Batavi, voilà un nom d’album qui annonce bien la couleur. Pour leur troisième album studio, les six néerlandais de Heidevolk ont choisi d’affirmer une fois encore leur fierté patriotique. Passionnés par l’histoire des provinces de Hollande, les vikings folkeux bataves ont donc livré, le 2 mars dernier chez Napalm Records, le troisième volet de cette saga mythologique qu’ils aiment à nous faire partager.
Quand on dit « partager », c’est manière de dire. En effet, comme à leur habitude, les deux frontmen Joris Boghtdrincker et Mark « Bockting » Splintervuyscht chantent exclusivement dans leur langue maternelle… autant vous dire qu’on n’y pane pas grand-chose ! Ceci étant dit c'est bien là l’élément le plus caractéristique du groupe. Par ailleurs, ce chant polyphonique, très mélodique, est une affaire rondement menée d’un bout à l’autre de l’opus, bien qu’il soit parfois un peu monocorde et confiné dans une gamme de notes un peu trop restreinte. Le chant est résolument l’élément le plus folk de la musique d’Heidevolk, et passe au fil de l’album par tous les domaines inhérents au genre : très martial sur le premier morceau « Een Nieuw Begin », violent et descendant dans les growls sur « Het verbond met Rome », il sait aussi se faire plus mélancolique sur un « Wapenbroeders » et un brin mystique à l’occasion de l’inspiré « In het woud gezworen ».
Les deux guitaristes Sebas « van Eldik » Bloeddorst et Reamon Bloem Bomenbreker, font le job dans le plus pur style viking, débitant les notes à très grande vitesse comme le font leurs collègues d’Amon Amarth. Le coup de médiator, sec et d’une précision chirugicale, n’est pas sans rappeler parfois les riffs old school d’Accept. Cependant, ici encore l’originalité fait un peu défaut, et on a souvent une impression un peu frustrante de déjà entendu. On serait même tenté parfois de se dire « tiens, mais le CD est revenu au début ?! » Et ce, même si les deux gratteux travaillent fort bien ensemble, passant à l’occasion par des mélodies black assumées (« Als de dood weer naar ons lacht ») et offrant à l’auditeur quelques belles plages instrumentales (« Als de dood weer naar ons lacht », « In het woud gezworen »).
La traditionnelle et folklorique ballade instrumentale acoustique, « Veleda », à laquelle nous ont déjà habituée les Suisses d’Eluveitie, détend les tympans en sixième piste de l’album, là encore sans parvenir à proposer quelque chose de très nouveau. Il faut enfin signaler la bonne prestation du batteur Joost « Westdijk » den Vellenknotscher, qui, non content d’assurer le rôle d’un énergique métronome, parvient à faire jouer toutes les sonorités de sa batterie, jusqu’à donner à son jeu une véritable musicalité qui enrichit agréablement la musique de ses cinq camarades.
Sans faillir complètement à sa tâche, Heidevolk pêche sur ce Batavi en se contentant d’à peine plus que le minimum vital. Une performance bien ficelée, un chant original et des musiciens de qualité… les Dutch ont tout ce qu’il faut pour réaliser un gros coup et s’imposer sur la scène folk et viking, à condition de se racler un peu plus la soupière dans leurs prochaines livrées ! Car en l’occurrence, la galette a pour elle l’avantage d’être assez courte, avec neuf morceaux seulement, mais grand bien lui (et nous) en fasse. Car, osons le dire, si Batavi eût été plus long de deux ou trois pistes, il eût fini par nous emmerder !