare folk, mais accompagné d’un groupe, ce qui donne évidemment un côté plus énergique et rock à sa musique.
On peut apprécier qu’une fois de plus, le son soit excellent sous la Valley. On entend donc aussi bien la guitare du Dude que son chant, son claviériste ou les lignes rythmiques suaves de sa bassiste. Seul le batteur fait un peu de peine ici, avec un jeu de batterie clinique et froid comme un iceberg, à tel point qu’il pourrait sans mal se faire remplacer par un séquenceur. Un choix qui se justifierait d’autant plus que certaines compositions jouées évoquent clairement le rock gothique des Sisters of Mercy. Mais que voulez-vous, un batteur, ça en jette plus visuellement !
De fait, la musique jouée est assez creuse, sans réel relief ni originalité. Heureusement, le clavier ajoute une touche supplémentaire vraiment appréciable. Très clairement, c’est le charisme du Dude et sa voix qui font l’essentiel de l’intérêt du concert. Cette dernière est très grave et a, il faut le reconnaître, un charme certain. Le chanteur révèle d’ailleurs une belle polyvalence vocale, avec son chant qui devient parfois très rocailleux, donnant un climat différent à la musique.
Mais entre nous, suffit-il de chanter sur le Diable et l’occultisme pour avoir une musique sombre ? La réponse est non. Les aînés de King Dude que sont Johnny Cash et Leonard Cohen n’avaient pas besoin de cela pour avoir des compositions pétries de noirceur et de mélancolie. Ici, on a presque l’impression d’être face à un exercice de style forcé. Ce concert de King Dude était donc agréable en tant que parenthèse de quarante minutes hors-metal, mais il n’est pas certain qu’il aurait convaincu sur un créneau plus long.
Photos : © 2016 Lionel / Born 666
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